LXIV. Raison bateau

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-Là où on va, tu n'en auras pas besoin.

Je lui rétorquai, furieuse :

-Tu n'aurais pas pu me demander ou au moins me prévenir, avant de faire ça ?

-J'ai fait la même chose avec le mien.

Ça, ce n'était pas mon problème. S'il voulait détruire ses affaires, qu'il le fasse ! Il commençait sérieusement à me chauffer les nerfs, et il avait surtout oublié un point important : comment est-ce qu'on allait maintenant communiquer ? Je le lui exposai ce problème. Ce à quoi il répondit avec insouciance :

-On se verra.

A peine eut-il finit de parler qu'il « changea » de visage, car le taxi s'était arrêté devant un grand lac. Il était tôt, la nuit ne s'était toujours pas retirée.

Nous sortîmes donc dans l'obscurité, et je pus observer le paysage. Derrière nous se trouvait un petit village, typiquement norvégien, composé de maisons à colombages qui semblaient empilées les unes sur les autres. C'était bien différent de la ville où nous avions fait nos emplettes et dormi la veille.

Devant nous, un lac, où se reflétait l'école, grande bâtisse construite de l'autre côté. Je pensais d'abord que c'était une île mais Nikolas me détrompa, me désignant le bois derrière.

- Une bande de terre relie le bois à la rive.

Pendant que nous discutions, le chauffeur avait disparu dans une petite cabane près du lac. Il en ressortit bientôt, accompagné d'un homme très, très âgé.

Ils se serrèrent la main, et notre chauffeur revint vers nous.

-Le bateau est prêt, nous annonça-t-il, un sourire étincelant sur les lèvres à faire pâlir Colgate.

Nikolas le remercia et le paya, puis nous montâmes dans la barque, après y avoir embarqué nos bagages.

Nous aidâmes le pauvre vieil homme -qui était muet comme une carpe- à ramer car son grand âge et le fort courant ne l'aidait pas.

La puissance de ce courant était d'ailleurs peu habituelle, et même assez étrange dans une telle zone. 

Selena - Les Lunes JumellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant