22 - Ludo

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Mon téléphone vibre, je décroche et entends la voix de Clem' :

« On est en bas, on t'attend pour aller à la teuf de Jules.

– Ouais, j'arrive

– Grouille, il fait pas chaud. »

Sur ces mots, elle raccroche. Je regarde l'heure, c'est vrai il déjà presque vingt heures et on a rendez-vous dans trente minutes. Il habite loin. Sans plus attendre, je finis de lacer mes baquets, attrape ma veste en cuir et descend quatre à quatre les marches de l'escalier. Je fais la bise à ma sœur, à Virginie et à Léane qui me dit :

– Fais attention à toi, ne fais pas n'importe quoi, ne bois pas trop...

Virginie lui lance un regard amusé.

– Ne rentre pas trop tard, finit par dire Léane en souriant.

Je me tourne vers Virginie et lui lance un regard de remerciements pour avoir coupé court aux recommandations de ma tante, je me tourne vers Léane pour acquiescer et je sors de l'appartement. Une fois dans le couloir, j'envoie un message à Clém' pour la prévenir que j'arrive. Cette dernière me répond vite : « Enfin ! ». Je prends les escaliers, pousse la porte vitrée et cherche Clémentine du regard.

Une fois devant elle, je lui fait la bise ainsi qu'à Raph' qui n'est jamais très loin. Depuis l'inter, Raphaël et moi sommes devenus assez proche, il faut croire que les catastrophes, ça rapproche !

Installé dans la voiture avec Raphaël et Clémentine à l'avant, le trajet se résume à des rigolades. La voiture s'arrête face à une villa. Blanche, maison d'architecte donc cubique, une allée de petits cailloux blancs qui arrive sur une porte vitrée moderne. Clémentine coupe court à mes pensée en disant :

– Bienvenue chez Jules...

Sans plus attendre, nous nous mettons en marche vers l'entrée quand la porte s'ouvre brusquement sur Jules qui nous crie :

– Bienvenue Clém' et les autres !, ce qui lui vaut un regard meurtrier de la part de Raph'.

Puis il reprend sans lui accorder un regard :

– Entrez mes amis ! Venez vous amuser !

Clémentine s'avance et passe la porte en posant un cadeau dans les bras de Jules. On s'est tous les trois cotisés pour lui acheté un ballon de rugby. Honnêtement, j'ai horreur du rugby donc c'est pour cette raison que j'ai proposé ce cadeau. Je dois avouer que c'est bâtard de ma part.

Bref revenons au présent, je rentre à présent dans le hall d'entrée qui est juste magnifique et gigantesque. Il est éclairé par un lustre orné d'or, Jules ne manque pas d'argent, il y en a même sur ces luminaires. Mais la musique me rappelle la raison de ma présence ici. Jules et Clém' avancent tous les deux devant et Raph' me rejoint. D'un ton amusé, je lui dis :

– Il ne manque pas d'argent, y'en sur les lustres.

Mais il ne me répond pas, il n'a même pas pris la peine de tourner la tête. Il fixe Clémentine et Jules en face. Mais pas gentiment.

– Raph'. Raph' ! Raphaël !

– Quoi ?! répond-il, agacé.

– Je te parle mais tu m'écoute pas, bordel !

– Désolé, j'étais ailleurs.

– Tu regardais ailleurs, plutôt vers Clémentine, peut être ? dis-je en souriant malicieusement.

– Oui, bon... Tu disais quoi ?

– Laisse tomber, qu'est-ce qui te préoccupe chez Clém' ?

Pour toute réponse il accélère le pas et se rajoute au groupe de Clém' et Jules. Nous entrons dans le salon, il y a déjà plein de monde. De musique. D'alcool. De belles filles. Bref, tout ce qu'il faut pour une pure soirée. Sans attendre, je me laisse porter par la musique et l'excitation générale. Je commence à boire. Un verre, puis deux, puis trois. Je joue au bière-pong. Je me laisse tenter par quelques interdits. J'oublie tout, la mort de Nona, la Nature qui part en couilles, le déménagement, la tristesse d'être loin des alliés visionnaire, l'inter, la détresse du regard de la mère de l'enfant, le stress. Ce soir, plus rien ne m'atteint. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ce sentiment de liberté et de légèreté totale.

Ensuite, j'ai embrassé une fille, puis deux, puis trois, ou même plus... En fait, je ne sais plus trop, je crois que j'ai un peu trop bu. Oh, y'a une piscine ! Allons-y. Mais j'ai pas de maillot de bain. Pas grave, j'y vais à poil !

Tout le monde s'éclabousse, je vais me chercher un verre puis je vois que Raphaël à l'air d'avoir pardonné Clémentine pour tout à l'heure vu comment ils s'embrassent. Il fallait que ça arrive. Tout le monde de la caserne voyait qu'ils se plaisaient l'un et l'autre, ça crevait les yeux. Moi aussi, j'aimerais avoir une relation comme eux. Par contre il y'en a un qui doit moins se réjouir de cette nouvelle. Un indice, il vient d'avoir seize ans.

La fête bat à son plein quand Jules me défie dans un battle de danse qui est bien sûr filmé par tous les invité. Mais de simple téléphones ne vont pas m'arrêter, alors je me lance. J'ai l'impression d'être le roi de la piste. Puis nous enchaînons sur un karaoké où Jules défie cette fois Raphaël. Honnêtement, je n'ai jamais entendu quelqu'un chanter aussi mal que Raph'. Mais je l'encourage quand même. Puis les verres s'enchaînent, les cigarette aussi. Je suis en caleçon maintenant en train de déambuler et danser dans la maison des Dupré. A vrai dire, je ne suis pas le seul à être dénudé. Tout le monde est à égalité ce soir. Le plus surprenant c'est que les filles, Lycia et Eden, elles aussi se sont prêtées au jeu. Lycia me rappelle quelqu'un, en fait, elle est comme Emilien. Ils iraient bien ensembles tous les deux. Bref, je m'appelle pas Cupidon !

Je suis en train de m'abandonner encore à l'une des jolies filles de cette soirée, lorsque je reçois un appel venant de ma tante. Je sais qu'elle va me demander de rentrer. Donc je raccroche, et éteins mon portable car je me doute qu'elle va réessayer de me joindre.

Je saute dans la piscine pour me distraire, discute, joue et profite. C'est ma première soirée à Toulouse et elles sont aussi bien qu'à Marseille.

Plus tard, Clém' m'arrache à une fille pour que l'on parte. Elle n'aurait pas aimé que je lui fasse ça tout l'heure mais je me laisse parce que c'est... Clém'.

Sur le trajet du retour, il y a un silence pesant. La voiture ne roule pas toujours droit. J'envoie un message à Léane pour lui dire que je rentrerai demain et que je vais dormir chez un pote. Car Raph' m'a complètement oublié puisqu'il gare sa voiture dans son garage.

Raph' et Clém' entrent dans la maison, j'ai vraiment l'impression d'être transparent. Mais je m'organise et je dors dans la voiture de Raphaël. Je rentrerai demain, personne ici ne s'apercevra de ma présence. C'était une pure soirée. 

La Nature reprend ses droitsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant