Chapitre 45

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Holly

- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu m'as foutu la frousse !

Portant mon attention sur l'imposant blond posté face au lit, je ne peux m'empêcher de pouffer de rire à la vue de sa mine presque effrayée.
Ses yeux sont à demi fermés et sans doute rougis par l'alcool. Brièvement, les souvenirs de notre première nuit me reviennent en mémoire. J'ai un affreux pincement au coeur en repensant à cette nuit ; à la vidéo qui en a découlé. Je me demande encore parfois comment j'ai bien pu avoir la force morale pour lui pardonner ce pari.

- Je t'attendais, alors je me suis mise à feuilleter ton vieux carnet de dessin.

Reportant mon regard sur le vieux carnet affreusement abîmé, je ne peux qu'observer le talent dont était déjà doté Kerian. J'avais presque oublié son don pour le dessin. Je passe instinctivement ma main sur la petite rose tatouée sur ma côte par dessus mon short en jean.
Le regard de Kerian à la seconde ou je relève les yeux dans sa direction est presque impénétrable, j'ai tout de même la brève impression de distinguer une pointe de honte. Ce n'est pas vrai, pourquoi est-ce que j'ai de nouveau l'impression qu'il me cache quelque-chose ?

- La soirée s'est éternisée, t'as dû attendre un bout de temps ici.

- Pas vraiment, j'ai passé la soirée avec Rachel. Elle est allée se coucher il y a moins d'une heure.

Le grand blond retire son tee-shirt ainsi que son jean, se retrouvant rapidement torse-nu face à mon regard ébahi. Je dois ressembler à une adolescente attardée voyant son torse saillant pour la première fois ! Ce dernier se met d'ailleurs à rire en voyant mes yeux s'arrondir.

- Pourquoi est-ce que tu m'attendais ?

- Je voulais te voir.

- Ah oui ?

Sa voix suave alors qu'il me rejoint sur le lit fait bondir mon cœur de ma cage thoracique, si bien que j'en oublie rapidement la réelle raison de ma venue ici.

- Et pourquoi est-ce que tu venais me voir ?

De sa douce main, Kerian vient caresser le contour de mon collier avant de la faire glisser le long de ma poitrine, couvrant mon cou de sensuels baisers.

- Je voulais te parler de quelque-chose, s'il te plaît Kerian.

Mais ses lèvres ne quittent pas mon cou tandis que sa main se met à caresser le bas de mon ventre, glissant dangereusement sous mon short en jean.

- D'abord, j'ai envie de toi.

Je dois me faire violence pour trouver la force de le repousser, mon cœur semble se déchirer lorsque je retire sa main de sous ma petite-culotte, ce sentiment ne fait que s'amplifier à la vue de sa mine renfrogné.

- Qu'est-ce qu'il te prend ?

- Je... je voulais parler.

D'un air dédaigneux, le blondinet roule sur le côté tout en soufflant bruyamment. Mais qu'est-ce qu'il lui prend ?

- Bien, de quoi ?

- De Peter.

Sa mâchoire se resserre tandis que je le vois virer au cramoisie.

- Donc tu préfères parler de ce connard plutôt que je te touche, grogne-t-il. Je dois mal le prendre ?

- Je l'ai croisé tout à l'heure, avec sa fille.

- Sa fille ?

Il pouffe de rire.

- C'est une longue histoire. Il m'a parlé de quelque-chose concernant Luna.

Là, le visage de Kerian s'assombrit. Une forme de terreur se dessine sur son visage alors que je peux presque entendre les pulsations de son cœur cognant contre sa cage thoracique.

- Concernant Luna ?

- Est-ce que tu l'a revu à Paris ? Je veux dire... Peter m'a dit qu'elle était parti à ta recherche. Elle voulait te retrouver après ton départ.

Cette fois, il semble tout bonnement sous le choc.

- A ma recherche ? Alors... putain, cette salope me cherchait ?

J'exécute un hochement de tête tout en observant la colère monter subitement en lui. Il sait quelque-chose, je suis intimement persuadée qu'il ne me dit pas tout. Et une chose est sûre, j'en ai plus qu'assez des cachotteries de Kerian.

- Dis-moi ce que tu me caches, Kerian.

- Je... putain je ne te cache rien. Est-ce que tu me fais confiance ?

- Je n'en sais rien, tu penses que je devrai après tout ce qu'il s'est passé ?

Sur ces mots, il bondit du lit, rouge de colère. Me postant rapidement face à lui, je peux distinguer tout la hargne flambant dans ses yeux. Il est hors de lui.

- Si tu ne me fait pas confiance, alors pourquoi est-ce que tu m'as ramené ici, beugle-t-il en me repoussant en arrière.

Mais qu'est-ce qu'il lui prend ? Je suis très vite prie de terreur par son geste de colère. J'ai instantanément un souvenir de la première fois qu'il s'en est pris à moi ; machinalement, je ne peux m'empêcher de passer ma main sur mon cou. J'ai la vague impression de ressentir sa poigne le serrant fortement alors que je me retrouvais plaquée contre la porte de sa chambre. Ce souvenir me heurte de plein fouet, faisant émerger un torrent d'émotion en moi, je souhaiterai quitter cette pièce, prendre mes jambes à mon cou tant la colère semble me submerger. Et pourtant, toute la frayeur ressentie ce jour-là semble me couler au sol. Je ne peux faire un pas en arrière, il m'est même de plus en plus difficile de respirer et, lutant pour ne pas m'effondrer au beau milieu de la pièce, je dois me force à ne pas porter attention à sa mine agressive et hargneuse.

- Je voulais simplement que tu sois entouré des personnes qui t'aime, Kerian.

Il recule d'un pas, frappé par la culpabilité.

- Je... j'ai croisé Luna aujourd'hui, au bar, j'étais avec Charlie.

Le plus triste, c'est que même après sept longues années, Luna continue de nous gâcher la vie. Elle a toujours réussi, elle est toujours parvenue à ses fins, nous brisant, Kerian et moi, un peu plus à chaque fois.

- Qu'est-ce qu'elle voulait ?

- Ça n'a pas d'importance.

Pas d'importance ? Là c'est sûr, il se fiche de moi. Je n'en peut plus, j'en ai plus qu'assez de ses perpétuels mensonges. Il est hors de question que je ne vienne à découvrir d'anciens cadavres puant de son passé.

- Bien.

Ne cachant, cette fois, pas le moins du monde ma colère, je repousse l'imposant corps du blondinet, m'apprêtant à quitter la pièce.

- Qu'est-ce que tu fous ? Grogne-t-il, agrippant violemment mon bras.

Une impressionnante envie de lui en coller une se saisit de moi.

- Je rentre chez-moi. On pourra discuter lorsque tu te seras décidé à être sincère avec moi. J'en ai plus qu'assez de tous tes mensonges.

- Pourquoi est-ce que tu veux tant savoir ce qu'il s'est passé à Paris ? Je n'avais aucun putain de compte à te rendre parce-que toi et moi n'étions plus ensemble, Holly. Tout ça ne te concerne pas, putain.

Cette fois, il a hurlé. Son beuglement a sans doute dû réveiller ses parents, alors, ne voulant pas le moins du monde me confronter à eux, je me décide à quitter la chambre rapidement, sans lui laisser le temps de me retenir de nouveau.

Soulmate - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant