Selena - Les Lunes Jumelles

II.Le Lycée De Hafnarfjördur

Descendant le vieil escalier à toute allure, je me remémorai l'emploi du temps de ma journée: en début de matinée, je ferai tout ce qui est paperasse à l'administration, ce qui allait risquer de prendre du temps, et dès que j'aurai terminé, une élève de ma future classe, Kristina, me ferait visiter le lycée jusqu'au déjeuner. Après, j'irai en cours avec ma classe.

—Ah, tu es là, me dit mon nouvel oncle, je t'ai préparé ton petit-déjeuner, mais je te préviens, je ne ferai pas ça tous les jours, c'est parce qu'aujourd'hui est un jour particulier et que tu dois bien...

—Merci beaucoup ! le coupai-je vivement, surprise de le découvrir si attentionné.

Je n'avais pas du tout cette image de lui : depuis mon emménagement, j'avais l'impression de perturber sa vie quotidienne et de le gêner dans ses habitudes. Ça m'aurait donc paru normal qu'il soit un peu froid avec moi...

Au fond, je préfère quand les gens sont froids avec moi, et qu'ils ne me disent pas tout le temps "Mes condoléances, ma petite Selena, pour la mort tragique de tes parents, c'est vraiment horrible... etc" avec des yeux qui transpirent la pitié et de manière tout à fait hypocrite.

C'est vrai qu'au début ça m'aidait, mais seulement quand c'était des gens qui avaient vraiment connu mes parents ! Pas quand ça venait du frère du boulanger qui venait juste pour le buffet de l'enterrement !

Enfin, inutile de me lamenter, aujourd'hui était un jour nouveau.

Ayant fini le petit-déjeuner de l'oncle Kern, dont je bénissais la décision de ne plus me faire la cuisine, je montai dans ma chambre, et m'arrêtai devant le miroir.

Mon reflet m'apparut grand, ni gros ni maigre, aux cheveux mi-longs et bruns et, les yeux vairons.

Oui, vairons. C'est-à-dire que j'ai mon œil droit marron-or et mon œil gauche bleu glacier. Du coup, depuis que je suis toute petite, je porte tous les jours une lentille marron à l'œil gauche et une bleue à l'œil droit, ce qui me donne les yeux violets.

C'est toujours bizarre, mais au moins je complexe moins.

Ayant fini l'examen de ma personne, je m'habillai rapidement, mis mon sac sur les épaules, criai un "à ce soir !" à mon oncle, et enfourchai mon vieux vélo en direction du "Lycée de Hafnarfjördur".