Mila ne se sentait pas à l'aise du tout.
Elle avait beau savoir que des magiciens la surveillaient sans qu'elle ne se rendre compte de leur présence, elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer des scénarios où les laboratoires revenaient pour la prendre.
De plus, elle connaissait maintenant la raison de leurs agissements.
Savoir que des gens étaient en capacité de détruire son esprit pour donner son corps à une autre l'effrayait plus qu'elle ne voulait l'admettre.
Mila ne voulait pas inquiéter son entourage.
Ses parents ne cessaient de prendre de ses nouvelles, tout comme Lysandre, Eugénie et Margaux. Elle avait besoin de leur soutient, mais se sentait également étouffée entre toutes ces attentions.
Après une semaine où la ville avait peu à peu repris vie, les choses étaient revenues à la normale. Dans une certaine mesure, tout du moins. Les événements étaient encore imprimés dans les esprits de tous les habitants.
Mila esquissa quelques pas hésitants à l'intérieur du lycée. Eugénie passa un bras sur ses épaules pour la soutenir.
- T'en fais pas, Mila, on là pour botter les fesses des méchants s'ils s'approchent un peu trop de ton adorable bouille.
Lysandre approuva.
- J'ai plus d'un tour dans mon sac, plaisanta-t-il.
- Monsieur Lysandre, magicien des bacs à sable, le railla Eugénie.
- J'ai progressé, se défendit-il. Un peu.
- Bon certes, tu as retiré la magie du ciel, mais si je me souviens bien, tout le mérite revient à Elo.
- L'épée est lourde. Ce n'est pas elle qui l'a soulevée.
Eugénie pinça le bras de Lysandre.
- Eloïse est trois fois plus musclée que toi, sans vouloir t'offenser. Elle est taillée comme un dieu grec quand tu es un magnifique phasme des plaines.
Mila esquissa un sourire en les voyant se chamailler ainsi.
- Phasme des plaines ? répéta Lysandre. Phasme, d'accord, mais je ne vois pas ce que les plaines viennent faire là dedans.
Eugénie haussa les épaules.
- Mon génie est incompris, que veux-tu.
Ils arrivèrent dans le couloir principal. Malgré le flot d'élèves qui y affluait – heure de point obligeait – il aperçurent aussitôt la silhouette de Michaël qui guettait leur arrivée.
Mila sentit l'appréhension la gagner de nouveau.
- C'est sans doute rien, lui dit Eugénie. Des nouvelles du monde magicien.
- J'espère, répondit-elle, anxieuse.
Ils rejoignirent Michaël en se frayant un passage entre les autres élèves.
- Bonjour, Monsieur Zepleski, le salua Eugénie.
- Bonjour Eugénie, répondit-il. Tu as quitté ton poulpe, à ce que je vois.
Eugénie prit un air faussement offensé. Elle avait coupé la moitié de ses cheveux pour se débarrasser de la partie noire – tentative de coloration qui ne ressemblait pas du tout à son idée d'origine – et ils étaient de nouveau d'un rose fluorescent parfaitement homogène.
- Le poulpe était une erreur de jeunesse, se justifia-t-elle. Il devait partir. C'était son destin.
Lysandre rit doucement et se récolta un regard noir de la part de sa camarade.