La Nature reprend ses droits

10 - Ludo

Après avoir mis le dernier cahier dans mon sac, je le ferme puis descends les escaliers. Une fois devant la porte, je crie :

– A ce soir Harmo !

Je sors et me dirige vers l'arrêt de bus. En chemin, je croise le fameux chat que je n'aime pas. Ce matin, il me regarde encore plus étrangement que d'habitude, mais je n'y prête pas attention et passe mon chemin. Quelques instants plus tard, je sens quelque chose se planter dans ma jambes. Je vois le chat s'agripper à mon jean, ses griffes le traversent et m'écorche la peau. Quelle saleté ce chat ! Je le chasse puis reprends mon chemin vers le bus, énervé.

Une fois arrivé au lycée, je fais des checks à mes amis en guise de bonjour.

– Comment ça va, poto ? me sort l'un deux.

– Pas mal, pas mal..., dis-je.

– Content de revoir Célia ? me demande un autre.

Célia, merde, je l'avais complètement zappée ! Elle m'était sortie de la tête. Elle ne m'a pas manqué... Oh non ! Elle va me faire la gueule, je ne lui ai pas envoyé un seul message durant ces trois jours...

– Ouais, carrément mec ! dis-je d'un ton faussement enjoué.

– Monsieur Satinelli, pouvez-vous répondre à la question de votre camarade ? me demande la prof d'histoire.

– Euh... Oui, il faudrait qu'il parle juste un peu plus fort pour que je l'entende, je réponds, ironique.

La classe entière commence à rire, ce qui énerve la prof.

– Bien, reprenons s'il vous plaît, demande la prof.

J'arrête de faire l'idiot et me reconcentre.

Drriiiiiiiingg

Enfin la sonnerie, je rassemble mes affaires puis me lève, pressé de sortir. Mais une voix me stoppe dans mon élan :

– Mr Satinelli Ludovic !

– Oui ?

– Venez me voir !

Je me tourne et vois ma prof énervée.

– Votre comportement est à revoir, me dit la professeure d'un air accusateur.

– Bien madame. Bonne fin de journée.

– Ce n'est pas attendu de la part d'un Jeune Sapeur Pompier, dit-elle en appuyant sur ces derniers mots.

Je lui tourne les talons et sort de la salle avec empressement. A ce moment-là, une personne m'enlace.

– Ludo, mon cœur, on peut passer la soirée ensemble ? demande une voix féminine que je connais bien.

Célia. C'est ma petite copine, elle est vraiment collante mais bon, ça me permet de garder ma place de populaire.

– Euh... non... car... euh, dis-je, légèrement embarrassé.

Je dois vraiment trouver un alibi, j'ai prévu de passer le reste de ma soirée avec les Alliés Visionnaires.

– Pourquoi ?

– Euh... Je dois surveiller ma sœur...

– Prend une baby sitter, suppose ma copine.

– Ouais mais non, je dois aussi l'emmener à un rendez-vous...

– Bon OK... Passe un bonne soirée... termine-t-elle, dégoûtée.

– Ouais, c'est ça, merci !

Ouf... J'ai pu m'en débarrasser avant que quiconque me propose de passer la soirée en sa compagnie. Je me hâte de sortir du lycée. Une fois dehors, je me sens libéré. Rapidement, je retrouve Léonor, Evan et Emilien, les Alliés Visionnaires, devant l'entrée du parc des trois mages. Notre point de rendez-vous. Je m'approche et leur fait un tchek... particulier. C'est notre signe de reconnaissance.

– Alors, comment t'a fais pour te débarrasser de Célia ? me demande Emilien, amusé. J'ai vu qu'elle t'a sauté au cou.

– Ma sœur, dis-je en faisant un clin d'œil, ce qui fait rire le groupe.

Nous entrons dans le parc et nous installons sur une table de pique-nique. Elle est au fond, bien cachée par plusieurs arbres centenaires. Mieux vaut prendre toutes les précautions possibles.

Nous commençons à parler de notre journée, de l'épisode Zack, et Léo et Evan en profitent pour me reprocher mes fréquentations. Du style Célia ou Zack. Puis Evan s'exclame :

– Hé mec, c'est quoi ces trous dans ton jeans ?!

– Grave, on t'a poussé dans les orties ? continue Emilien en riant.

Et tout le groupe se mit à rire. Je ne leur est pas raconté l'épisode du chat.

– C'est ça, moquez-vous ! C'est le chat qui traîne près de chez moi qui m'a agrippé et qui m'a griffé !

– Ouaah mais c'est violent... dit Léo.

– Moi aussi ce matin ma tortue m'a mordu hyper fort pendant que je lui donnait à manger, enchaîne Emilien.

– Et mon chaton m'a littéralement agressé... continue Evan.

– Vous trouvez pas que la nature change ? je demande.

– Nona... dit Emilien dans un souffle.

Je ne crois pas que les autres aient entendu mais moi j'ai très bien compris à quoi il faisait référence. Et je dois avouer que ça m'inquiète.