[Le crayonné d'un personnage féminin important. Vous l'aurez deviné : c'est bien Nausicaa de Meauvoir. J'espère que ce petit aperçu de son joli minois vous plaira :3]
— Majesté !
L'écho d'une voix lointaine, intrusive, profondément gênante, vint perturber le repos de Lyssandre.
Le terme repos n'était sans doute pas approprié, car il s'était laissé glisser dans une torpeur glaçante sans vraiment le réaliser. Une absence, un manquement initié par sa conscience à un corps rudement ébranlé. Lyssandre s'était fait faux bond.
Une gifle s'abattit sur sa joue. Cinglante, à peine assez douloureuse pour rappeler le roi à lui. Pour le forcer à se manifester.
Les yeux de Lyssandre papillonnèrent et, dans l'épaisse brume qui enveloppait sa vision, il distingua les pourtours d'une silhouette. Sa première pensée, la première qui fut cohérente, relia cette figure indistincte à celle de la mort. Un raccourci simple qui trahissait une peur profonde, viscérale.
Lyssandre s'attendit presque à voir apparaître sa mère, un sourire un peu triste aux lèvres. Elle lui tendrait la main et l'entraînerait loin. Son fils n'avait pas besoin de savoir ce qui l'avait tué, il ne désirait pas en prendre connaissance, et si sa génitrice l'accompagnait de l'autre côté du voile, sans doute l'enfant aurait-il été moins terrifié.
— Sire ! Tenez bon !
Les paroles étaient rares, égrenées, et parvenaient aux oreilles de Lyssandre comme si elles avaient été prononcées un siècle plus tôt. Finalement, ses sens obtempérèrent et il reconnut le visage du chevalier. Penché sur son roi, il l'avait manifestement écarté de la flaque de vomi et de son mince refuge.
— C-Chevalier ?
Les syllabes dérapèrent, la voix les heurta. Une détresse immense se peignit sur le visage défait, pâle, de Lyssandre. Il humecta ses lèvres sèches, y découvrit une saveur âcre et répugnante, et parvint à articuler :
— N-Nous sommes... saufs ? Les... Ceux que vous... Où sont-ils ?
Le chevalier lui adressa un regard lavé de l'inquiétude que Lyssandre avait cru, peut-être était-ce sa faiblesse, déceler. Un regard d'une neutralité exemplaire. Le regard d'un subalterne pour celui auquel il obéissait par nécessité. Les hypothèses au sujet de l'identité de cet homme du jeune roi vacillèrent.
— Morts, Sire.
— O-Oh...
— Je ne serais pas devant vous si ce n'était pas le cas.
Il pinça les lèvres et parut retenir un commentaire. Le réveil aurait été autrement plus désagréable si ces brutes avaient mis la main sur Lyssandre. La gifle qui lui avait assénée n'avait déjà rien de très convenable en la matière et le chevalier le savait. En contemplant la marque imprimée sur la peau, il ressentit une once inacceptable de culpabilité.
— R-Racontez-moi.
Lyssandre tenta de se redresser et parvint à se tenir assis, non sans réfréner de nouveaux vertiges. La tête lui tournait et le décor, curieusement instable, menaçait de se dérober sous son poids. Le choc qu'il avait subi, la terreur et la fuite effrénée à travers les rues d'Halev, en était probablement la cause. Lyssandre mit également la vive douleur de son crâne, comme enfermé dans un gigantesque étau, sur le compte de son émotivité et de la situation dramatique.
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Longue vie au roi [BxB]
Fantasi« Longue vie au roi ! » Jamais Lyssandre n'oubliera ces clameurs. Le trône lui est promis à la mort de son père et ce cadeau empoisonné ne se refuse pas. Hanté par le souvenir des défunts et par la mémoire d'un frère auquel il a volé la place, Lyss...