Coup de théâtre

6.7K 437 240
                                    

Pov Ava

Une sensation sur mon front me tira de l'abîme de mon sommeil. Émergeant à contre cœur, je poussai un geignement tout en m'obstinant à garder les paupières closes. A nouveau, la sensation se répéta et se fit plus précise maintenant que j'étais éveillée : une main me caressait le front.

- Hey, susurra le timbre grave d'une voix qui m'empoigna le cœur.

Dans un dernier effort, j'ouvris enfin les yeux. Levi était assis sur le rebord du lit. Sa silhouette se découpait dans la douce lumière de ce matin d'hiver.

- Navré de te réveiller mais je dois filer. J'ai rendez-vous avec la médecine du travail pour un check-up. J'en ai pour une heure et demi, grand max. Toi, tu restes là, tu te rendors si tu veux, mais tu te reposes. C'est un ordre.

Je me contentai d'acquiescer dans un petit sourire. Sa main vint de nouveau parcourir mon front pour en dégager quelques mèches en bataille.

- Si tu te lèves, fais comme chez toi. Si tu as faim, tu te sers. Mais par contre ...

- Je sais ! , le coupai-je en levant une main. Je ne dégueulasserai rien, promis.

Un rictus releva discrètement le coin de ses lèvres. 

- Je suis si prévisible que ça ? , dit-il en plantant un regard espiègle dans le mien.

Je ne sus quoi répondre tant j'étais saisie par la nouveauté de ce regard. Alors que nous nous apprivoisions réciproquement, chaque jour un peu plus, je découvrais chez lui des expressions que je n'aurai jamais pu soupçonner sous ses airs froids et taciturnes. Il y avait eu ce sourire hier soir, ce regard à l'instant ... à quoi pouvais-je encore m'attendre de sa part ? Sa main quitta finalement mon front et Levi se leva.

- Je reviens vite, lança-t-il avant de disparaître derrière la porte de la chambre.


L'esprit encore embrumé, je jetai un coup d'œil au réveil posé sur la table de chevet : 10h08. J'avais dormi plus de douze heures d'affilé ... et j'avais bien du mal à le croire. Puisque Levi m'avait ordonné de me reposer, je profitais de la demi-heure suivante pour traîner au lit. Lorsque je me sentis suffisamment fraîche et dispo, j'émergeai de la couette et me rendis dans la salle de bain pour enfiler mes affaires sèches de la veille. Il me fallut batailler sec pour redonner forme humaine au visage fantomatique qui hantait le miroir au-dessus de la vasque et qui, de toute évidence, m'appartenait. Peut-être un café aiderait-il à l'affaire ? De guerre lasse, je délaissai le miroir pour me rendre à la cuisine. Sans surprise, celle-ci était impeccablement rangée et d'une propreté à faire pâlir l'équipe opérationnelle d'hygiène de l'hôpital. Si Levi décidait de quitter les Forces d'Intervention, une brillante carrière d'hygiéniste l'attendrait au C.H.U de Stohess ! Avec lui, je ne donnais pas cher des maladies nosocomiales. Je ne pus m'empêcher de sourire à cette idée, tout en attrapant ma tasse de café fraîchement coulé. Je profitai du quart d'heure suivant pour répondre à mes messages, dont un de Bertholdt, un de Marco et un de Larry, qui demandaient tous trois de mes nouvelles suite à l'audience de la veille. Confortablement installée sur le canapé d'angle en cuir marron, je me perdis ensuite dans la lecture d'un article scientifique sur la prise en charge des traumatismes balistiques, téléchargé quelques jours auparavant pour avancer ma thèse. Il m'était devenu difficile de mener de front ce stage, le procès et la rédaction de mon mémoire. Mais, pour aujourd'hui, j'espérais que cette lecture tiendrait mes angoisses à distance en attendant le retour de Levi. Celui-ci ne tarda pas à montrer le bout de son nez fin et discrètement retroussé.

- Alors ce check-up ? , m'enquis-je tandis qu'il ôtait sa veste.

- Je suis apte à reprendre le boulot.

Sa voixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant