Selena - Les Lunes Jumelles

LIII. Quand On Explose

-D'où vient cette lumière ? demandai-je à Nikolas, brisant le silence paisible qui avait succédé à celui menaçant de l'horrible sphère.

-De toi, et il ajouta, devant mon air étonné, je ne sais pas non plus comment tu as fait : pendant ta chute, alors que tu allais toucher l'Energie, j'ai été puissamment projeté en arrière...

-Par moi, le coupai-je, pas peu fière.

Nikolas fronça les sourcils, et continua :

-... sans que je puisse immédiatement freiner cette force. Un instant plus tard, alors que je redescendais à toute vitesse vers toi, tu as littéralement explosé, et son Energie avait disparu.

-Son Energie ?

Il soupira, et me répondit :

-Le temps nous pressait, je n'ai pas eu le temps de t'apprendre ça : dans certains cas, quand un Maître Télékinésiste meurt, il peut arriver qu'il libère toute son Energie durant son agonie, ou même quelques minutes après sa mort.

Je saisissais...

-Donc, cet homme était un Hydrokinésiste ?

Il hocha la tête, et précisa :

-Et âgé, car les anciens sont plus puissants que les jeunes pour deux raisons : leur sang est plus pur, et ils ont davantage d'expérience.

Comme j'étais toujours dans ses bras, que j'avais un torticolis, et que nous atteignions le sol, je lévitai vers le haut, et...m'écroulai misérablement quelques mètre plus bas.

Atterrissant -sans bruit- à mes côtés, l'autre abruti repris ses bonnes habitudes, et se moqua :

-Si seulement tu pouvais mettre autant d'application à être prudente qu'à te casser la figure...

Je pense que, si la nature m'avait doté de fusils à la place des yeux, Nikolas ne serait plus de ce monde.

Maugréant et râlant, je me relevai péniblement, craignant pour ma pauvre côte. Cette dernière, et à ma plus grande surprise, ne se plaignit pas. Chose assez extraordinaire puisqu'elle était toujours cassée...

Tout en essayant de me rappeler les rudiments d'un stage de secouriste que j'avais passé il y a quelques années, je suivis Nikolas qui se dirigeait vers le bar dont l'enseigne lumineuse était éteinte.

A l'intérieur, personne. Nikolas fit le tour du comptoir, et tritura le compteur. Un instant plus tard, la lumière était revenue. Ensuite, il alla aufond de la salle, dont le sol brillant était jonché de bouteilles, et ouvrit une porte, enfoncée dans le mur.