La pluie commence à tomber, le temps s'est beaucoup refroidi par rapport à hier. Les bourrasques de vent me fouettent le visage et font voler les mèches rebelles qui s'échappent de mon chignon. Vêtue d'une simple salopette et d'un t-shirt à manches courtes, je me retrouve très vite trempée de la tête aux pieds. J'accélère le pas même si ça ne sert pas à grand chose. L'homme qui a acheté ma voiture est venu la chercher dans la matinée. C'était un cadeau de mon père, mais je devais la vendre, la traversée par bateau était beaucoup trop chère et longue. Malgré le fait que j'ai beaucoup d'argent, il coûtait moins cher d'acheter une nouvelle voiture. De plus, il aurait fallu changer la plaque d'immatriculation et refaire tous les papiers ainsi que la carte grise. Ça m'aurait plus saoulée qu'autre chose.
J'arrive devant l'immeuble de Peyton, je sors les clés de ma poche et ouvre la grande porte. Pendant un instant, je suspens mon geste. Je viens voir le jeune homme pour lui dire que je l'aime.
Je viens avouer mes sentiments à Peyton.
Est-ce que je suis sûre de vouloir faire ça ? La vieille de mon départ ?
Mon stress monte crescendo alors que j'arrive devant la première marche de l'escalier. Le doute s'empare de moi. Prête à faire demi tour, je prends mon courage à deux mains et monte ces escaliers.
Aller Charlie, tu le regretteras sinon ! M'encourage ma conscience.
Arrivée devant la porte d'entrée, je souffle un bon coup avant de toquer. Aucune réponse ne me parvient, je réitère mon geste et le silence reste. Je prends regarde les clés qui sont dans ma main et ouvre la porte. Une fois dans l'appartement, je suis étonnée de le trouver vide. La lumière est éteinte, aucun signe de vie. J'avance dans le salon puis dans la cuisine, toujours rien. Cependant, lorsque j'arrive dans le couloir, un bruit attire mon attention. J'avance à petits pas vers l'une des portes en bois blanches. Je tends la main vers la poignée, les bruits sont en fait des halètements. Je crains le pire. Mon cœur commence lentement et douloureusement à se déchirer quand j'entends un gémissement féminin.
Il n'a quand même pas osé ?
J'ouvre la porte d'un geste brusque et tombe sur deux corps nus entrelacés. Celui d'une femme et d'un homme. Celui de Peyton et d'une blonde. Tous les deux collés l'un à l'autre, le penis de Peyton dans le vagin de cette femme. Pris en flagrant déli, les deux amants lèvent la tête vers moi. Je peux lire la honte et l'énervement sur le visage de ma blonde, contrairement à Peyton qui prend aussitôt une mine attristée. Il se sépare violemment de la femme et commence à se relever pour s'habiller.
Il a osé.
Encore sous le choc, ne dis rien. Je me contente de refermer la porte et de me diriger vers le salon. Mon esprit est en plein black-out, je n'arrive plus à réfléchir correctement. Tout ce que je vois, tout ce à quoi je pense, c'est Peyton et cette fille nus, dans ce lit. J'attends dans le salon que le jeune homme vienne me voir. Ce que j'étais venue lui dire n'est plus d'actualité, je vais simplement lui rendre ses clés et partir. Partir loin de lui, loin de cette ville maudite.
Je baisse la tête vers le parquet et constate qu'une flaque d'eau est en train de se former au sol. Il y a quelques jours, je me serais dépêchée de nettoyer pour ne pas tâcher le bois, mais aujourd'hui je n'en ai que faire. Je regarde les gouttes de pluie tomber une à une, silencieusement. Je n'arrive même pas à pleurer. Je garde le silence, mon corps bouge et se déplace de manière mécanique.
Je refuse que Peyton voit qu'il m'a profondément blessé. Ça lui ferait trop plaisir.
Des bruits de pas précipités se font entendre dans le couloir. Toujours tête baissée, je ne bouge pas. J'entends un murmure, Peyton vient de murmurer mon prénom. Je relève calmement la tête et dirige mes yeux dans sa direction tout aussi lentement. Sur son visage, je peux lire toute la honte et les regrets qu'il a. Peyton a fait une grave erreur. J'aurais pu lui pardonner ses mots, mais ça, c'est au-dessus de mes forces. Il est allé beaucoup trop loin. Ses yeux sont remplis de panique, ils me supplient de rester. Malheureusement pour lui, je n'ai plus rien à faire ici. Il est temps que je m'en aille.
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Them And Me
RomantizmCharlie Saudan, jeune diplômée d'une fac de photographie à Paris, se présente à un entretien d'embauche dans l'entreprise Fashion Times, dirigée par le millionaire, Phileas Janssen. Cette entreprise est connue mondialement avec ses mannequins de na...
