8h20. J'entrai dans la salle des internes, ouvrit mon vestiaire et troquai mon blazer noir contre ma blouse blanche. J'attrapai mon téléphone et mon oreillette sans fil, les glissai dans la poche de ma tenue de travail et rangeai mon sac dans le casier. J'étais fin prête pour démarrer une nouvelle journée.
Avant de rejoindre l'équipe dans la salle de soins, je vérifiai le répondeur de ma ligne directe. Deux messages m'y attendaient : l'un de la tante de Marco qui me demandait des retours de mon rendez-vous avec le commissaire, et l'autre du commissaire lui-même qui me demandait sèchement de le rappeler.
Ça attendra le début d'après-midi, mon grand !
Ce matin, comme tous les matins, je devais d'abord assister à la réunion de synthèse avec l'équipe, puis rendre visite aux patients et m'occuper de me mettre à jour dans mes compte-rendus d'hospitalisation.
* * * *
9h. La réunion de synthèse débuta avec mes collègues du jour : Thomas le grincheux et Claire, une jeune infirmière de vingt-quatre ans. Il y avait également quatre aide-soignantes, dont Gaby qui prenait sa retraite dans quelques jours. Ce matin, le Dr Stan Meyer, un jeune réanimateur, avait apporté des croissants pour accompagner notre café. L'ambiance était détendue et nous parlâmes du pot de départ que Gaby projetait de faire.
Le reste de la matinée se déroula sans imprévu, ce qui était plutôt rare ici. Je pris ma pause déjeuner, seule, dans les jardins de l'hôpital pour profiter de l'air chaud et du soleil ... et fuir l'ambiance étouffante du service. C'était une particularité de la réanimation : il s'agissait de services plutôt fermés sur eux-mêmes, autant cocons que prisons. Ne serait-ce que pour entrer, il fallait soit connaître le code des portes automatiques, soit passer par un interphone en attendant que quelqu'un vous ouvre. On ne risquait pas d'entrer là comme dans un moulin. Normalement ... Les visites, elles-mêmes, étaient très réglementées et les familles pénétraient dans le service en passant d'abord par un sas.
* * * *
13h35. Avant l'heure des visites de familles, je décidai de me rendre dans le bureau de Larry pour lui demander son avis sur un résultat d'analyse pour un de nos patients. Je remontai tranquillement le couloir, un peu assommée par la chaleur étouffante de ce début d'après-midi, lorsque tout à coup, j'entendis des hurlements et des cris stridents dans mon dos. Avant même de me retourner et de comprendre ce qui se tramait, je saisis la gravité de la situation à la détresse et à la terreur qui perçaient dans ces cris terrifiants.
Le cœur battant à tout rompre, je fis volte-face. Et je les vis.
A l'autre bout du couloir, devant les portes coulissantes et face au poste de soins, se tenaient cinq hommes habillés en noir, encagoulés et lourdement armés. L'un d'eux tenait fermement Stan contre lui, un bras autour de sa gorge et une arme contre sa tempe. Le jeune médecin était livide et flasque comme une poupée de chiffon entre les mains du terroriste. Je devinai aisément que c'était en le menaçant ainsi que ces types avaient réussi à entrer dans le service. Mes collègues, quant à eux, étaient éparpillés dans cette même partie du couloir après être sortis en trombe de la salle de soins où ils étaient réunis autour d'un café. Les quatre autres hommes s'approchèrent d'eux pour les regrouper en vociférant des menaces et en aboyant des ordres. Leurs gestes étaient brusques, nerveux, haineux. La tension était palpable et, nous le sentions tous : il suffirait d'un rien pour qu'un balle parte.
Sidérée devant la violence de ce spectacle auquel personne n'aurait jamais pu s'attendre, j'étais incapable de bouger, pas même de ciller. Mon corps était de plomb, engourdi par le choc et la terreur. Mon esprit lui-même me donnait l'impression d'un disjoncteur-disjoncté. Les plombs avaient sauté et je devais me grouiller de le réarmer ! Mais comme la procédure tardait à s'enclencher, mon instinct de survie commença à s'impatienter :
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Sa voix
FanfictionIl arrive que la vie vous place parfois au mauvais endroit au mauvais moment. Moi, par exemple, elle m'a piégé dans le service de réanimation de l'hôpital de Trost où je travaille, prise en otage par cinq terroristes. Mais cette même vie absurde vo...