un: collègues

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un: collègues.



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- Je suis désolé Yoongi, mais ça ne peut pas continuer. Je... je préfère qu'on s'arrête là.

   Cette phrase. La fameuse. J'y étais plus qu'habitué, à présent. Ca commençait par une excuse, puis par une expression bateau qu'on essayait de ne pas rendre trop blessante. Puis en général j'avais droit au petit sourire attristé, ou dans le pire des cas crispé. Du coup, au bout d'un moment, ça ne me faisait presque plus rien.

   Mais pas là. Pour une fois, j'avais pensé que ma relation irait plus loin et tiendrait plus longtemps. J'étais persuadé que Jimin était différent des autres et qu'il était celui qu'il me fallait.

   Je ne dis rien. J'allais pas pleurer pour six mois de presque parfaite relation foutue en l'air pour un simple détail. C'était pas mon genre.

- Peut-être... qu'on peut rester amis?

   Je retins en roulement de yeux. N'importe quoi. C'était plus facile à dire pour la personne qui rompait et que celle qui se faisait larguer, sérieux. Je ne comprenais même pas comment on pouvait poser cette question quand la décision n'était même pas mutuelle.

  Jimin se balança sur ses pieds, tête basse. Mais je savais qu'il était embarrassé et même... triste. En tout égoïsme, ça me faisait plaisir de voir qu'il ne partait pas le coeur léger et que ça lui faisait autant de peine qu'à moi. Ca peut faire un peu psychopathe, mais ça ne l'était pas. Ca me montrait juste qu'il tenait à moi, quoi.

- Je comprendrais que tu ne veuilles pas, murmura-t-il. Mais... si un jour t'as besoin de moi... je serais là. N'hésite pas.

   Face à mon silence, il releva doucement la visage pour me regarder. Au coin de ses yeux, de légère perles salées menaçaient de couler, et la fatigue sur son visage montrait qu'il avait certainement dû rester éveillé toute la nuit en pensant à ce qu'il venait de me faire. Ses lèvres roses et pulpeuses étaient retroussées dans une moue que j'aurais pu trouver adorable dans d'autres circonstances. Et si mon coeur n'était pas aussi serré dans ma poitrine, je l'aurais immédiatement embrassé.

   Mais voilà. C'était terminé.

  Sans ajouter un mot, j'attrapa mon sac que j'avais posé à terre, le passa sur mon épaule et tourna les talons. 

   Je partis sans lui dire que lui aussi pouvait venir me voir, de toute façon. Même si j'étais peiné, qu'il venait de fissurer mon coeur, et que je le détesterais certainement dans quelques heures, il pouvait tout de même compter sur moi. je n'oublierais pas Jimin si facilement. J'étais peut-être un con de ne pas l'avoir retenu ou même de ne pas avoir prononcé un mot. 

   Mais si je parlais, j'avais trop peur de craquer. 

   Et puis, ça n'aurait servi à rien. Personne ne tient à moi, personne ne me trouve fait pour lui, personne ne m'aime. Ma vie sentimentale était de la grosse merde dans laquelle tout le monde pouvait marcher. 

   Le coeur lourd, je quitta enfin sa chambre étudiante, puis slaloma dans les couloirs jusqu'à mon propre étage, au campus. J'ouvris la porte, lâcha mon sac, puis me laissa tomber sur le lit.

   Je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais retenu ma respiration pendant tout ce temps. Et enfin, je laissa tout sortir.

   Les larmes coulèrent sans un bruit. Jimin allait me manquer. Ses câlins, son rire, et même ses pleurs et ses angoisses. Tout. Mais s'il était parti, c'était juste de ma faute. Si je n'étais pas ça, alors il serait encore là avec moi. La petite boîte de macarons au citron qu'il aimait tant et qui coûtait une blinde que j'avais acheté juste pour lui en passant devant le café français tout à l'heure ne serait plus en train de traîner dans mon sac, mais dans ses mains après qu'il m'ait embrassé, tout content. 

As de Pic - taegikookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant