Kerian
À la seconde où mon regard se pose dans le sien, mon estomac se resserre. La vue de son radieux sourire m'avait manqué, sa mine enjouée semble cependant disparaître à la seconde même où elle se rend compte de la présence devant la porte. À cet instant précis, son regard empli de joie laisse plage à une indubitable crainte. Est-ce qu'elle aurait peur de moi ? Non. Je ne peux pas y croire. Je ne peux l'effrayer, c'est tout bonnement impossible.
— Kerian ? Qu'est-ce... qu'est-ce que tu fais là ? Murmure-t-elle à voix basse.
Qui est avec elle ? Putain, de qui est-ce qu'elle pourrait bien vouloir cacher ma présence ?
— Je venais te remercier... pour hier soir.
Elle jette un regard effrayé à ma main tout en fronçant les sourcils.
— Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ?
— J'étais en rogne.
Elle glousse. Ça m'avait tant manqué. L'entendre ricaner est un son si doux, mon cœur explose.
— Tu n'es qu'une brute.
C'est à mon tour de me mettre à me marrer. Plus les secondes passent et plus l'appréhension habitant précédemment mon corps semble s'évanouir. Tout n'est pas perdu, je peux le sentir à sa voix adorablement suraiguë, je parviens à le voir dans ses yeux brillants d'un mélange de tristesse et de joie.
— Qui est à la porte chérie ?
La voix masculine provenant de l'intérieur de l'appartement me prend de court. Je reconnaîtrai entre milles la putain de voix de cette petite merde. Et à la seconde où ce connard de Leo se pointe derrière Holly, agrippant fermement ses hanches juste avant de poser son regard hébété sur moi, une insoutenable haine me percute de plein fouet. Putain, je vois rouge. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Qu'est-ce que cette merde de Leo peut bien foutre ici, avec mon Holly ? Comment est-ce qu'il peut avoir l'audace de la toucher de cette manière ? Il mériterai un poing dans le gueule pour avoir ne serait-ce qu'effleuré son corps. Holly étouffe un cri strident tandis que je ne quitte pas la petite merde du regard.
— Qu'est-ce que tu fous là, Kerian.
Il me défie du regard. Je vois bien qu'il est heureux, heureux de pouvoir prendre la place que je tenais quelques années plus tôt, je peux le voir au léger rictus de joie se dessinant sur sa gueule de con.
— Toi et ce connard...
Je ne parviens pas à venir à bout de ma phrase. Ma gorge se noue et mon estomac se resserre, mon cœur se déchire brutalement en voyant une larme rouler sur la joue d'Holly. Elle ne s'attendait pas à ce que je l'apprenne, et sa réaction témoigne qu'elle ne le voulait pas non plus le moins du monde. Je peux sentir le regret dans son regard ainsi qu'une once de culpabilité. Et bien que la voir dans cet état me chagrine, je ne peux m'empêcher de m'en réjouir.
— Je te l'avais dit, Kerian. Je t'avais dit qu'à la seconde où tu te tirerais de Miami, je ferais ce que j'ai à faire. Tu as décidé de te tirer, alors moi, j'en ai profité.
Sa réplique semble agacer la belle blonde qui se dégage discrètement de son emprise. Cette scène me plaît. Ce connard de Leo ne la rend pas heureuse, c'est tout juste impossible, un type comme lui est incapable de s'occuper d'Holly comme je le faisais. Comme je continuerai de le faire si j'en avais de nouveau l'opportunité.
— Je te trouve très optimiste pour une petite merde de morveux dans ton genre.
Ma mâchoire se resserre en voyant la petite merde s'approcher dangereusement de moi. Encore un pas et je lui refais le portrait.
— Elle ne t'appartient plus, et voir qu'elle a réussi à t'oublier te bouffe de l'intérieur.
S'en est trop, son putain de sourire presque satisfait à raison de ma colère et avant qu'il n'ait le temps de reculer, j'attrape la gorge de ce connard à pleine main avant de faire valser tout son corps contre le mur sur notre droite. L'arrière de son crâne saigne lorsqu'il se relève, et moi, j'ai la vague impression de redevenir celui que j'étais avant, le Kerian bagarreur et colérique, et ça me plaît. Ma main ne me fait plus mal, à vrai dire je n'y porte plus la moindre attention. Tentant d'ignorer les hurlements d'Holly, je fonds à nouveau sur Leo avant de lui assigner un pin en pleine gueule.
— Frapper cette gueule de con m'avait manqué.
Mon ton railleur semble le faire virer au cramoisie. Je me marre intérieurement. Et alors que ce dernier s'apprête à m'en mettre une en retour, le corps frêle de ma belle Holly se glisse entre nos deux corps, accusant ainsi à ma place le cou de ce connard de Leo. À cet instant précis, le moindre sentiment semble s'évanouir de mon corps, je me sens vide, observant les sanglots de la belle blondinette face à moi. Sa petite main couvrant sa joue ne parvient pas à recouvrir la trace écarlate laissée par le coup de Leo. Il me faut quelques secondes avant que je ne reprenne mes esprits, avant que la hargne et la colère ne me pénètrent à nouveau de plein fouet. Putain, ne me dites pas qu'il a osé la frapper. Je vais tuer ce fils de pute.
— Kerian...
Le murmure sanglotant d'Holly me prend aux tripes. Je ne saurais pas définir les sentiments visible dans son beau regard, je ne saurais dire s'il s'y cache une insoutenable peine, une incroyable colère, un indubitable regret. Je ne parviens à voir que ses sanglots, et sa joue écarlate.
— Espèce de fils de pute, je beugle en me jetant sur Leo comme un chien d'attaque.
Il va me le payer, je vais réduire en cendre cette petite merde, je vais lui faire mordre la poussière, réduire son corps en miettes. Les coups partent sans même que je ne puisse les retenir, ils vont s'écraser si fort sur la gueule de con de Leo que son visage se retrouve rapidement couvert de sang. Mais je n'en ai rien à foutre, continuant de le tabasser sous les hurlements d'Holly derrière moi. Et ce n'est que lorsqu'une petite main agrippe ma gorge pour me faire reculer que je peux reprendre mes esprits.
— Calme-toi Kerian, putain, qu'est-ce qu'il te prend ?
Je reconnais presque instantanément la voix aiguë de Rachel. En relevant mon regard dans sa direction, son visage est rouge de colère et ses yeux semblent sortir de leurs orbites. Elle tient fermement la serviette de bain couvrant son corps d'une main tout en maintenant fermement mon poignet de l'autre. Je ne parviens pas à regarder le visage de ce connard, y voir couler tout ce sang n'animerait en moi que d'autant plus de colère, me poussant à finir le travail. Je me force aussi à ignorer les sanglots de ma belle Holly, assise sur le sol, les genoux repliés contre sa poitrine et sa main toujours sur sa joue. Car si je ne le faisais pas, je me mettrai à chialer à mon tour. Putain, je n'aurais jamais dû me pointer ici. Je n'aurais jamais dû frapper à cette putain de porte. J'aurais dû me tirer tant qu'il en était encore temps. Je ne peux pas supporter que ce connard ait réussi à récupérer Holly.
VOUS LISEZ
Soulmate - Tome 3
RomanceSept ans, sept longues années se sont écoulées depuis le départ de Kerian. Et bien qu'Holly prétende avoir refait sa vie à New-York, son cœur en demeure meurtri. Travailleuse et acharnée, elle mène désormais sa vie d'une main de maître, se promettan...