Soulmate - Tome 3

Chapitre 10

Kerian

— Il faut avouer que ta frangine a sacrément changé ! Glousse ce con de Peter en se servant un steak tout juste sorti du barbecue.

Sa remarque à l'attention d'Owen me met en rogne. Putain, de quel droit est-ce qu'il parle d'Holly comme ça ? J'aimerai lui mettre mon poing dans la gueule pour l'obliger à se la fermer.

— Ma sœur ne fera pas parti du pari, les règles n'ont pas changé mec; tout saut la famille.

Je ne sais pas comment Owen peut bien garder son calme à cet instant précis. Il a toujours été bien trop calme à mon goût !

— C'est bien dommage !

Là-dessus, je me lève d'un bond. S'en est trop. Il faut qu'il ferme sa gueule avant que je n'enfonce sa putain de face contre la table en verre du jardin.

— Suis-moi.

Mon grognement le fait marrer. Il rigolera moins une fois qu'il aura perdu quelques putains de dents. Alors que nous nous éloignons près de la piscine, la mine amusée de Peter laisse soudain place à un regard lubrique. Quel connard.

— Ne me dit pas que tu viens défendre la grosse Holly ?

— Ferme ta gueule.

Mon beuglement attire l'attention d'Owen qui bondit de sa chaise. Il reste cependant immobile, observant la scène de loin.

— Ok. Je vois, elle a perdu quelques kilos et pris des seins alors tu veux te la faire ? Tu sais ce que j'aime chez mini Jensen ? Son petit côté vierge effarouchée !

Mon sang ne fait qu'un tour et en moins d'une seconde ce con de Peter se retrouve propulsé contre l'abri de jardin face à moi. Tout le ketchup préalablement étalé sur son foutu steak vient alors éclabousser mon teeshirt blanc immaculé. Putain, ce teeshirt m'a coûté une petite fortune. Mon envie de lui mettre mon poing dans la gueule s'intensifie.

— Et si on jouait un peu.

— Je ne jouerai pas avec toi, Peter.

— Si tu refuses, alors je la mettrai dans mon pieu. Je parie qu'elle finira dans mon lit avant toi !

Il glousse, et moi, j'enrage.

— Qu'est-ce que tu veux, espèce d'enculé ?

— Les règles sont simples. Le pari de coucher avec toutes ces nanas de première année me fait chier. Le premier à mettre Holly dans son lit remporte deux-cent dollars. Bien-sûr, preuve à l'appui !

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Ça veut dire que si tu veux que je laisse ta petite protégée tranquille, tu devras te filmer en train de la baiser. Vu ?

— Si je le fais, tu la laissera tranquille ?

— Je te donne ma parole que je n'essayerai plus de me la faire si tu y passe avant moi. Allez, ose me dire que mini Jensen ne te fait pas d'effet !

Ce type n'est qu'un putain de vicieux. Je n'arrive pas à croire ce que je m'apprête à faire. Putain, je me déteste déjà.

— J'accepte.

  Mes yeux s'ouvrent brusquement, mon corps est empli de sueur et mon souffle court. Putain, ce n'était qu'un foutu rêve. Ou plutôt un souvenir. C'est comme ça que tout a commencé. Je n'en serais pas là aujourd'hui si je n'avais pas fait ce putain de pari avec Peter, tout aurait été si différent. Mais est-ce que je m'en serai réellement sorti si tout avait été différent ? Sans les paris j'aurais aisément pu cacher mon attirance envers Holly en l'ignorant, mais ils m'ont poussé à devenir meilleur durant un court lapse de temps. Ils m'ont poussé à voir les choses telles que je ne les avais jamais vu, à m'émanciper de la mauvaise influence de Peter. Elle m'a fait me sentir aimer tout en parvenant à me faire croire que je ne suis peut-être pas le monstre que j'avais toujours pensé. Une autre question me vient soudain à l'esprit. Qu'est-ce que j'aurais fait au retour de Luna ? Qu'est-ce que j'aurais fait sans elle pour m'épauler ? Qu'est-ce qu'il se serait passé avec elle ? Avec cette sorcière.
  Il est un peu plus de minuit quand je jette un œil à mon réveil et c'est une respiration inconnue à ma droite qui me fait presque sursauter. J'allume la lampe de chevet pour tomber face à face avec une brune au forts attribue presque nue. Putain, la serveuse de tout à l'heure. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je ne me rappelle pas avoir tant bu que ça. C'est pas vrai, mais qu'est-ce que je viens de faire ? Je bondis du lit tout en faisant les cents pas espérant bien la réveiller.

— Qu'est-ce que tu fais mon chou ?

— Tu dois partir d'ici. Tout de suite.

  Elle relève difficilement sa tête avant de se frotter les yeux. Ils sont noirci par son mascara et son eye-liner.

— Bien.

  Elle bondit à son tour du lit avant d'enfiler ses vêtements et de quitter la chambre tout en me balançant d'innombrables insultes. Je le mérite. Je n'aurais jamais dû la ramener dans cette chambre, putain, qu'est-ce qu'il m'a pris ?