La Nature reprend ses droits

13 - Evan

– Elle aimait beaucoup les fleurs et s'occuper de son jardin... ajoute Emilien.

Soudain, j'aperçois des personnes qui ne devraient pas être là.

– Les gars attention y'a Célia et Zack qui nous regardent de loin, je les préviens rapidement. Emilien, à mon avis, tu vas devoir y aller, et vite.

Coup d'œil derrière lui pour constater les dégâts.

– Oh merde ! Désolé Ludo mais faut que je raccroche. S'ils voient que je suis en train de t'appeler avec Léo et Evan à côté, je suis mal.

– T'inquiète mec, vas-y. Bon, on se rappelle plus tard ? Je vous préviens si j'ai du nouveau, termine Ludo avant de raccrocher.

Emilien nous regarde et dit avec empressement :

– Faut vraiment que j'y aille, désolé. On se reparle ce soir, après les cours ?

– C'est bon, on a l'habitude, dis-je. Puis de toute façons ça va bientôt sonner, c'est la fin de la récré.

Emilien nous remercie et part à la rencontre de ses amis.

– Bon, et ben on est de nouveau tous les deux, plaisant Léo tristement.

– Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Ils sont pas prêts à abandonner leur place de populaire pour rester avec nous, dis-je dans un haussement d'épaules.

Léonor soupire puis nous partons en direction de notre prochain cours.

Le soir, je rentre chez moi le moral à zéro. En plus, il pleut toujours autant. Heureusement, je vais revoir mes sœurs. Elles sont toujours joyeuses et je souris rien qu'en y pensant.

En passant devant chez Ludo, je les vois dans le salon, sa sœur et lui, en grande discussion avec leurs parents. Ça m'étonne. En temps normal, ils ne prennent même pas le temps de manger tous ensemble, avec leurs horaires de boulot. J'enverrai un message à Ludo plus tard, si j'y pense.

En ouvrant la porte de chez moi, je vois ma mère occupée avec ma petite sœur Luna et deux autres bébés. Juliette est assise dans le canapé, devant la télé. Je vais leur faire un bisou à chacune puis je monte dans ma chambre pour faire mes devoirs.

En peu plus tard, ma mère m'appelle pour manger. Comme d'habitude, la télé est allumée sur la chaîne des infos. Je m'installe à table et mon père sert le plat quand le commentateur commence :

« Bonjour à tous et bienvenue sur TF1, le 20H. Aujourd'hui, le journal va tourner autour d'un seul et même sujet : le climat changeant, les accidents en forêt et les catastrophes naturelles. En bref, cette semaine, la Nature s'est rebellée. Pour ce premier reportage, nous allons suivre Marc Richard et Sophie Morel, de passage au Niger. »

Lorsque le présentateur annonce que les reporters sont dans notre pays d'origine, toute ma famille, même Luna qui est née en France, écoute attentivement la suite.

– Oui, bonjour chers téléspectateurs. Nous sommes actuellement en direct du Niger où de nouvelles catastrophes se sont déroulées récemment. L'état du climat ici est bien plus alarmant qu'en France mais, comme le pire est au sud, nous pensons que le dérèglement climatique et les nombreux accidents qui s'en suivent partent du sud et remontent vers le nord. Mais avons-nous seulement raison ?

Pendant que le reporter parle, à l'écran, on peut voir une étendue de sable nigérienne balayée par les vents. Ensuite, elle est remplacée par une rivière complètement à sec. Enfin, on peut voir des habitants regroupés dans des petits villages, espérant se mettre à l'abri du vent.

« Merci Marc pour ces images. D'autres endroits inquiets de ces changements, ce sont les villes du sud de la France. Toulouse, Montpellier, Nice mais surtout Marseille subissent elles aussi de nombreux accidents tels que des branches qui se décroche des arbres, des animaux de compagnie en colère ou des pluies diluviennes. »

Sur ces mots, ma mère coupe la télévision. Je l'interroge du regard.

– On en a assez entendu pour ce soir. Finissez de manger et allez vous coucher.

Je sais qu'elle est triste parce qu'on vient de voir des images du Niger. J'ai toujours su que sa famille là-bas lui manquait. Elle a peur pour eux, je le sens.

J'acquiesce et mes sœurs en font de même. Ma mère a l'air rassurée. Elle se détend un peu et mon père lui caresse le bras doucement.

Je termine de manger puis file dans ma chambre en vitesse. Il faut que j'appelle les Alliés Visionnaires.

Une fois en haut, je cherche mon téléphone puis tente un appel de groupe. C'est d'abord Léonor qui décroche :

« Allô, Evan ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Puis c'est au tour d'Emilien de rejoindre la conversation :

– Hey, c'est quoi cette histoire ?

Enfin, Ludovic arrive et lâche :

– Je pars demain.

Curieux, je lui demande alors de s'expliquer.

– Mes parents trouvent que ça devient trop dangereux à Marseille, avec la mer juste à côté. Puis vous avez bien vu la télé vous aussi : le présentateur a dit que c'était ici qu'il y avait le plus de problèmes.

– Et alors, vous allez partir où ? demande Emilien d'une voix blanche.

– A Toulouse, chez ma tante.

– Oh, tu pourras voir Lycia ! intervient Léo.

– Lycia ? demande Ludo, sans comprendre de qui elle parle.

– C'est son amie d'enfance, j'interviens. Ça te fera de la compagnie quand tu seras loin de nous.

Léo et Emilien s'esclaffent à ma blague, mais pas Ludo. Il est sur les nerfs en ce moment, et ce n'est son départ qui va arranger ça.

– Mouais. Riez tant que vous voulez, je pars demain matin.

– Déjà ?! s'exclame Emilien, surpris.

– Et ouais. Tu connais mes parents.

J'entends Emilien soupirer à l'autre bout du fil.

Puis silence.

– Ludo, elle habite vers où ta tante ? demande soudain Ludo.

– Elle a un appart' place du Capitole, pourquoi ?

– Oh cool, c'est près de chez Lycia. Non mais c'était pas pour ça, se reprend Léo. Mes parents regardent encore les infos et ils disent que vers Toulouse y'a plein d'animaux qui se sont échappés de zoos. Faudra faire gaffe quoi.

– OK, merci Léo. Bon, je vous laisse, mes parents m'appellent. On doit faire nos valises, vous comprenez, soupire Ludo.

– Ouais, allez courage mec ! A plus, termine Emilien.

– A plus. »