XXII.Pick up

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J'étais debout, devant la porte de la maison, ébahie. 

Il fallait absolument que je trouve quelqu'un qui puisse m'emmener, et vite.

Immédiatement, je pensai à Alvy, mais impossible: je ne connaissais pas par cœur son numéro, il était enregistré dans mon téléphone, qui n'avait plus de batterie. Pareil pour Kristina, César...

Je ne connaissais qu'une personne dont j'avais le numéro écrit sur du papier.

Nikolas.

Ce n'était pas le moment de le détester, aussi je me dépêchai de l'appeler, me souvenant de l'endroit où le petit mot de l'oncle Kern était resté.

-Allo, Nikolas ?

Il décrocha immédiatement, ce qui m'étonna.

-Selena ?

-Oncle Kern est à l'hôpital, les ambulanciers l'y ont emmené mais m'ont oublié. Tu peux m'emmener ? Je ne sais pas conduire l'antiquité d'oncle...

-J'arrive, en attendant, fais ce que je te dis: enferme-toi à double tour dans la salle de bain de l'étage.

Il raccrocha. 

Pour une fois, je fis ce qu'il m'avait ordonné.

Parce qu'il était la seule personne au monde qui connaissait oncle Kern, et je crois aussi, celle qui le connaissait le mieux.

Parce qu'il avait choisi la seule pièce de la maison dépourvue de fenêtre, probablement parce qu'il avait peur que l'assassin soit encore dans les parages.

Et surtout, parce qu'oncle Kern lui faisait confiance. 

Quelques minutes plus tard, il était devant la porte et me cria d'ouvrir.

Je descendis, et sortis.

Il avait garé n'importe comment sa voiture, un Pick up noir brillant. Tout en s'y asseyant, il plongea un œil sombre et inquisiteur dans les miens, une ombre d'inquiétude y dansant.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? 

Je lui expliquai ma découverte, et l'état des lieux, pendant qu'il démarrait le moteur et commençait à rouler.

Il ne semblait pas surpris de toute cette violence.

-Ce n'était pas la première fois ?

-Non, et ça ne doit pas être la dernière, répondit-il, l'œil fixé sur la route.

Ça ne serait pas la dernière. Je ne pouvais pas perdre la seule famille qu'il me restait !

J'étais anxieuse. J'avais envie d'hurler. Et pourtant, je n'arrivais pas à pleurer. 

Par contre, j'avais une boule dans la gorge, et la voix enrouée.

Nous arrivâmes bientôt à l'hôpital, Nikolas gara la voiture rapidement, et nous courûmes en direction des urgences. 

On nous indiqua une chambre.

J'étais de plus en plus stressée.

J'entrai.

Oncle Kern était allongé, livide, sur un lit blanc.



Selena - Les Lunes JumellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant