Pov Ava
Tandis que j'arrivai en boitillant à hauteur de Kenny, la porte que je croyais encore verrouillée s'ouvrit et laissa apparaître un homme au visage long et émacié, orné d'une barbiche. Des cheveux noirs de jais légèrement ébouriffés retombaient en mèches sur son front. Avec surprise, son regard fit quelques allers retours entre Kenny et moi, avant de jeter un œil circonspect au reste de la pièce, cherchant à comprendre ce qui se tramait ici. Mon sang ne fit qu'un tour.
- Au secours ! , m'écriai-je. Le commissaire ! Il a tiré sur ...
Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que Kenny était déjà sur moi, plaquant une main vigoureuse sur ma bouche. Je tentai de me débattre, balançant mes coudes en direction de ses cotes et poussant des grognements rageurs. En vain. Je réussis seulement à dégager ma bouche une fraction de seconde, juste assez de temps pour m'écrier :
- Traître !
Aussitôt la main impitoyable du commissaire se repositionna sur mes lèvres, plus fermement encore. Je tournai un regard implorant vers l'homme ... qui était lentement en train de refermer la porte derrière lui. Je notai au passage qu'il ne portait pas l'uniforme des Forces d'Intervention mais celui de la police de Trost. L'inconnu me lança un regard ahuri d'abord, puis un rictus releva le coin de ses lèvres.
- Merde ! Je suppose que ça fait aussi de moi un traître alors, commissaire ? , dit-il d'un ton railleur.
Kenny s'esclaffa dans mon dos :
- C'est bien ce qu'on dirait.
Non !
Sidérée, mon sang se figea dans mes veines. Je refusai d'y croire. Je refusai de croire que ce type, dont l'apparition m'avait gonflé d'espérance, était de mèche avec Kenny. Tous les scénarios qui avaient surgi en moi tandis qu'il avait passé le seuil de la porte, tous ces happy ends que j'avais appelé de mes vœux, se fracassèrent instantanément au contact de cette révélation. C'était tout juste si je n'entendais pas le tintement sec de mes derniers espoirs se briser en mille morceaux. Quand la réalité finit de s'imposer à mon esprit dans toute sa cruauté, je pestai contre moi. Ce que j'avais pu être naïve !
- T'as eu des ennuis pour me rejoindre ? , s'enquit le commissaire.
- Aucun. Ils sont encore empêtrés avec les autres otages.
- Parfait ! On pouvait pas rêver meilleur timing.
Complètement résignée et abattue, je me figeai docilement entre les mains de Kenny. Celui-ci, constatant que je ne me débattais plus, me poussa brusquement dans les bras de son compère.
- Empêche-la de brailler trente secondes. Méfie-toi, elle est coriace.
Tandis qu'il s'éloignait de quelques pas, l'inconnu m'enfourna un bâillon de fortune dans la bouche puis s'attela à ramener mes bras dans mon dos et à les maintenir ainsi en enserrant mes poignets. Je me laissai faire sans broncher, non par soumission mais parce que je restais prostrée, comme paralysée dans un état second de profonde stupeur. J'eus tout juste la force de jeter un coup d'œil à Kenny. Ce dernier porta une main à son micro et réajusta son oreillette.
- Erwin, ici Kenny. Le terroriste a été neutralisé. J'évacue Ava. La gamine n'a rien de grave mais elle est en état de choc. Par contre Levi a reçu deux balles. J'ai fait venir mon lieutenant pour qu'il reste près de lui en attendant qu'un médecin arrive. Ça a l'air sérieux.
Quelque chose dans les propos du commissaire me tira instantanément de ma léthargie. Un sentiment d'urgence et de danger imminent gronda du fond de mon esprit.
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Sa voix
FanfictionIl arrive que la vie vous place parfois au mauvais endroit au mauvais moment. Moi, par exemple, elle m'a piégé dans le service de réanimation de l'hôpital de Trost où je travaille, prise en otage par cinq terroristes. Mais cette même vie absurde vo...