Soulmate - Tome 3

Chapitre 64

Kerian

- Alors ta mère t'a caché ça tout ce temps ? S'étouffe Rachel alors que je trouve enfin une place pour me garer devant ce foutu aéroport.

- Oui. Ensuite, mon père m'a expliqué qu'il en avait déjà touché un mot à Kerian.

- Et cet idiot ne t'en a pas parlé ensuite ?

- Ferme-là, ce n'étais pas à moi de le faire.

  Je glisse ma main sur la cuisse d'Holly, plongeant mon regard dans le sien.

- Tu seras bientôt de retour ?

- Dans une dizaine de jours, le temps d'aider Rachel à trouver un nouvel appartement.

  Je savais pertinemment que ma frangine ne verrait pas cet emménagement d'Holly à Miami d'un mauvais œil, et j'ai eu raison. Ma sœur s'est effondrée de joie en apprenant l'offre d'emploi proposée à Holly. J'avais raison en disant que ma cadette avait changé et bien que le fait de ne pas pouvoir profiter plus longtemps de cette nouvelle Rachel me peine, je suis bien content qu'elle n'ait pas agi comme la petite garce qu'il lui arrivait d'être quelques années plus tôt.
  Et après les avoir aidé à sortir leurs valises, pris ma sœur dans mes bras et embrassé Holly tout en la serrant du plus fort que j'en suis capable, je grimpe de nouveau dans ma caisse, démarrant en trombe pour rejoindre Jil et Sandy. Putain, j'avais presque oublié ce foutu rendez-vous à l'orphelinat. Je me demande encore pourquoi j'ai dis oui. Je roule donc en direction de chez les filles.
  Durant tout le trajet, je ne parviens pas à m'arrêter de me demander quand mon appartement ainsi que ma boutique à Paris vont bien pouvoir être vendus. Commencer mon nouveau job aux côtés de Charlie et Val me botte, mais avoir assez de thune pour pouvoir nous payer, à Holly et moi, une petite baraque non loin de là devient urgent. Si bien que je suis bien content de ne commencer à bosser que la semaine prochaine, me laissant ainsi le temps de retourner à Paris pour vendre toute cette merde et récupérer un petit paquet de pognon. Et après ça, toute cette période sera derrière moi, je rembourserai ma dette et emménagerai auprès de ma futur femme.
  Putain, je ne parviens toujours pas à me dire que d'ici peu, Holly deviendra ma femme. En revenant ici, j'avais cette putain d'impression d'être redevenu ce lycéen poussant la blondinette de la maison d'en face à transgresser les règles établies avec ma sœur. J'ai désormais l'impression d'avoir fait un bond de plus de dix ans, me retrouvant en moins de deux fiancé à cette sublime créature.

***

- J'espère faire partie des demoiselles d'honneur pour votre mariage, roucoule Jil, assise sur le siège passager.

- Owen et Rachel seront sûrement nos témoins. J'imagine qu'être demoiselles d'honneur ne sera pas un problème, et puis... rien n'est organise, putain, je glousse.

  Elle saute à l'extérieur de la voiture à la seconde ou je me gare enfin devant l'orphelinat. Les mines réjouies et impatientes me prennent aux tripes. J'ignore depuis combien te temps ces deux-là ont commencé les démarches, et je n'ose pas le moins du monde me l'imaginer.
  Si je suis sûr d'une chose à propos de Jil, c'est qu'elle a toujours rêvé d'avoir un enfant. Je m'étais foutu d'elle quelques années plus tôt, lorsqu'elle s'était confiée à moi, mais la vérité c'est que ce désir d'élever un enfant m'avait presque touché. Elle sera une bonne mère, Sandy et elle seront des mères incroyables.
  C'est alors sous les regards inquisiteurs de gamins jouant dans la petite cours de l'orphelinat que nous entrons tous les trois dans les locaux. Je ne me sens pas le moins du monde à ma place ici, tous ces enfants me font mal au coeur, tout l'espoir sur leur visage alors que nous ne venons que d'entrer dans le bâtiment me brise le coeur. Putain, je ne peux pas m'empêcher de me demander comment toutes ces personnes ont pu avoir l'audace de faire des gosses, les laissant ensuite moisir ici, les laissant avec l'unique espoir d'un jour trouver une famille qui saura s'occuper d'eux.