Them And Me

Chapter I 👩🏻‍🎓

Lorsque ma mère a appris sa grossesse, elle s'attendait à un tout autre futur pour notre famille. Je ne l'ai jamais connue, mais je m'en doute. Ma mère est morte en me donnant la vie, ce devait être une très belle femme. J'en suis convaincue.

Mon père lui n'a pas supporté sa mort, il s'est retrouvé seul avec deux bébés à sa charge. La meilleure idée qu'il est eu, c'est de nous déposer, ma sœur jumelle et moi devant l'orphelinat de Grenoble.

J'ai passé plusieurs années de ma vie dans cet orphelinat, autant vous dire que je me suis rapidement faite remarquer avec mon caractère bien trempé.

Ma sœur et moi, espérions au fond de nous, qu'un jour peut être un couple voudrait nous adopter. Après plusieurs longues années d'attente, ce jour est enfin arrivé. Cependant, nous avions négligé un détail, une chose que nous n'aurions jamais imaginé. Nous nous sommes faites adopter par deux couples différents.

Depuis, je regrette d'avoir espéré obtenir une famille d'accueil. Ce jour là, j'ai perdu la seule famille qu'il me restait.

C'est un couple âgé de 28 et 26 ans qui m'a pris en charge, Monsieur et Madame Volanthen. Ils vivaient en Suisse, j'ai donc vécu le reste de mon enfance et mon adolescence à Genève. Je suis ensuite venue à Paris pour faire mes études et y vivre. J'ai toujours adoré la capitale française.

Tout semblait me sourire depuis mon adoption, pourtant j'étais bien loin du compte. À l'aube de mes 18 ans, j'étais partie à Cannes avec mon groupe d'amis. À l'époque, nous étions une bonne quinzaine. Nous sommes partis faire la fête pour l'obtention de notre diplôme de fin de lycée.

La soirée touchait à sa fin, j'étais partie me rafraîchir aux toilettes pendant que mes amis m'attendaient dehors, tout s'est passé très vite. Un jeune homme pas plus âgé que moi, est arrivé par derrière, il m'a immobilisé contre le mur et m'a violée. Je me souviens de son haleine qui empestait l'alcool, je me rappelle la douleur que je ressentais. Ma gorge me brûlait mais je n'arrivais pas parler, mes larmes coulaient le long de mon visage. Une fois qu'il eu terminé son affaire, il est parti sans un mot. Je me suis empressée de me rhabiller convenablement et de quitter cet endroit.

Mes amis m'attendaient dehors, lorsqu'ils ont vu mon état, ils m'ont aussitôt demandé se qu'il s'était passé. J'ai tout raconté, dans les moindre détails, puis on m'a emmené à l'hôpital. Pendant ce temps, mon meilleur ami de l'époque a prévenu mes parents, ces derniers sont arrivés aussi vite qu'ils avaient pu. Je suis restée quelques jours à l'hôpital, c'est alors qu'on m'a appris une chose à laquelle je n'étais pas préparée. L'homme n'avait pas mis de préservatif et part je ne sais quel malheur, je suis tombée enceinte.

Lorsque mes parents ont appris ça, ils m'ont ordonnée d'avorter, du moins ma mère. Cependant, je n'ai pas voulu. Cet être dans mon ventre, n'était peut être qu'un embryon , mais il faisait désormais parti de moi. Je refusais de le laisser partir, j'étais orpheline et je ne voulais pas laisser mon bébé tomber, même s'il n'était qu'un embryon. Cela ressemblait sans nul doute à de la folie de tomber enceinte à presque 18 ans, mais je ne voulais en aucun cas avorter. C'est à partir de ce jour que ma mère adoptive, avec qui je ne m'entendais pas vraiment, m'a tournée le dos. "tu me fais honte" telles ont été ses paroles avant de quitter la chambre d'hôpital.

Mon père adoptif lui a été plus clément, au début il n'approuvait pas beaucoup, mais il s'est fait à l'idée et depuis, il m'aide beaucoup. J'ai aussi beaucoup de mes amis qui m'ont lâché, ils me considéraient comme immature et irresponsable. Ils ne voulaient pas traîner avec une pute, comme à dit l'un d'eux. Je me suis remise peu à peu de ces abandon, après tout, ma vie est fondée sur des abandons perpétuels.

Ma grossesse se déroulait bien, mon fils est né au mois de Mai. Je l'ai nommé Côme, ce prénom signifie cosmos, univers. Je l'ai choisi parce que ma sœur et moi avions pour habitude d'observer les étoiles. Après sa naissance, j'ai commencé mes études de journalisme à Paris, mon père venait souvent me voir. Ma meilleure amie, Manon, s'occupait de mon fils pendant mes cours. Je lui en suis très reconnaissante.

J'ai fini par rencontrer quelqu'un, au début il était réticent à l'idée que je ne sois âgée de seulement 22 ans et du fait que je sois déjà mère. Cependant, il s'y est fait, mon fils l'aimait bien. Malheureusement pour moi, je suis de nouveau tombée enceinte. Mon copain ne l'a pas supporté ou plutôt, il ne l'a pas assumé. Il est parti du jour au lendemain, il ne voulait pas qu'un "gosse" l'empêche de réaliser son rêve, devenir basketteur professionnel dans une grande équipe.

J'ai décidé de le garder, lui aussi. Par chance, je venais d'obtenir mon diplôme, donc je n'avais qu'à prendre un congé d'un an et chercher du travail une fois mon bébé né. Ma meilleure amie et mon père m'ont une fois de plus soutenu, ma mère elle, m'a encore rabaissée comme à son habitude.

Ma deuxième grossesse se passa aussi bien que la première. Côme était très content de devenir grand frère. Ainsi, à la fin du mois de Juillet naquit ma fille, Cassiopée. Je l'ai nommée ainsi en mémoire de ma sœur, tout comme mon fils. Cassiopée est une constellation d'étoile dans la voie lactée. C'est ma petite étoile.

Aujourd'hui, Côme a 6 ans et Cassiopée 3 mois. Mes enfants, mon père, Manon et mon second meilleur ami Esteve, sont la seule famille qu'il me reste. Mon unique préoccupation aujourd'hui, c'est le bonheur de mes enfants. J'ai l'habitude de voir les gens dans la rue me dévisager, cela m'est déjà arrivée de me faire insulter. Je vois bien le jugement dans les yeux de certaines mères et même des pères, à la sortie de l'école de Côme. J'ai appris à faire avec, désormais j'essaie de les ignorer même si ça reste difficile.

Oh, maintenant que j'y pense, je ne me suis pas présentée.

Je suis Charlie Saudan.

Et voici mon histoire.