Chapitre 40

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Kerian

Putain de merde, dites moi que c'est une blague, que ce n'est qu'une putain de blague et que ce connard ne vient pas réellement de la demander en fiançailles. J'aimerai me marrer tant sa demande est ridicule, me tordre de rire à la manière d'Owen, Jil et Sandy, mais toute la haine portée à ce connard m'en empêche. Je devrai fondre sur cette petite merde pour lui faire regretter ses paroles.

- Je...

La voix d'Holly est tremblante, putain, ne me dites pas qu'elle hésite. Mais elle ne prend pas le temps de répondre et part en courant jusqu'au jardin, rapidement suivie par Owen. Il ne faut, après le départ d'Holly, pas une minute à Leo pour se ruer sur moi.

- C'est ta faute, tout est de ta faute, beugle-t-il.

- Je sais. Et j'en suis ravi.

Mon ton incroyablement froid le fait reculer d'un pas. Cette petite merde a peur de moi, il sait pertinemment de quoi je suis capable, et cette fois, Holly n'est pas là pour me retenir.

- Elle m'aurait épousé si tu n'étais pas revenu.

- Elle n'aurait jamais accepté de passer le reste de sa vie avec une petite merde dans ton genre.

Et alors qu'il répond par un coup de poing dans mon estomac, je m'apprête à m'élancer sur cette merde. Mais je me retrouve rapidement arrêté par monsieur Jensen, le regard sévère et les lèvres retroussées.

- Il n'en vaut pas la peine, souffle-t-il à mon oreille. Vient avec moi.

Je suis le père d'Holly jusqu'à la cuisine, observant tous les invités se ruer sur lui pour s'assurer qu'il se porte bien. Putain, il vient de m'en mettre une et il parvient encore à me faire passer pour le fautif.

- Je suis désolé que Barbara l'ai fait venir.

- Pourquoi est-ce que vous êtes désolé ? Pourquoi est-ce que vous me défendez après ce que j'ai fait à Holly ?

- Parce-que je sais qu'elle n'est pas amoureuse de Leo, elle ne l'a jamais été.

Je ne peux camoufler une certaine joie. Si même son père le perçoit, alors ce connard de Leo devait être sacrément aveugle ces dernières années.

- Après ce que tu as fait à ma fille, je ne peux pas dire que j'approuve votre relation.

Je perds tout sourire avant de me mettre à observer l'autre connard, en pleine discussion avec la mère d'Holly.

- Mais je sais aussi de qui ma fille est réellement amoureuse. J'aurais aimé qu'elle puisse t'oublier, mais ça n'a pas été le cas. Alors à toi de te montrer digne des sentiments qu'elle te porte encore.

Le père d'Holly a toujours été un homme incroyablement sage, à vrai dire, il lui est arrivé, dans mon enfance, d'être bien plus présent que mon propre père. Je me surprends à repenser à nos matchs de football dans le jardin des Jensen, Owen et moi affrontions son père tous les samedis midi, et bien évidemment, nous gagnions toutes les semaines ! Cette simplicité me manque, mon innocence me manque.
Mais tandis que je m'apprête à répondre à monsieur Duchemin, je vois Holly débouler dans la pièce, se ruant vers Leo. Ses yeux sont bordés de larmes et son visage rougit par la colère.

- Comment est-ce que tu as pu faire ça, Leo ?

- Faire quoi ? Je t'aime, Holly, je suis amoureux de toi.

- Je n'en ai rien à faire. Toi et moi c'est terminé, tu n'es venu ici que dans le but de le provoquer, tu n'es venu ici que dans le but de mettre Kerian en colère. Qu'est-ce que tu veux prouver en faisant ça ? Que tu n'es que le pauvre type en concurrence avec un ingérable et violent connard ?

- Je voulais que tu prennes conscience de qui te rendait réellement heureuse.

- Une chose est sûre, Leo, ce n'est pas toi. Pourquoi est-ce que tu n'arrives toujours pas à comprendre que ma mère se sert de toi dans le seul but de m'éloigner de lui ? Pourquoi est-ce que tu n'arrives pas à comprendre que malgré tout, c'est lui que j'aime.

Je n'ose pas bouger d'un cil, observant toujours la scène depuis la cuisine. Les sanglots accompagnant ses beuglements rendent son discours d'autant plus touchant. Si madame Jensen ne me fusillait pas du regard et si son mari ne me retenait pas le bras pour que je ne fonde pas sur la petite merde de Leo, alors j'accourrai vers Holly pour écraser mes lèvres contre les siennes.

- Tu t'es servi de moi depuis le début, tu n'es qu'une petite garce.

Là, c'est le père d'Holly qui se rue vers Leo, le faisait reculer de deux grands pas.

- Insulte ma fille encore une fois et je te jure que ces bleus sur ton visage ne seront pas tes derniers.

Le grognement de monsieur Jensen me fait marrer. Je ne l'avais jamais vu protéger sa fille de la sorte. Je me vois bien protéger ma gosse de cette manière plus tard ! Attendez, quoi ? Est-ce que je pense réellement à avoir des gosses ? J'n'y crois pas, il en est hors de question ! Il est hors de question que je me coltine un petit merdeux. Pas même avec Holly.
Je rejoins ma blondinette pour me saisir, de ma main droite, de sa hanche frêle. Elle est tremblante.

- Tu devrais dégager d'ici tout de suite, je siffle à l'abruti me faisant désormais face.

- Il va te briser.

Cette fois s'en est trop, je suis resté calme durant tout son putain de discours, et je suis même parvenu à ne pas lui en foutre en retour, je l'ai écouté déblatérer ses conneries mais je ne peux plus retenir la rage bouillonnant en moi. Alors, pris d'une fureur sans nom, je me saisis à pleine main de sa gorge pour le pousser jusqu'à la porte de la maison sans même le lâcher. Ses yeux semblent rougis par le manque d'air et sa gueule blanchâtre. Une fois foutu dehors, je referme la porte sous son nez sans même écouter les multiples insultes sortant de sa bouche.

- Qu'est-ce que tu lui a fait ? S'étrangle madame Jensen, affolée.

- Fermez-là Barbara ou vous le rejoignez dehors.

Monsieur Jensen glousse tandis que ma mère et mon père affichent une mine effarée. Mais lorsque je m'apprête à rejoindre Holly, cette dernière n'est plus là.

Soulmate - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant