Chapitre 67

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Holly

Mon cœur se noue de bonheur à la vue de cette scène, la scène de cette petite fille riant aux éclats dans les bras de Kerian. Il aura beau le nier en bloc, mais je jurerai pouvoir apercevoir une immense joie dans le regard de ce dernier. Sans parler de son sourire, un sourire étincelant.
Son simple regard empli de bienveillance semble transmettre tout l'amour qu'il porte à cette petite fille. J'ai rarement vu Kerian agir de la sorte avec un enfant, non, à vrai dire je ne l'ai même jamais vu de la sorte. Et ça me fait un bien fou, car, bien que j'ai entendu par Jil et Sandy quelques échos de la manière dont s'est passée cette visite à l'orphelinat, j'avais besoin de le voir de mes propres yeux. Nerea n'est pas ce petit garçon étant parvenu à toucher le cœur de Kerian, mais elle s'y rapproche. Je ne sais pas si c'est l'histoire de Charlie et de cette petite ou bien la bouille angélique de cette gamine, mais la petite Nerea semble avoir réussi à fissurer une infime partie de la carapace du beau blond face à moi.
Cet amour que les enfants lui porte est d'ailleurs assez amusant, voir même étonnant. L'allure de gros dur de Kerian ainsi que sa peau couverte d'encre semblerai bonne pour dissuader le moindre petit être ayant le courage de poser un œil sur lui. Et pourtant, il semblerai que ces petites têtes blondes parviennent à voir au-dessus de cette carapace.
Et tandis que je ne peux décoller mon regard de cette adorable scène, Charlie, tout sourire, avance dans ma direction pour enfin se poster à ma gauche, un sourire malicieux scotché à ses lèvres.

- Ça lui va bien, souffle-t-elle à mon oreille.

- De quoi est-ce que tu parles ?

- Tenir un enfant dans ses bras lui va bien, Holly.

Sa mine presque amusée rivée sur moi me fait rougir. Mais en reportant mon attention sur la bouille d'ange de Nerea, s'amusant à attraper le bout du nez de Kerian tandis que ce dernier s'esclaffe de rire, j'ai bien du mal à le nier.

- Nerea chérie, j'ai quelque-chose à te montrer, suis-moi.

La petite fille aux cheveux charbonneux accourt vers sa mère à la seconde ou Kerian la repose sur le sol, bondissant de joie et hurlant d'entrain. C'est une chouette gamine. Et tandis que je vois les deux filles rejoindre la salle de tatouage, je m'avance à pas de loups vers Kerian, un demi-sourire aux lèvres tandis qu'il sautille d'un jambe sur l'autre.

- Angoissée ?

- Pourquoi ?

- Ton nouveau travail, glousse-t-il.

- Pas vraiment, je sais que maintenant, tout ira bien.

Il passe sa main dans sa nuque en bondissant toujours d'un pied sur l'autre. De quoi peut-il bien être gêné ?

- Luna est passée, elle a son fric, ça y est, tout ira mieux maintenant. Je te le promets.

Le fait que Kerian ne me cache plus ce genre de choses me fait un bien fou. J'ai l'impression que nous avons réellement évolués ces derniers jours. Le plus beau est le fait que nous soyons tous deux parvenus à passer quelques jours à des milliers de kilomètres l'un de l'autre tout en sachant que nos retrouvailles n'étaient qu'une question de jours. Lorsqu'il se trouvait à Paris, je n'ai pas le moins du monde été effrayée par le fait qu'il ne rencontre une de ces anciennes conquête. Peut-être suis-je encore un peu naïve, ou bien peut-être que cette demande en fiançailles est parvenue à ressouder l'intégralité de mon âme brisée.

- Maintenant il n'y aura plus que nous deux, et je ne veux plus jamais entendre parler d'elle, je glousse, bien que j'adopte un ton quelque peu sévère.

- Nous deux, murmure-t-il à son tour.

Tandis que sa main ses mains se saisissent de mes hanches pour me faire approcher de lui, je ne peux décoller mon regard de ses yeux luisants. Je ne parviens pas à distinguer ce qu'il ressent à cet instant précis. Je crois détecter un soupçon de mélancolie mélangée à une incommensurable joie, mais ce qui me heurte le plus, c'est cette once de frayeur le traversant légèrement.

- Elle t'aime beaucoup, Nerea.

- Tu parles, c'est une gosse, elle aime tout le monde.

Cette réponse me fait mal au cœur. J'ai souvent connu un Kerian sûr de lui au possible, et ce manque de confiance en lui dès lors que quiconque n'aborde le sujet d'un quelconque enfant me peine au plus haut point. De quoi peut-il bien avoir peur ?

- En fait, non. Tu as quelque-chose en toi qui fait que les enfants t'aiment à la seconde ou ils te voient, Kerian. Tout comme Henry. Et cet enfant à l'orphelinat.

- Henry m'a vu à la télé. C'est... différent.

Je vois que cette conversation ne le réjouit pas, mais en même temps, je peux presque distinguer une forme de soulagement. Est-ce que c'est réellement ce qu'il avait besoin d'entendre ? Est-ce qu'il aurait peur de ne pas être à la hauteur ? Cette simple idée de peine d'autant plus.

- Tu peux penser ce que tu veux, Kerian, mais moi je suis intimement persuadée que tu pourrais être un père génial.

Je m'arrête net à la seconde ou j'ai terminé ma phrase. C'est pas vrai, est-ce que c'est réellement ce que je viens de dire ? Je n'y crois pas. Et en voyant sa mine interloquée, je vire au cramoisie. J'aurai dû me taire, et s'il m'envoyait balader ?

- Je veux dire...

- Je sais ce que tu veux dire, glousse-t-il. Ta manière de toujours voir la bonté chez les autres m'a toujours épaté. Tu... devrais y aller, tu vas être en retard au travail.

Je jette un œil à l'écran de mon téléphone avant d'écarquiller les yeux. Bon sang, il ne me reste plus qu'une demi-heure.
J'embrasse alors rapidement les lèvres de Kerian avant d'accourir jusqu'à ma voiture pour ensuite rouler jusqu'au Miami Herald. Je ne me laisserai jamais de cette chaleur. Ce soleil caressant divinement mes bras nus me procure un bien fou. Je commençais sérieusement à me laisser de la fraîcheur hivernale de New-York !
Il faut dire que Miami est bien différent de New-York, outre les différences climatiques, les habitants de la bonne vieille ville de mon enfance ont tendance à être bien plus détendus que les new-yorkais ! Tout ici m'avait manqué, la succulente odeur de la mer salée entrant dans mes poumons à chacune des bouffées d'air que j'ai le bonheur de prendre en longeant Miami Beach, l'éternelle ambiance festive des différents quartiers que regroupe la grande ville et par-dessus tout ; ces sublimes cocotiers trônant de part et d'autres des routes. Elles apportent un éternel côté estival que nous envie bon nombre de villes, voir même de pays.
En arrivant enfin devant le Miami Herald, je ne peux m'empêcher de rire. La pierre beige couvrant la devanture du bâtiment est bien loin de l'allure ultra moderne de l'immense building du New-York Times. Mais à vrai dire, cette percutante différence me plaît assez.

Soulmate - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant