Saison 4 chapitre 7

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Saison 4 : Vingt ans plus tard Chapitre 7 : Histoires de famille


. Artémus, Amy, Shimy et Danaël partirent à Orchidia le lendemain. Là, ils ne virent Samaël nulle part. Personne ne chercha à les contacter. Ils décidèrent de rester ici jusqu'à la fin du week-end, car peut-être trouveraient-ils une piste quelconque ? Danaël et Shimy commençaient à douter de la raison qui avait poussé Artémus à leur demander de l'accompagner, et regrettaient leur naïveté.

. Comme ils n'allaient pas rester toute la journée debout, ils décidèrent de demander au père d'Amy, habitant dans cette ville, de les héberger. Amy toqua à la porte, peu rassurée. Elle avait caché à son père qu'Artémus habitait loin et qu'il fallait, pour son stage, dormir là-bas. Elle le lui avait appris au moment où elle allait partir, et ils s'étaient disputés. Amy était partie de la maison en claquant la porte et avait pris le train seule, pour la première fois de sa vie. Elle était ensuite arrivée chez Artémus, et avait tenté d'oublier sa dispute avec son père pour profiter pleinement de ce rêve qui se réalisait. Elle avait appris tellement de choses avec Artémus, c'était dingue ! Ça l'avait confortée dans son idée de devenir romancière. Elle avait montré ses créations à Artémus, et celui-ci lui avait fait des remarques si justes, si précises... Son idole lui avait fait oublier son père, et l'avait comme remplacé pendant deux jours. Mais maintenant, elle allait parler à son vrai père, pour la première fois depuis leur dispute, et ça l'angoissait.

. Razzia ouvrit. Il fut surpris de découvrir sa fille sur le perron, accompagnée de Fabien Del Conquisador et de deux autres personnes qu'il ne connaissait pas. Il essaya de se retenir de crier sur sa fille en présence de toutes ces personnes, qu'il invita à entrer. Il fut poli et courtois en leur présence, mais il n'attendait qu'une chose : se retrouver seul avec sa fille.

. Celle-ci ressemblait tellement à sa mère... La seule chose qui ne rappelait pas Amylada chez Amy c'était sa chevelure, non pas rousse et flamboyante comme celle de la défunte, mais d'un brun terne, comme celle de son père. Elle avait également hérité du caractère de Razzia : timides et érudits d'un premier abord, tous deux étaient fiers et voulaient tout le temps avoir le dernier mot lorsqu'ils discutaient avec leurs proches.

. Razzia se souvenait parfaitement de la naissance d'Amy, ainsi que du jour où il avait appris qu'il allait être père. Ça avait été le jour le plus heureux d'une longue période de plus d'un an, durant laquelle il avait eu une dépendance à l'alcool. La plupart des alcooliques buvaient pour oublier, lui avait dit un médecin. Pour Razzia, ça avait marché. Après une nuit abreuvée de verres, il avait été transféré d'urgence à l'hôpital. Il avait été dans le coma pendant deux jours. À son réveil, Amylada était penchée sur lui, et lui avait révélé la naissance prochaine d'une petite fille. L'expérience l'ayant grandement perturbé, Razzia ne se souvenait plus de la raison qui l'avait poussé à boire. Il avait arrêté pour veiller sur son enfant. Un médecin lui avait proposé des séances d'hypnose, afin de récupérer ses souvenirs, mais Razzia avait refusé. Il n'avait pas besoin de se rappeler de « l'évènement traumatisant » qui l'avait conduit à devenir alcoolique.

(Vous l'aviez sûrement deviné (ou pas), « l'évènement traumatisant » a été la décision de Ténébris de perdre la mémoire)

. Le jour de la naissance d'Amy, les deux parents n'avaient pas trouvé de prénom. Ils voulaient pour leur fille un nom lui ressemblant, à elle, et ils ne la connaissaient pas encore assez bien pour en décider.

. Ce jour-là, Amylada était morte. En réalité, les deux parents savaient qu'elle avait des chances de ne pas s'en sortir, mais ils avaient choisi d'ignorer ce fait et de faire comme si de rien n'était. En effet, Amylada avait subi une grossesse abdominale, c'est-à-dire que le fœtus s'était développé dans la cavité abdominale et non dans l'utérus. Les risques étaient énormes pour la femme et pour l'enfant, et malheureusement, l'un d'eux est mort. Razzia n'avait jamais révélé à Amy les circonstances de la mort de sa mère, lui disant qu'elle était morte lorsqu'elle était petite, mais il l'a appelée Amy, le diminutif d'Amylada. Amy a également reçu le nom de famille de sa mère, Chiridelle.

. Enfin, l'occasion de parler avec sa fille se présenta, lorsque les trois adultes partirent explorer Orchidia. Amy sentit la dispute venir, et se réfugia dans sa chambre. Razzia monta la rejoindre. Il toqua à la porte.

... - Oui ? fit Amy, sachant parfaitement qui c'était et pourquoi il voulait lui parler.

... - Il faut qu'on parle, répondit Razzia.

. Amy le laissa entrer. Elle n'avait pas l'intention de s'écraser devant son père, mais fit une moue honteuse afin que le ton ne monte pas trop.

... - Comment tu vas ? demanda le père.

. Maintenant qu'il pouvait parler avec sa fille, il n'avait plus envie de la disputer. Elle lui avait tout de même manqué, et il s'était inquiété.

... - Oh, à merveille. Et toi ?

... - Moins depuis que j'ai appris que ma fille ne me faisait pas assez confiance pour me dire qu'elle quittait la maison.

. Le sarcasme était sorti tout seul. Razzia s'en voulut aussitôt. Amy se mit en colère

... - De un, je n'habite avec Artémus que pour deux semaines, le temps de mon stage. Et de deux, on dirait que j'ai eu raison de ne pas te faire confiance, étant donné la façon dont tu as réagi.

. Ils continuèrent de se lancer quelques piques puériles puis Razzia s'écria :

... - Heureusement que ta mère n'est plus là pour voir ce que tu es devenue !

. Razzia regretta. Comme d'habitude, les mots étaient sortis tous seuls. Il allait assumer, bien sûr, tout ce qu'il n'assumait pas c'était le fait qu'il ne contrôlait pas ses paroles quand il était énervé.

... - Tu n'as pas le droit ! s'écria Amy. Tu n'as pas le droit de parler de ma mère comme ça !

. La jeune fille souffrait de l'absence de sa mère malgré le fait qu'elle ne l'ait pas connue.

... - Toi, tu n'as pas le droit ! rugit Razzia. Tu n'as pas le droit de me dire ça alors que c'est toi qui l'a tuée !

. Amy se figea.

... - Qu... Quoi ? fit-elle d'une petite voix.

. Razzia s'en voulut. Encore une fois, ses mots avaient dépassé sa pensée. Il s'assit sur le lit de sa fille, à côté de celle-ci, et pour la première fois il s'excusa :

... - Je... Je suis vraiment désolé, Amy. C'est faux, tu n'as pas vraiment tué ta mère.

. « Pas vraiment », c'est-à-dire ? Amy était emplie de culpabilité, désarçonnée, sans défense. Elle voulait savoir ce qu'il s'était passé.

. Razzia était empli de culpabilité, désarçonné, inquiet. Il savait que le moment était venu pour lui de raconter les circonstances de la mort d'Amylada. Il suffisait d'une phrase, pourtant Razzia eut du mal à la prononcer.

... - Ta mère est morte en accouchant, avoua-t-il enfin.

Les pieds sur TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant