Tout avait commencé à la Cité, mais les attaques avaient presque aussitôt suivi à Astras, Caméone, Mestrine, Romée, Everland, puis Galinée, et même jusqu'au Chao Ming. Une situation parfaitement hors de contrôle. Le tout en à peine vingt minutes d'intervalle.
Le premier ministre, visage fermé, communiquait avec ses pairs dans l'espoir de comprendre ce qui se tramait et de mettre au point une solution pour repousser les attaquants. Malheureusement, en l'état actuel des choses, cela semblait peu réaliste. Chacun faisait de son mieux.
- Les ennemis vont bien finir par s'épuiser, non ? demanda Andromède, qui observait les rues du quartier Royal depuis la fenêtre du premier ministre.
- Moui. Il y a un motif récurrent d'addition, répliqua Synabella avant tout le monde.
- C'est à dire ? s'enquit Evangeline.
- Nous, on s'épuise. Les laboratoires eux, envoient leur troupes, puis le Phoenix qu'ils ont gentiment recruté, puis le Futuro, puis Pyros, puis deux armées d'Ifraya. Un peu plus de monde à chaque attaque. Ils font tout pour garder une constance, voire monter en nombre.
- Alors on est foutus ?
- Je n'ai jamais dit ça. Certes, ils font tout pour qu'on s'épuise avant eux, mais on n'est pas stupides non plus. Et puis je suis sur le coup.
Le premier ministre arqua un sourcil et se pencha vers la tablette de Synabella – elle avait pris la place sur son bureau en prétextant qu'elle en avait présentement plus besoin que lui, qui n'avait qu'à ordonner aux armées de faire leur boulot – mais elle se racla la gorge pour l'inciter à se mêler de ses affaires.
- Je suis sur le coup, répéta-t-elle, mais ça ne vous oblige pas à regarder ce que je fais comme un sans gêne.
- Je crois de toute façon avoir compris ce que tu trafiques, répondit-il. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu n'as qu'à demander.
- C'est noté.
Le Conseil des Cinq – exempt de Jeremy, qui était parti faire une course une heure plus tôt – s'échangèrent des regards interloqués, mais ne posèrent pas de questions. Ils avaient confiance en Synabella.
Evangeline s'assit à même le sol à côté d'Etan, qui regardait l'heure affichée à son téléphone avec nervosité. Tomas, lui, rejoignit Andromède à la fenêtre.
- J'espère que Jeremy n'a rien, dit Tomas. Ça fait un moment qu'il est sorti.
- Il sait se débrouiller, s'immisça Synabella, il est grand.
- Un peu de compassion serait sans doute trop te demander, marmonna Evangeline.
- Écoutez, je dois pirater le réseau informatique du Chao Ming, le réparer et reprogrammer l'intégralité de leur robots, le tout en moins de trente minutes, en plus de tout ce que je dois faire à côté pour que les laboratoires s'en mordent les doigts. Si vous croyez que j'ai le temps de m'apitoyer sur le sort des autres, c'est que vous êtes malencontreusement tombé dans la dimension d'à côté.
Elle avait prononcé ça d'un ton monocorde, les yeux rivés sur l'écran de la tablette où ses doigts ne cessaient de taper.
- Dans ce cas ne t'invite pas dans notre conversation et gère tes affaires, répliqua Evangeline.
- Ce serait moins drôle, quand bien même je peux faire trois choses en même temps. Tant que ça n'inclut pas de pleurer pour Jeremy. Ça va flouter ma vision et j'en ai grandement besoin.
- Ben voyons.
- Essaies de pirater un réseau sans rien voir. On en reparlera.
- Je ne sais pas pirater.