19 - Ludo

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Après deux jours d'incarcération dans l'appart' de ma tante pour me punir de la "fuite", je peux enfin retourner chez les pompiers. J'ai réussi à convaincre Léane, en lui disant que c'est pour protéger les habitants, ce qui n'est pas faux. Mais en sortant de l'appartement, je vois bien qu'elle n'est pas rassurée. Ce qui est compréhensible car le temps s'est gâté ces deux derniers jours. Les arbres se cassent la gueule partout dans les rues de Toulouse, le soleil brûle... Plus je m'éloigne du Capitole plus je suis seul. Les passants des rues se font plus rare, je n'ai pas vu un jeune traîner dehors. Le gens viennent chercher des vivres au Capitole et disparaissent dans leurs maison jusqu'à épuiser leurs ressources.

Arrivé face à la porte d'entrée de la caserne, je contemple les mots "Sapeur Pompier". Ils veulent dire tellement pour moi. Mon équipe me manque, Nolan... Nolan était JSP comme moi, on a partagé des moments inoubliables ensembles. Par exemple, tous nos parcours de la mort, les compet', les cross, les remises de galons ou les cérémonies.

Soudain, je vois Clémentine sortir de la caserne, accompagnée d'un mec que je ne connais pas encore.

– Ah tiens, Ludovic, tu tombes bien ! me dit-elle.

– Salut, tu peux m'appeler Ludo tu sais.

– Ça marche ! Au fait, je te présente Jules.

– Yo, me salue ce dernier.

– Salut, dis-je à mon tour.

Il me fait une tape sur l'épaule et s'éloigne vers un camion. Je me tourne vers Clémentine.

– Il était ancien JSP avec moi. Ah, change toi on fait une manœuvre, me devance-t-elle alors que j'allais prendre la parole.

Puis elle part rejoindre Jules. Je remonte alors la bretelle de mon sac à dos et pousse la porte en verre. J'entre dans le même hall et emprunte le même couloir qu'il y a deux jours. J'entre dans le vestiaire, il y a un mur de casier avec des bouts de scotch nominatifs. Je me dirige vers le mien qui est tout au bout. On me l'a attribué le jour où j'ai rejoint la caserne. J'ouvre la porte grise et attrape l'uniforme.

Un peu plus tard, je sors en uniforme et me dirige vers Clémentine et Jules. Je me rajoute au cercle qui se forme autour d'une vieille voiture. Je comprend alors que la manœuvre sera de la désincarcération.

Après une longue manœuvre de désincarcération, l'équipe se retrouve autour d'un bar, un verre de jus à la main. Oui car pas d'alcool quand on est de garde ! Alors que tout le monde se pose, Jules se met à fanfaronner que dans une dizaines de jours, il aura seize ans. Il commence déjà à m'agacer. Je vois que je ne suis pas le seul à en avoir marre, vu le regard que lui jette Clémentine. Il se tourne alors vers cette dernière et lui dit :

– Hé Clem', tu viendras à la grosse teuf organisée pour mon anniversaire dans trois jours ?

– Bien sûr, mais accompagnée de Ludo, lâche-t-elle en me regardant d'un air suppliant.

Contrairement au regard que me lance Jules, qui est, disons, plus violent. Alors je réponds, hésitant :

– Oui, enfin ouais, j'veux bien t'accompagner Clém'...

– Bien évidemment que le tocard est invité aussi ! tente Jules pour se rattraper.

Après ce léger moment de malaise, le chef de centre demande un rassemblement dans la cour.

– Comme tout les midis, on va devoir faire l'appel, m'indique Clémentine.

Avant que je ne puisse répondre, le chef demande le garde à vous. Puis me demande de sortir des rangs. Il commence à lister les noms et prénoms des sapeurs pompiers morts qui ont connu la caserne :

– Caussat Jean Bernard, crit-il.

– Mort en service commandé, je réponds.

– Massat Stéphan.

– Mort en service commandé.

Et il continue comme ça pendant encore une bonne dizaine de noms.

Après l'appel, il me demande de rejoindre les rangs. Je m'exécute. Alors, il demande "repos". Puis il dit :

– Je souhaite la bienvenue à notre nouvelle recrue, Ludovic Satinelli !

Hochement de tête de la part du groupe. Sourire de certains.

– Il rejoindra l'équipe des anciens JSP... dit le chef en jetant un coup d'œil en direction de Clémentine.

A nouveau, hochement de la tête du groupe.

– ... Lui même ancien JSP du Bataillon des Marins Pompiers de Marseille.

Étonnement de certains, et énormément de regards braqué sur moi.

– Merci de bien l'accueillir, conclut-il, le sourire aux lèvres.

Et avant tous mouvements.

– Rompez, termine le chef de caserne d'une voix autoritaire.

Aussitôt, une bonne partie des membres de la caserne s'agglutinent autour de moi. Je vois le chef s'éloigner avec un sourire narquois. Il connaît bien ses hommes... J'ai le droit à toutes sortes de questions, à des aveux de la part de quelques uns. Le Bataillons ou la Brigade suscitent les rêves ou l'admiration de la généralité des pompiers.

Tandis que je réussi à m'échapper dans les vestiaires, j'entends un "hey, la star !". Je me tourne et vois une personne qui m'est familière. Ah oui, on est dans la même équipe, il me semble. Sans doute un ancien JSP. Il m'adresse un sourire et dit, en me faisant un clin d'œil :

– Bienvenue dans l'équipe, tocard.

– Merci, je réponds, mais il est déjà parti.

Je pars alors me changer en civil. Je ferme mon casier pour les 48h de repos que le chef de caserne m'a offertes et me dirige vers la sortie quand j'aperçois Clémentine en train de discuter avec... Le mec de tout à l'heure. Ils à l'air de bien s'entendre, voir même de bien s'aimer. Je ne veux pas les déranger alors je me dirige vers la sortie. Je sors dans la rue et prends la route de l'appart' de ma tante avec du Bigflo et Oli dans les oreilles.

La Nature reprend ses droitsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant