Them And Me

Chapter XLIX - Peyton 🛁

Tout semblait se présenter à merveille, Charlie allait à ses séances de kinésithérapie, elle marchait avec de plus en plus d'aisance sans ressentir la moindre douleur. La brune venait de retrouver sa sœur jumelle avec qui elle passe la majeure partie de son temps libre, ses amis sont aux petits soins avec elle, tout comme mon père et moi. Pourtant, j'étais bien loin du compte, rien ne va plus.

Le jour de sa reprise, Charlie était stressée et excitée à la fois, Emma l'attendait dans le hall avec un immense sourire, mon père était à côté de la jeune femme. Tous les deux lui ont souhaitée un bon retour, la journée avait très bien débutée, certains employés sont même venus la voir pour savoir comment elle allait. Je me suis absenté vingt minutes, seulement vingt petites minutes, à mon retour dans notre bureau commun Charlie n'était plus pareille. Sa mine était fermée, ses traits tirés, ses sourcils froncés, elle était plongée dans ses photos, l'esprit totalement ailleurs. Je me souviens de cette lueur qu'elle avait dans les yeux, triste et en colère, cette même lueur qui l'habite encore aujourd'hui, plusieurs jours après. Elle est restée silencieuse depuis, ses rares paroles se résument à des réponses très brèves. Lorsque ses amis viennent à la maison, c'est à peine si la jeune femme relève le regard vers nous. Notre amie ne s'occupe presque plus de ses enfants, elle leur donne de rares baisers, quelques mots d'amour mais ça s'arrête là. Côme essaie de savoir ce qu'elle a, de la faire sourire ou tout simplement de la faire parler, mais toutes ses tentatives sont vaines. Contrairement à ce que je craignais, le garçon ne baisse pas les bras, ce matin avant d'aller à l'école, il m'a même demandé de parler sérieusement avec sa mère.

Nous ne savons plus quoi faire pour la faire parler, Charlie n'a jamais voulu nous raconter ce qu'il s'est passé. Mon père a essayé de comprendre, il lui a posé des questions sans être trop indiscret et sans forcer, mais Charlie n'a jamais daigné à dire quoi que ce soit. Une nuit, l'une des rares où la brune parvient à trouver le sommeil, je l'ai entendue pleurer. Malgré l'épaisseur des murs de mon appartement, je l'entendais comme si j'étais à côté d'elle. J'ai hésité durant de longues minutes entre rester dans mon lit et l'écouter extérioriser son chagrin, ou bien aller la rejoindre et la prendre dans mes bras. J'en suis vite venu à la conclusion qu'il serait préférable de la laisser seule, tout le monde est en permanence sur son dos, il fallait la laisser respirer un peu. Et même si je mourrais d'envie de la rejoindre, de lui dire que tout ira bien, je suis resté spectateur. Cette nuit là, je n'ai pas fermé l'œil, je fulminais intérieurement, je cherchais qui avait bien pu la rendre aussi malheureuse, elle l'était déjà assez comme ça après la mort subite de ses parents.

Le mois d'avril a débuté depuis plusieurs jours, l'anniversaire de Charlie est dans deux jours, elle va avoir 25 ans. Manon et Emma se réjouissaient à l'idée de le fêter, surtout maintenant que les deux sœurs jumelles sont enfin réunies. Cependant, Charlie les a vite faites déchanter en refusant qu'on le fête, ou du moins qu'on le lui souhaite. La jeune femme n'a pas voulu faire de peine à ses amis, ni même à sa sœur et encore moins à ses enfants, elle nous l'a souvent dit apeurée à l'idée qu'on pense qu'elle ne voulait plus de nous, ou bien d'autres idées encore plus sombres. Jamais de telles choses ne me sont passées par là tête, mais je trouve ça adorable qu'elle nous rassure.

Seulement nous sommes arrivés à un moment où ça ne peu plus durer, Charlie doit parler à quelqu'un, si elle refuse ainsi soit-il, mais elle doit se reprendre. Ses amis ont besoin de retrouver leur Charlie, j'ai besoin de retrouver ma Charlie, celle dont je suis tombé amoureux et plus important encore, Cassiopée et Côme ont besoin de retrouver leur maman.

***

Je sors de ma voiture, la tête pleine de questions, de scénarios improbables, c'est aujourd'hui que je vais parler avec la jeune brune. Je ne la laisserai pas fuir, pas cette fois, c'est terminé. Il faut que la situation s'améliore, ça devient vraiment insupportable. Charlie a fini un peu plus tôt que moi, je suis rassuré lorsque je vois sa voiture garée sur la place de parking à côté de la mienne. Elle n'est pas partie se promener en ville. Je monte les escaliers, les marches défilent devant mes yeux, j'arrive très vite à la porte de mon appartement. Je croise Ariette avec qui j'échange quelques mots, sa bonne humeur est communicative. J'aime beaucoup cette vieille dame, elle est adorable. C'est donc avec un petit sourire que j'entre dans mon appartement, aussitôt Fantôme accourt vers moi, la langue pendue. Je le caresse la tête et joue quelques instants avec lui, puis je pose ma veste de costume sur une des chaises de bar tout en cherchant mon amie du regard.