Them And Me

Chapter LVIII 🥃

La journée est passée très lentement, chaque seconde s'est transformée en minutes, chaque minute en heure et chaque heure en jours. Hier, après la discussion que j'ai eu avec Sascha sur le pont Alexandre III, je suis arrivée l'esprit en vrac chez Emma. J'ai attendu que le soir soit venu et que mes enfants soient couchés pour parler de cette fameuse discussion avec Emma et Félicie. Les deux jeunes femmes m'ont été d'une grande aide. Elles m'ont écoutée avec énormément d'attention. Comme Sascha me l'avait dit, les deux brunes avaient déjà remarqué les regards et les attentions que Peyton me portaient. Jusqu'à hier, jamais je n'aurais soupçonné le brun de ressentir un quelconque sentiment amoureux envers moi.

Avec le soutien de Sascha ainsi que de Félicie et Emma, je me dirige à l'instant chez Peyton. Une boule de stress s'est formée dans mon ventre dès la seconde où j'ai quitté l'entreprise. Elle ne cesse de croître au fur et à mesure que je m'approche de l'appartement. Je m'imagine des dizaines de scénario, pour la plupart improbables. Je ne me sens pas prête à parler d'amour avec le jeune homme, je ne suis pas sûre de ce que je ressens pour lui.

Peyton compte beaucoup pour moi, ces derniers mois avec lui ont été exceptionnels. Ça m'attriste de partir loin de lui, j'ai du mal à me dire que je ne le réveillerai plus chez lui, que je ne mangerai plus le soir avec lui. Dieu sait à quel point il cuisine bien. Je ne regarderai plus de films du vingtième siècle avec lui, nous ne débattrerons plus sur les avis de chacun. Je n'écouterai plus de musiques anciennes avec lui dans la voiture. Toutes ces habitudes, aussi simplettes soient-elles étaient une sorte de rituel pour nous. Nous nous sommes créés de merveilleux souvenirs avec des choses simples et quotidiennes.

Malheureusement, je ne suis pas sûre d'aimer Peyton de la même manière que lui m'aime. Je tiens à lui, c'est un fait, mais delà à dire que je l'aime, c'est un peu fort.

J'arrive devant l'immeuble de l'appartement de Peyton, je trouve une place juste devant le hall d'entrée. J'espère que le jeune homme est chez lui. Je descends de ma voiture très stressée, je n'ai jamais été aussi stressée de ma vie. Même pour mon examen de fin de cursus, j'étais plus sereine.

Je souffle un bon coup et sort les clés de l'appartement de ma poche, j'ai peur que Peyton ne soit pas là ou pire, qu'il me mette à la porte. Je pénètre dans l'immeuble, aussi apeurée qu'un animal sans défense mais il faut que j'y aille. De toute manière, je viens de me rappeler que j'ai laissé une affaire ou deux dans le tiroir de la commode dans le salon.

Je monte les escaliers, j'essaie de m'encourager dans ma tête cependant ça n'a pas l'air de fonctionner. J'arrive devant la porte de l'appartement du jeune homme plus vite que je ne le pensais. Après un gémissement légèrement plaintif, je toque. Je ne vis plus ici et même si j'ai encore les clés, je ne vais pas rentrer et sortir à ma guise.

-C'est ouvert !

La main tremblante, je prends la poignée entre mes doigts et ouvre la porte d'entrée. Je prends tout mon temps pour la refermée, j'avance ensuite à petits pas vers le salon. Je commence à regretter d'être venue, mais je m'en serais voulue si je ne l'avais pas fait, j'en suis sûre.

Je découvre Peyton debout devant sa baie vitrée, je remarque qu'une bouteille d'alcool assez fort est posée sur la table basse, ou du moins ce qu'il en reste. Le brun a un verre à moitié vide sans sa main gauche. Je m'arrête à l'entrée du salon, les bras le long du corps, j'observe l'appartement qui est totalement ravagé. Les meubles sont pratiquement tous renversés, certains sont même classés. Un vrai champ de bataille.

Je croyais qu'il ne buvait pas d'alcool ?

-Tiens Charlie. Qu'est-ce que tu veux ?

Sa voix froide et dure me fait de nouveau mal au cœur, je pensais qu'on avait passé cette étape. Visiblement, à partir du moment où il se sent trahi, Peyton ne fait de cadeau à personne.