Soulmate - Tome 3

Chapitre 1

Kerian

Sept ans, sept putains de longues années. Je n'ai pas remis les pieds aux Etats-Unis depuis sept putains d'années. Je me demande bien ce que je peux aller foutre là-bas, je sais pertinemment que je ne suis plus le bienvenu à Miami. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai décidé d'atterrir à New-York, et non dans ma ville natale. Après cette foutue interview du New-York Times je devrais continuer ma route pour passer les fêtes de Noël chez mes parents, mais bien évidemment, je me défilerais encore une fois. Voilà cinq ans que je leur promets de passer les fêtes avec eux, des promesses non tenues, comme toujours ! Et cette année n'échappera pas à la règle.
  Putain, sérieusement, je n'ai rien à faire là-bas, ma sœur tout comme Holly me détestent et Owen ne m'a pas donné de nouvelles depuis presque trois mois. Lui, Sandy et Jil ont étés les seuls à me rendre visite à Paris. Il faut dire que ma baraque manquait d'animation ! Je peux maintenant prétendre avoir réussi ma vie, avoir achevé mes rêves, avoir l'argent dont j'ai toujours rêvé, une belle moto, deux sublimes voitures, les filles que je veux ; et pourtant, ma maison tout comme mon être restent vides. Comme si la moindre émotion s'était envolée de ma personne à la seconde ou j'ai pris ce putain d'avion il y a presque sept ans. La clé de ma réussite est peut-être là ? Peut-être que ce sont les sentiments qui m'ont toujours enchaînés, empêchés de faire ce dont j'ai toujours rêvé ? Je l'ignore.

– Excusez-moi, monsieur ?

  J'ouvre les yeux, sorti de mes pensées par une voix féminine à ma gauche. Pourvus qu'elle soit mignonne. Mais lorsque je me tourne en direction de la voix, je me retrouve face à une femme de la trentaine avec, accroché à son bras droit, un mioche. Il ne doit, à première vu, pas avoir plus de sept ans.

– Je peux... vous aider ?

  Le gosse se dandine en plein milieu de l'allée de l'avion.

– Mon fils vous regarde depuis tout à l'heure et... il me réclame de venir vous voir, je suis confuse de vous importuner.

  Je reconnais immédiatement l'accent de la femme. Elle n'est définitivement pas française. Je jette un œil au mioche trépignant toujours d'impatience, passe ma main dans mes cheveux, souffle bruyamment avant de faire signe au petit blondinet aux yeux bleu de me rejoindre. La femme ressemblant comme deux gouttes d'eau à son fils prend place sur le siège à ma droite et le gosse s'assied sur elle.

–  Pourquoi est-ce que tu as du noir partout sur tes bras ? Glousse-t-il.

  Ça s'appelle des tatouages, des putains de tatouages, est-ce que c'est si dur à comprendre, même pour un gamin de sept ans ? Je n'ai jamais aimé les gosses, ils n'apportent que des problèmes, chialent et chient dans leur couche à longueur de journée. Je dois alors me faire violence pour rester courtois.

–  C'est des tatouages, t'es trop petit pour t'en faire.

–  C'est joli, la fleur, là.

  Il accompagne sa réponse d'une petite caresse sur la rose tatouée sur mon avant-bras. Il n'est peut-être pas si con que ça finalement !

–  Merci mon pote.

  Il glousse à nouveau tout en murmurant quelque-chose à l'oreille de sa mère.

–  Vous vous rendez aussi à New-York ? Demande-t-elle.

  Sa peau légèrement blanchâtre me rappelle vaguement le joli teint d'Holly. Cette simple idée me provoque un horrible pincement au cœur.

–  Je suis d'ici en fait, enfin, de Miami. J'ai un rendez-vous à New-York.

  Son sourire est radieux et chaleureux. Elle passe sa main sous ses yeux, comme pour faire disparaitre ses quelques cernes pendant que son gosse s'amuse avec une mèche de ses longs cheveux blonds.