Il ne me reste que quelques jours d'hospitalisation avant de pouvoir rentrer chez Peyton. Je commence sincèrement à en avoir assez de rester dans cette fichue chambre. Ces murs blancs, vides de décorations, empestant les produits désinfectants. Par chance, aujourd'hui nous sommes vendredi et mon infirmier préféré revient. Ces deux derniers jours sont passés à une vitesse incroyablement pénible et désolante. Je suis constamment surveillée parce que j'ai fait une erreur qui m'a été fatale, du moins pour ma santé mentale. Hier, alors que j'étais seule j'ai tenté de marcher sans aucune aide. Grossière erreur. Je suis tombée après deux pas et je n'ai pas réussi à me relever. Ma tête qui avait frapper durement le sol me faisait mal, mon cerveau était comme comprimé à l'intérieur de ma boîte crânienne. Je n'arrivais pas à parler, ni même à bouger. Aucunes de mes pensées étaient censées, tout s'embrouillait dans ma tête, comme si l'on m'interdisait de réfléchir décemment. Mes perfusions se sont arrachées, mes jambes ne répondaient plus et je me suis ouverte l'arcade sourcilière. La douleur était insupportable, mon sang me brûlait comme si du poison coulait entre les fines parois de mes veines, mes oreilles sifflaient et ma vue était brouillée. Je me sentais partir, durant un instant, j'ai cru que mon heure était arrivée. Après tout, peut-être que je le méritais, j'avais passé la majeure partie de mon temps à jouer avec ma santé depuis mon réveil. J'ai donc laissé mes forces m'abandonner les unes après les autres, mes paupières étaient lourdes. À cet instant, que je croyais être le dernier, des milliers de souvenirs me sont revenus à l'esprit. Des visages, des lieux que j'avais autrefois visité, des mots, des paroles, toutes les choses qui m'avaient marqué durant mon existence. Peu importe où j'irai après ma mort, je ne ressentira plus aucune douleur, plus une once de tristesse, tout mes problèmes se seraient envolés et je pourrais ainsi reposer en paix.
Mais peu de temps après, le docteur Keri m'a retrouvée inconsciente. Mon corps était étendu au sol, mes yeux à demi clôt, ma bouche entre ouverte d'où sortait un filet de sang. Je lui ai fait si peur, la femme m'a grondé comme une enfant aillant fait une énorme bêtise. Ses yeux étaient brillants de larmes, sa respiration haletante, ses bras bougeaient dans tous les sens alors qu'elle me sermonait. Par chance, mes amis étaient déjà venus me voir, ils ne sont pas au courant. Enfin, pas encore. Parce que je sais que le médecin ne se retiendra pas de leur raconter lorsqu'ils viendront tout à l'heure.
Misère.
Perdue dans mes pensées, je n'entends pas la porte s'ouvrir. Le jeune infirmier avec qui je m'entends bien apparaît soudainement dans mon champ de vision et me fait sursauter. Son éternel petit sourire en coin l'accompagne toujours.
-Alors mademoiselle la rebelle ? On a essayé de jouer toute seule ?
Son ton est moqueur, mais je vois bien qu'il parle sérieusement.
-Je vois pas de quoi vous parlez.
-Charlie. Vous m'aviez promis de ne pas faire n'importe quoi.
Le ton de l'infirmier est sévère. Je le prendrais au sérieux si son sourire n'était pas toujours collé à sa gueule d'ange.
-Je n'ai pas fait n'importe quoi, j'ai seulement essayé de marcher seule et..
-Et vos perfusions se sont arrachées et le docteur Keri vous a retrouvée inconsciente par terre. Termine le jeune homme à ma place.
Je lui lance un regard blasé en soupirant.
-Mademoiselle Saudan. Commence le blond en venant s'asseoir sur la chaise en face de moi. Vos jambes ne sont pas prêtes à vous faire marcher. L'accident et le coma les ont beaucoup affaiblies. Ce que vous leur demandez de faire est encore trop dur et surtout c'est trop tôt. Le fait de vous faire marcher avec l'aide de quelqu'un, dans le dos du médecin qui plus est, est déjà énorme. Est-ce que vous comprenez ?
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Them And Me
RomanceCharlie Saudan, jeune diplômée d'une fac de photographie à Paris, se présente à un entretien d'embauche dans l'entreprise Fashion Times, dirigée par le millionaire, Phileas Janssen. Cette entreprise est connue mondialement avec ses mannequins de na...
