Un couteau vola dans sa direction. Vénérios en dévia la trajectoire d'une trombe d'eau qui le projeta sur le bitume de la cour. En fond, des coups de feu retentissaient sans discontinuer.
Les chasseurs de magiciens, Lille et Londres confondus, avaient décrété qu'ils utiliseraient le lycée comme base le temps que les affrontements se poursuivraient. Cela n'avait pas plu du tout au directeur, qui avait insisté pour rester et ainsi surveiller qu'ils ne dégradent pas le matériel. C'était mal parti, mais ils n'y étaient pour rien. Les laboratoires étaient à blâmer.
Pourquoi attaquer alors qu'Eloïse et la quasi intégralité de l'Ombre était partie ? C'était gaspiller leurs forces sur un groupe d'humains. Seulement, ils avaient vite compris le but de la manœuvre.
Ils cherchaient à attraper les parents biologiques d'Eloïse.
Vénérios, accompagné d'Ilyann, le seul autre magicien en état de se battre, et de plusieurs chasseurs, tentait d'éloigner les ennemis de l'entrée du lycée. Il alternait entre sa magie Ancestrale et sa forme de Phoenix. Ilyann, à ses côtés, peinait à suivre le rythme. Il détestait combattre. Heureusement, les laboratoires n'avaient pas envoyé leurs meilleurs éléments.
- L'un d'eux est entré ! cria un chasseur.
Vénérios se retourna. Une fenêtre avait été brisée et un magicien de petite taille s'était engouffré dans ce qui devait être un bureau.
- J'y vais ! répliqua-t-il.
Les chasseurs acquiescèrent et resserrèrent leurs rangs. Vénérios, entouré de son armure d'eau de Phoenix, s'envola et passa à travers la fenêtre à son tour. Le CDI était supposé être gardé, mais il suffisait que l'ennemi évite les premières balles et s'immisce parmi les civils pour que les humains se retrouvent dépassés. Or, ce n'étaient pas Lysandre ou Michaël qui allaient pouvoir les aider.
Vénérios rattrapa le magicien alors qu'il parvenait aux portes du CDI. Il le repoussa sur le côté d'un jet d'eau et se laissa déraper sur le carrelage jusqu'à s'arrêter devant la porte. Il suffisait que l'ennemi se relève et...
Gagné. Le magicien croisa le regard de Vénérios une courte seconde, ce qui lui donna l'occasion de lui effacer copieusement la mémoire. L'ennemi s'effondra en se tortillant. Vénérios y était peut-être allé un peu fort. Il risquait de ne pas se rappeler son propre prénom.
Il repoussa le mal de crâne carabiné qu'il s'était créé lui-même et entra dans le CDI. Les humains, entourés par une partie de la division lilloise des chasseurs de magiciens, étaient confinés au centre de la large pièce, et plusieurs étagères avaient été déplacées pour rendre plus difficile l'accès à leur position. Vénérios contourna le dispotif en se frottant les tempes et les rejoignit.
Vincent, les chef des chasseurs de Lille, baissa l'arme qu'il avait levé dans sa direction.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Les ennemis cherchent à entrer, expliqua Vénérios. Je surveille.
- Il cherchent la petite ?
- Mila ? Non. On les a entendu parler de la famille d'Eloïse.
Olivia et Philippe Vandeuvre se rapprochèrent. La confusion se lisait sur leurs visages. Michaël, entouré par le principal, l'infirmière scolaire et M. Manent, qui avaient eux aussi insisté pour rester, les rejoignirent.
- Comment ça ? Pourquoi nous ? demanda Philippe.
- Pour marchander, lui expliqua Michaël. Vous êtes une très bonne monnaie d'échange.