Them And Me

Chapter IV - Peyton 📷

J'ai été méfiant auprès de la nouvelle au début, une jeune tout droit sortie de la fac et qui vient postuler pour un métier comme celui-ci, il n'y en a pas beaucoup. Mais finalement, il s'avère qu'elle est plutôt douée, je dois bien l'avouer. Tellement douée, que mon père l'a carrément engagée. Et dieu seul sait à quel point il est pointilleux pour le recrutement. Mademoiselle Saudan a eu de la chance, très peu de gens de son âge aurait été pris. Même moi, je ne l'aurais pas engagée.

J'ai remarqué comment elle me regarde. Elle doit sûrement se demander pourquoi je ne regarde personne dans les yeux. Tous les nouveaux ici se posaient la même question. C'était comme ça jusqu'à ce que je les regarde enfin droit dans les yeux, où bien qu'ils abandonnent, qu'ils arrêtent de se préoccuper d'un détail aussi insignifiant que ça. J'espère que ce sera le cas pour elle aussi. Ce complexe peut paraître stupide, cependant un complexe dont on a souvent été moqué, peut rapidement se transformer en honte.

Je dois bien avouer que Charlie est mignonne avec ses yeux noisettes, plus verts que marrons. Ses cheveux sont très beaux. Ils sont d'un noir intense et brillant, la plupart des femmes, surtout dans l'entreprise, se colorent les cheveux en blonds. Elles ont le caractère qui va avec pour la majorité. 

Je la trouve différente des autres filles que je côtoie. Elle ne cherche pas à attirer l'attention. Charlie reste simple et naturelle sans se mettre des tonnes de maquillage. Elle ne s'habille pas avec extravagance. Et le fait qu'elle était à la sortie d'école me fait beaucoup réfléchir. Elle garde des enfants ? Pourquoi faire ? Son salaire est de 10 000€ par mois dans l'entreprise de mon père. Elle doit bien avoir un copain qui gagne aussi sa vie. Je sais qu'on est dans la capitale, mais à eux deux cela devrait bien suffire.

Je sors de mon appartement situé près de la place Vendôme et monte dans ma belle Porsche Cayenne flambant neuve. Il est presque neuf heures, je suis en retard. Par chance ou par malheur, il n'y a pratiquement pas de bouchons. C'est un véritable miracle. J'arrive rapidement à Fashion Times. L'avenue Montaigne est déjà prise d'assaut par les touristes fortunés. La boutique est pleine de clients, nos vendeurs courent dans tous les sens.

Je monte au 3e étage et retrouve ma collègue pour commencer le shooting de ce matin. Je la retrouve au milieu de la pièce, en train d'attendre que les mannequins soient prêts. Pendant ce temps, elle règle son appareil photo. Je remarque qu'aujourd'hui, elle s'est vêtue d'un jean et d'une chemise, cela met bien en valeur ses formes.

Non Peyton. Ce n'est pas le moment de penser à ce genre de choses.

-Bonjour. Je dis en m'approchant d'elle.

Je souri en voyant que je l'ai fait sursauter. J'ai le chic d'arriver discrètement et de faire peur au gens sans que je ne le fasse exprès.

-Tu m'as fait peur. Répond-t-elle la main sur le cœur.

-J'ai cru voir oui. Je ricane légèrement en regardant le sol.

Un silence suit mes paroles. Je remarque qu'elle a reconcentré son attention sur son appareil. Le blanc devient quelque peu gênant.

-Tu sors de l'université si j'ai bien compris ? Je dis du tac au tac.

-C'est vrai. Dit-elle en réglant des boutons.

Je n'ai pas pour habitude de faire la conversation aux gens, encore plus aux femmes. Elle pourrait quand même faire un effort non ?

Elle ne t'a rien demandé, je te signale. Me rappelle ma conscience.

-Tu étais à Paris ? Je demande en me positionnant à côté d'elle.

-Oui.

Sa voix est sèche et froide. Comme si elle m'en voulait. Cependant, elle reprend la parole après plusieurs secondes, la mine fermée :