[Le crayonné du portrait en version manga réaliste (dans mon style, pour faire simple) de Cassien pour les curieux de sa petite tête de soldat insensible. Il ferait presque trop gentil garçon inoffensif ici :3]
Des ombres se dessinèrent entre les arbres. Lyssandre sentit son cœur manquer un battement et ses doigts se resserrèrent sur ses rênes. Une envie brutale et inconsidérée le saisit : il désirait lancer sa monture au galop, mais dans le sens inverse de la marche de cette menace inconnue. Il souhaitait rentrer au château où il se savait plus en sécurité que n'importe où ailleurs.
Le chevalier pressa ses mollets contre les flancs de sa jument et il s'interposa. Sans l'autorisation du roi, de telles libertés ne lui étaient pas permises et cela lui aurait sûrement été reproché s'ils avaient été à la Cour. Bien qu'ils se situent à quelques kilomètres du château, ces convenances et ces usages ne jouissaient plus de la même importance. Le chevalier articula, sans se retourner :
— Veillez à garder votre calme, Majesté.
Il pouvait sentir la peur que trahissait l'agitation de Lyssandre. Son destrier, pourtant réputé pour son tempérament docile, humait l'air avec nervosité. Il ne manquerait plus que le roi soit désarçonné par un écart de son étalon.
— Qui est-ce ? s'enquit Nausicaa, d'une voix tendue.
Providence, son hongre, sensible à la fébrilité environnante, émettait des ronflements de mauvais augure.
— Des soldats, lâcha le chevalier.
Il accorda à Lyssandre un bref regard, se fonda dans sa peur disproportionnée de rencontrer un nouvel ennemi, et ajouta, abruptement :
— Les vôtres, Sire.
Le roi était blême. Il se rappelait le village, la joie d'être accueilli avec tant d'amabilité et de simplicité, puis la terreur brute et totale. La folle chevauchée pouvait elle aussi s'achever sur un bain de sang, rien ne l'en empêchait. Même les dernières paroles du chevalier ne parvinrent pas à apaiser entièrement sa nervosité. Les silhouettes se précisèrent cependant et achevèrent de lui donner raison. Le soulagement de ne reconnaître en ces visages d'hommes tannés par le soleil du Sud et écorchés par la rudesse d'une vie dont nul ne voulait aucune animosité fut de courte durée. Lyssandre qui s'était recomposé une expression empreinte d'une neutralité discutable étudia ces visages avec l'ébauche d'une curiosité pudique. Un intérêt pour l'inconnu qui se transfigura bien vite pour arborer l'apparence d'une surprise douloureuse et d'un désarroi de plus en plus marqué.
— Majesté, le rappela à l'ordre l'homme qui les commandait en le saluant.
Lyssandre, qui s'était laissé dissiper, réorienta son attention sur celui-ci. D'une stature solide, bien qu'agile, le soldat possédait un regard franc et sans concession. Il exhalait cependant une certaine sagesse et une maturité qui était loin d'être le fait de tout homme. Une moustache taillée avec soin surmontait une bouche fine qui, bien que pincée, ne paraissait pas désapprobatrice. Il possédait tout, dans l'attitude comme dans l'assurance tranquille de celui qui n'avait guère besoin d'abuser de son pouvoir pour être obéi, de l'homme digne de confiance.
— Je suis le général Artell et j'ai été chargé de vous tenir informé de la situation en plus de raccompagner ces braves hommes jusqu'au palais.
Le regard du chevalier se coulait sur les silhouettes de ceux qui avaient combattu pour Loajess. Les preuves vivantes que l'horreur qui s'y tramait était bien concrète, réelle, et qu'elle n'était pas de la poudre aux yeux lancée pour émouvoir quelques familles sympathisantes d'un Royaume pacifié. Les preuves que des vies humaines, pas moins valeureuses que d'autres, étaient sacrifiées sur l'autel d'une idéologie barbare.
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Longue vie au roi [BxB]
Fantasy« Longue vie au roi ! » Jamais Lyssandre n'oubliera ces clameurs. Le trône lui est promis à la mort de son père et ce cadeau empoisonné ne se refuse pas. Hanté par le souvenir des défunts et par la mémoire d'un frère auquel il a volé la place, Lyss...