Chapter XLVIII 🕯️

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Je regarde le soleil qui commence à se lever, le ciel a été dégagé toute la nuit, les étoiles plus brillantes que jamais. Je suis restée assise sur le sol en tailleur, encore et toujours devant cette baie vitrée. Mes écouteurs sur les oreilles, j'ai écouté les musiques qui ont bercé mon enfance, celles que j'écoutais avec ma sœur, puis avec mes parents. Quelque fois je me levais et je faisais quelques pas de danse, je laissais mon corps s'exprimer. Je n'ai pas dormi de la nuit, Peyton était parti se coucher vers minuit, me laissant seule dans le canapé. Aujourd'hui, je dois reprendre le travail, c'est moi qui ai insisté, Peyton et Phileas n'étaient pas vraiment pour mais je ne leur ai pas laissé le choix. Seulement, recommencer le travail après une nuit blanche, c'est un peu compliqué, mais tant pis.

Toute la nuit, je n'ai fait que penser à eux. Mes parents. Ils sont morts. Je n'ai pas pu leur dire au revoir, ils sont partis comme ils sont arrivés dans ma vie il y a 17 ans. L'autre jour, après notre escapade nocturne sur le pont des Arts, Peyton m'a donné une lettre que ma mère a écrite avant de se suicider. Une lettre pour moi. Je l'observe depuis un moment, le papier blanc plié en trois est posé devant moi, je ne sais pas quoi faire. Ai-je envie de la lire ? De savoir ce que ma mère m'a écrit ? Je n'en sais rien. Depuis presque six ans ma mère adoptive me repoussait comme une moins que rien, elle n'arrivait même plus à me regarder dans les yeux. Alors pourquoi diable avoir écrit une lettre à mon attention ?

Tu le sauras si tu l'ouvres.

Sûrement oui.

Je soupire, indécise, puis je finis par tendre la main vers le papier et le prend entre mes doigts. Mes membres tremblent, que vais-je découvrir sur cette page blanche ? J'analyse la lettre, elle est fermée grâce à un sceau en cire. Ma mère a toujours adoré ce genre de chose, écrire de belles lettres et les sceller avec de la cire en mettant le sceau des Volanthen. Je détache lentement les deux parties du papier et déplie la lettre.

~Ma Charlie, mon étoile, mon univers.

Ça faisait longtemps que je n'avais pas pris de stylo. Voilà chose faite. Je meurs à l'intérieur. J'ai mal tous les jours de ne rien faire. Je pense à mourir plus d'une fois par jour et ça me rend folle. Car je veux mourir. Je ne sais plus quoi faire, je n'y arrive pas. Non, je ne te reproche rien, je suis le silence et la fin. Le mot désagréable. La phrase qui coupe comme un ciseau dans le doute, la joie ou le plaisir. Je casse, je tue, je brise, je détruits les idées qui apaisent, je déchire les mots qui soulagent. Je ne sais pas y faire. C'est comme ça. J'aimerai pouvoir me taire et jouer de la musique mais cette société de l'enfer et les gens qui me croisent me voient comme un ennui, prétentieuse de surcroit. Prétentieuse, je vais le devenir; Conne, seule, froide et méprisante. Le miroir reflète chacune des innombrables et impardonnables erreurs que j'ai commise.

Ton père est mort il y a quelques jours, le trou béant qu'il a laissé m'est devenu insupportable. Ton ami Peyton est venu nous voir avec tes enfants, ils sont tellement merveilleux et adorables, tu as de la chance de les avoir trouvés eux, ainsi que tes amis.
Je ne t'écris pas cette lettre pour te demander de me pardonner, je ne le mérite pas, pas après ce que je t'ai fait endurer, ça serait trop cruel. Lorsque nous avons appris que tu avais eu un grave accident et que le meilleur moyen de te sauver avait été de te placer dans un coma artificiel, j'ai pris conscience de la femme que je suis devenue. Je veux que tu saches à quel point je t'aime, je suis si fière de toi. Je n'ai jamais été parfaite, j'en suis désolée, je n'ai jamais été une mère modèle et pour ça aussi, je suis profondément désolée.

J'adorais te regarder danser, sur la scène de ce grand Opéra qu'est le Palais Garnier. Pleine de grâce et de beauté pure. Je te voyais déjà danseuse étoile, la meilleure qui soit. Je savais que malgré la grande part d'obscurité et la rudesse que possède le monde de la danse classique, tu saurais te relever, la tête haute, parce que tu es une battante. Ne laisse jamais personne te faire croire le contraire. Même si tu as choisi une autre voix, ma fierté pour toi n'est que plus grande encore. Tu as su affronter les pires horreurs que la vie peut apporter, tu n'as pas baissé les bras, tu as continué à avancer. Tout ça sans moi. Preuve que je ne te suis d'aucune utilité.

Them And MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant