Soulmate - Tome 3

Chapitre 27

Holly

A mon réveil ce matin, l'intégralité de mon corps tremble des souvenirs de la veille. J'ai l'impression de ressentir à nouveau les mains de Kerian posées sur moi, ses lèvres pleines caressant charnellement ma nuque, son regard empli d'envie rivé sur moi. Et si Henry n'avait pas été là ? Si nous n'avions étés que tous les deux, comment est-ce que ça se serait fini ? Des papillons semblent parcourir ma fleur à la seconde ou je me pose cette question.

Après la scène de la cuisine, Kerian et moi avons mangés en compagnie du petit Henry. L'emmenant se coucher après le repas, il m'a bien fallu une bonne trentaine de minutes pour parvenir à l'endormir tant ce dernier était ravis du fait d'avoir passé la soirée avec Kerian. Passant ensuite une bonne heure avachis tous les deux sur le canapé, occupés à discuter de ces sept longues années, je me suis surprise à adorer cette soirée passée avec lui. Ses caresses ainsi que le contact de sa peau contre la mienne tandis que je me trouvais dans ses bras, sur le canapé m'avaient tant manqués. Et à la seconde ou les Davis sont rentrés, je n'ai pu m'empêcher de rire en entendant le beau blond justifier sa présence ici, sous les regards amusés de Ian et Rebecca. Je pensais qu'ils m'en voudraient de l'avoir laissé entrer ici, je pensais même qu'ils me passeraient un savon. Au lieu de ça, j'ai fait face au regard empli de sournoiserie de Rebecca tandis que mon supérieur affichait un regard empli de joie.

- Holly ?

La petite voix de Rachel me fait presque bondir de frayeur. Cette dernière, postée à la porte, me rejoint sur le lit en s'esclaffant.

- Tu m'as fait peur, Rachel !

Elle rit de plus belle.

- A quoi est-ce que tu pensais ?

- A Kerian.

C'est pas vrai, ne me dites pas que j'ai bel et bien dit ça tout haut ! Je jure intérieurement tout en me redressant, observant la mine amusée de mon amie.

- Comment s'est passée ta soirée avec lui ?

Je m'étouffe.

- Quoi ? Comment est-ce que tu sais que Kerian était avec moi ?

- C'est mon frère, Holly, je le connais, et je sais qu'il n'aurait pas passé sa soirée seul dans cette chambre d'hôtel après ce qu'il s'est passé hier.

La brusque bagarre de Leo me revient soudain en mémoire. Pourquoi est-ce que je ne parviens pas le moins du monde à me sentir coupable de l'état du beau brun ?

- Merci de l'avoir retenue, Rachel.

La sublime blonde aux cheveux courts se glisse dans mes bras. Une certaine once d'angoisse se dessine alors sur son visage.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Leo vient d'appeler. Il veut te parler, il t'a donné rendez-vous dans le restaurant en face du Times pour ta pause déjeuner.

Un sentiment d'angoisse me saisit de plein fouet. Revoir Leo après ce qu'il s'est passé avec Kerian hier est loin d'être une bonne idée. Qu'est-ce que je pourrais lui dire ? M'excuser de son état alors que je ne le pense pas le moins du monde ? Lui promettre que je ne m'approcherai plus de Kerian alors qu'il est évident que je ne tiendrai pas cette promesse ? Je ne devrais pas y aller, annuler ce rendez-vous et fuir Leo une bonne fois pour toutes. Mais en même temps, je ne peux pas infliger à Leo ce que Kerian m'a infligée, je me montrerai égoïste en refusant d'avoir cette explication avec lui.

***

En quittant le bureau à midi, je ne suis plus le moins du monde angoissée. A vrai dire, je n'ai plus qu'une envie : que toute cette histoire se termine. Leo ne peut pas rester entre Leo et moi, il souffrirai plus qu'autre chose et je me refuse à continuer de l'utiliser tel une éponge à mon malheur. Il mérite une femme qui fasse de lui sa priorité comme il l'a toujours fait avec moi.

Lorsque j'entre dans le restaurant situé juste en face du Times, mon regard se pose instantanément sur Leo. Ses balafres semblent faire se retourner une bonne partie des clients du restaurant. Kerian ne l'a pas manqué ! Sa lèvre est fendue, son nez a viré au noir tout comme le dessous de son œil gauche. Son front est marqué de quelques coupures et sa joue bleutée. Je n'en reviens pas, le blondinet ne l'avait jamais autant amoché.

- Tu es venue, souffle-t-il.

Il semble avoir du mal à parler, comme si le simple fait d'ouvrir la bouche lui procurait une douleur sans nom.

- Je suis là. De quoi est-ce que tu voulais parler ?

J'ai conscience de la froideur de mon ton, et pourtant je ne parviens pas à faire preuve de culpabilité.

- De nous, Holly. Si tu sais ou on en est alors dis le moi, parce-que moi, je l'ignore. Qu'est-ce qu'il t'arrive, je pensais que tu étais sûre de toi cette fois, je pensais que tu m'aimais vraiment.

Le plus douloureux est le fait de me dire que j'y croyais moi-même. Que je croyais moi-même en mes sentiments envers lui. J'ai toujours cru trouver en Leo tout ce dont j'avais besoin ; une certaine forme de sécurité tout en étant avec une belle personne si bien d'un point de vue mental que physique. J'ai toujours pensé que sa bonté et son acharnement parviendraient à me faire oublier Kerian, à me faire balayer d'un revers de main toute la souffrance dont il a été question entre lui et moi. Et pourtant, chaque fois que le beau blond se trouve face à moi, je ne réponds plus de moi, je ne parviens plus à voir les bons côtés de Leo, ne distinguant plus que sa manière de continuellement me séparer de Kerian, sa manière de s'acharner à penser que je pourrais être la bonne personne pour lui tandis que mon cœur n'appartient qu'à un autre.

- Je crois qu'on a besoin de prendre du temps pour réfléchir chacun de notre côté.

Il vire au rouge.

- Alors tu me quittes ? C'est ça ? Grince-t-il.

Pourquoi est-ce que je ne parviens pas à hurler haut et fort qu'arrêter cette histoire est tout ce dont j'ai envie ?

- Laissons passez les fêtes et on en rediscutera. En attendant, on devrait voir comment ça se passe lorsque on est séparés.

Au fond de moi, j'espère que ces quelques jours parviendront à atténuer la peine que je lui causerai sûrement au retour de Miami. Peut-être que ces quelques jours parviendront à le faire se détacher de moi ?

- Ton foutu ex me casse la gueule, et toi, tu décides une nouvelle fois de te casser avec lui. J'avais raison en disant que tu as toujours été à ses pieds, Holly Jensen.

- Ecoute-moi bien, Leo. Vos histoires vous regardent, je n'en ai rien à foutre de savoir comment cette petite guéguerre a commencé, mais une chose est sûre, parle encore une seule fois de moi de la sorte, et je te garantie que Kerian ne sera pas le seul à t'infliger de telles blessures. Compris ?

- Bien. Tu n'as cas retourner avec cette merde de Kerian. Mais une chose est sûre, Holly, lorsqu'il t'aura de nouveau abandonné ; inutile de revenir vers moi.

Il ne me laisse pas le temps de répondre et quitte le restaurant, furibond, me laissant seule sous les regards emplis de pitié de parfaits inconnus.