Chapitre 62

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Kerian

  Putain, pourquoi est-ce qu'elle reste muette ? Pourquoi est-ce qu'elle ne me répond pas ? Je savais que mon idée était merdique à la seconde ou j'ai eu le malheur de la présenter à Jil et Sandy, je savais qu'elle craignait d'autant plus après tout ce qu'il s'est passé depuis. J'aurais dû fermer ma gueule, ce n'était pas le bon moment, pas le moins du monde.
  Je me trouve alors planté là, comme un con, un genou à terre et tendant de décrypter le regard d'Holly. Je ne parviens même pas à distinguer la moindre once d'émotion transparaître de son visage. 
  Plus les secondes passent, et plus j'ai cette folle envie de me relever d'un bond, accourant dans la maison et me camouflant sous mon lit pour le reste de mes jours. Putain, je pense comme un gosse de huit ans.
  Mais alors que je m'apprête à mettre cette puérile idée à exécution, la sublime blonde vêtue de la magnifique robe offerte quelques jours plus tôt fond en larme, se laissant tomber sur l'estrade tout en me serrant finalement dans ses bras. Et là, j'ai l'impression de pouvoir respirer de nouveau.

- Oui, Kerian, je veux t'épouser.

  Et tandis que je lui passe le petit anneau couvert de fins cristaux, je ne parviens pas à calmer mes tremblements. Je dois être ridicule !
  Ses lèvres se posant sur les miennes sous les applaudissement de toute la foule face à nous, je parviens enfin à retrouver la maîtrise de mon corps.

- Je t'aime, Holly, je murmure à son oreille tandis que nous nous relevons tous les deux, quittant l'estrade.

- Je t'aime aussi.

  Et alors que son adorable main se glisse dans la mienne, je vois apparaître face à nous madame Jensen, rouge de colère et les bras croisés.

- Vous deux, à l'intérieur.

  Je sens la main d'Holly se mettre à trembler alors que nous suivons Barbara Jensen jusqu'à l'intérieur de ma baraque. Putain, qu'est-ce qu'elle peut bien nous vouloir ? Il est hors de question que ce moment soit gâché par cette coincée. Je pensais pourtant que mon petit discours à son égard avant de me tirer chercher Holly à New-York lui avait remis les idées en place. Je me suis visiblement trompé !
  Du coin de l'œil, je peux apercevoir Owen, monsieur Jensen, Rachel et mes parents nous suivre. Cette histoire va tourner au vinaigre.

- Qu'est-ce qu'il t'a pris, Kerian ? Beugle la mère d'Holly une fois dans le salon.

- Je compte bien épouser votre fille, que ça vous plaise ou non.

- Maman...

- Toi, tais-toi, Holly. Tu es inconsciente, tu es stupide, comment est-ce que tu peux encore croire à tout ce qu'il raconte ?

  Là, je m'emporte, avançant de deux grands pas pour ne me retrouver qu'à quelques centimètres du visage de madame Jensen. Comment est-ce qu'elle peut oser parler à Holly de la sorte. Je lui en aurai certainement foutu une en pleine gueule si ça n'avait pas été une femme ; famille ou non.

- Non, c'est toi qui va te taire et m'écouter, beugle ma blondinette. Tu t'es toujours fichue de savoir comment Owen et moi allions, tu ne t'es jamais intéressée à nous. Tout ce que tu as toujours su faire c'est rejeter toutes nos conneries sur la faute de Kerian. Alors tu as peut-être raison, je suis peut-être stupide de le croire, mais tu sais ce qui me rend d'autant plus stupide ? C'est d'avoir pensé qu'après toutes ces années tu aurais pu devenir quelqu'un de meilleur. Je me suis plantée, tu es toujours une garce prête à tout pour nous séparer. Mais tu sais quoi, maman ? A ton plus grand damne, ça n'arrivera pas.

  Ça c'est ma blondinette. Je ne peux cacher un petit rictus de joie en voyant la face de cette coincée de Barbara Jensen se décomposer.

