Selena - Les Lunes Jumelles

LVIII. Ladies and Gentlemen

-Le dos plus droit, regarde devant toi, ne balance pas tes mains dans tous les sens...

Nikolas, après avoir été mon professeur particulier de sport de combat et mon Maître en Télékinésie, s'était reconverti dans l'enseignement pour « Ladies and Gentlemen », et essayait (péniblement, c'est vrai) de m'inculquer les bases du règlement de l'école des Télépathes, qui ressemble beaucoup à l'étiquette française, c'est-à-dire, bien compliqué.

A cela, il ajoutait des gestes et des mimiques pour « peaufiner » mon personnage, qui est une vrai tête à claques : imbue d'elle-même, peinturlurée...

-Selena, tu m'écoutes ? me demanda soudain Nikolas, passant la main devant mes yeux.

Plantée au milieu de la chambre d'hôtel -que nous avions loué pour la journée et la nuit sous les regards entendus de l'accueil- j'étais figée, perdue dans mes pensées.

Je secouai la tête pour me réveiller.

-Non.

Nikolas soupira, et s'assit dans un fauteuil, sur lequel étaient posées des feuilles -le règlement intérieur de l'école- qu'il saisit.

-Nous en sommes bientôt à la fin, il reste l'uniforme et le règlement.

-Le règlement ? Où est-ce qu'on va se procurer l'argent ? demandai-je, curieuse de savoir comment se débrouillait Nikolas qui, à la réflexion, n'avait jamais eu de problèmes pour payer ci ou ça.

-Sur mon compte, éluda-t-il, concentre-toi plutôt sur ton personnage, il n'est pas crédible, pour que tu ne te fasses pas repérer par des gens qui te connaîtraient, il faut que tu sois un maximum expressive.

Je savais que je n'étais pas particulièrement douée pour jouer la comédie, mais ce « personnage » était vraiment mon opposé...

-Surjoue, surjoue, rallai-je, et toi ? Je ne t'ai toujours pas « admiré » en tant que mon chien Chokola...

Ledit Chokola se leva de son siège, et jetant négligemment le maudit règlement sur le lit, il sortit.

Je commence à être habituée à ses réactions d'homme des cavernes donc, je ne fus que quelques instants choquée, puis me repris rapidement. J'enfilai un manteau, fermai la porte de la chambre et m'élançai dans les escaliers, à sa suite.

En bas, toujours courant, je passai devant le personnel de l'accueil, lequel me regarda avec un mélange de pitié et d'amusement.

Je préférais ne pas savoir ce qu'ils s'imaginaient...