Soulmate - Tome 3

Chapitre 38

Kerian

En me garant enfin devant le salon de tatouages de Val et Charlie, mon coeur bondit de ma poitrine. Putain, je sens que je vais m'en prendre une !
En partant sept ans plus tôt, j'avais décidé de demander à Charlie de m'emmener jusqu'à l'aéroport, lui assurant que ma famille ainsi qu'Holly étaient bien au courant de mon départ. J'ai menti, et les quelques messages menaçants suivant mon arrivée à Paris m'ont suffit pour comprendre que Charlie était réellement en rogne contre moi. Les relations sont bien meilleures aujourd'hui, je l'ai eu de nombreuses fois au téléphone et la haine qu'elle me portait semblait s'apaiser au fil du temps, bien qu'elle m'ait toujours promis de me botter le cul dès lors que je me pointerai de nouveau ici !
Et en entrant dans la boutique, la mine effarée de Charlie me fait presque marrer. Elle se trouve plantée là, derrière le comptoir, face à un client quelconque.

- Qu'est-ce que tu fous là ? S'égosille-t-elle.

- Surprise...

Je tends mes bras vers elle, le regard hésitant. Cette dernier bondit de son tabouret, s'excusant auprès du client, contourne le comptoir puis se rue vers moi pour m'assigner une incroyable gifle. Celle-ci, je l'ai méritée !
Observant ma vieille amie, je me rends compte que ses cheveux ont légèrement poussés, bien qu'ils restent excessivement courts. Elle semble bien moins maigrichonne qu'à l'époque et je constate qu'elle s'est mise à bien plus se maquiller. Ce nouveau look lui va bien, et les quelques piercings couvrant désormais ses oreilles, son nez ainsi que ses lèvres et son arcade sourcilière collent parfaitement à la peau de la grande tatoueuse au cheveux charbonneux.

- Tu n'es qu'un con, Kerian Duchemin !

Et après m'avoir collé une tape, légèrement moins forte, dans le biceps, elle agrippe mon buste pour me serrer dans ses bras du plus fort qu'elle en est capable, et une chose est sûre, j'avais sous-estimé la poigne de Charlie !

- Je sais.

Elle fait volte-face vers son client, terminant de régler je ne sais quoi puis, à la seconde ou ce dernier quitte enfin le salon, elle me saute à nouveau dans les bras.

- Comment est-ce que t'es venu ? Et... pourquoi est-ce que tu ne m'as pas appelé pour que je vienne te chercher à l'aéroport ?

- Je... en fait je suis venu avec Holly. En voiture.

Elle déglutit, reculant d'un pas pour croiser ses bras et froncer ses sourcils. Ses bras semblent recouverts de bien plus de tatouages qu'à mon départ.

- Holly ? Qu'est-ce qu'il s'est passé, Kerian ?

Elle me fait asseoir sur le grand canapé occupant le centre de la pièce avant de s'y avachir à son tour.

- Je me suis pointé à New-York pour une interview avec un journaliste du Times, et c'est elle qui est venue.

Charlie se marre tout en déposant ses boots sur mes cuisses couvertes d'un vieux jean noir troué.

- Tu te fous de moi ?

- Non ! Et ensuite j'ai découvert qu'elle était avec cette petite merde de Leo.

- Putain de morveux, grogne-t-elle.

- Tu l'as dit. Alors j'ai dû lui casser la gueule, faire du chantage à un foutu gosse, emmener Holly passer une journée à New-York et bien-sûr m'excuser pour me conneries, et me voilà !

Elle se marre. Et je n'ai pas le temps de reprendre qu'une gamine aux cheveux d'un noir corbeau titube jusqu'à nous. Les petites couettes redressant ses cheveux aux deux coins de sa tête sont presque adorable et je ne peux que remarquer la ressemblance flagrante avec Charlie. Ses yeux en amande d'un joli marron sont identiques à ceux de mon amie tout comme la forme de ses lèvres rosâtres.