- Barbara, il me semble que Kerian et Holly sont les deux seuls concernés par cette histoire de mariage.

  La réplique de ma mère me fait sourire, je bondis cependant devant Holly en voyant sa mère faire un pas dans sa direction, furibond. Me postant face à elle, elle n'ose pas me regarder dans les yeux, le regard rivé sur mon torse. Je lance un bref regard à ce dernier, notifiant la présence du sublime cadeau de Noël offert par Holly sept ans plus tôt. Je n'ai jamais trouvé le courage de retirer sa chaîne, à vrai dire elle semblait s'être tant imprégnée de ma chair que j'en ai rapidement oublié sa présence. 

- Je ne viendrai pas, grommelle-t-elle, désormais presque tremblante.

- Barbara, gronde monsieur Jensen tout en saisissant du bras de sa femme.

  Au fond de moi, je me suis toujours demandé comment ce dernier avait bien pu rester tant de temps avec cette folle ! J'ai toujours respecté madame Jensen, j'ai presque toujours été courtois avec elle, mais son petit côté garce m'a toujours épuisé. Ce qu'il lui est arrivé n'est en rien une raison pour se comporter de la sorte et je trouve que Bill Jensen s'est, bien trop de fois, laissé attendrir par cette histoire.

- C'est ridicule, Barbara, ne dis pas de bêtise, c'est ta fille, souffle à son tour ma mère en déposant sa main sur la nuque d'Holly.

- Ça ne l'est plus.

  Là-dessus, madame Jensen tourne les talons, regagnant le jardin furibonde. Ma mère, perchée sur ses talons hauts, s'empresse de la suivre, manquant de trébucher sur le sol.

- Les petites réunions de famille avec vous deux dans les parages m'avaient manqué ! Glousse Owen en se glissant derrière Holly pour le prendre dans ses bras.

- Bill, un petit verre de whisky dans mon bureau ?

  Monsieur Jensen accepte volontiers, accourant presque jusqu'au bureau de mon père.

- Alors... vous comptez vous marier ?

- Il faut croire, glousse Holly.

- T'es sûr de toi mec ?

- Plus que je ne l'ai jamais été. Si... si t'es ok bien-sûr.

  Intérieurement, je me marre. Je me demande bien pourquoi je lui demande son accord. Après tout, ce n'est pas comme si je l'avais fait quand Holly et moi avons commencé à sortir ensemble sept ans plus tôt !

- Ok. A deux conditions.

- Owen... souffle Holly, presque suppliante.

- La première... c'est que tu acceptes d'être le parrain de mon futur fils ou ma futur fille.

  Une larme perle sur le long de sa joue. Putain, il est hors de question que je me mette à chialer à mon tour.

- Je... ouais, j'accepte. 

  J'ai beau tenter de rester de marbre face à sa demande, ma gorge se noue.

- Et... l'autre condition ? Je renifle.

- Je veux que tu bouges ton cul et que tu fasses danser ta futur femme sur le champ.

  Cette fois, je me marre. Moi ? Danser ? Putain, j'ai toujours détesté ça. Mais en voyant la mine plus qu'enjouée d'Holly, je ne trouve pas la force de refuser.
  Entendre le mot "futur femme" sortir de la bouche d'Owen me fait bizarre. Jamais je n'aurais pensé passer à ce stade avec Holly, je veux dire, j'ai toujours souhaité passer le restant de mes jours avec elle, mais jamais je n'aurais pu penser que je trouverai le courage de lui faire ma demande. A vrai dire, j'ai toujours trouvé que le mariage n'était qu'une saloperie surfaite uniquement bonne pour dépenser du fric ! Tout à changé lorsque je suis revenu aux Etats-Unis, et d'autant plus en apprenant celui de Jil et Sandy. A cet instant précis, tout ça m'est apparu comme une évidence. A la seconde ou j'ai appris la nouvelle, j'ai compris ce que je devais faire.

- Ok. Allons danser.

Soulmate - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant