Selena - Les Lunes Jumelles

LXXXIV. Confiance

Nikolas, avec son Electrokinésie, avait vérifié avant de venir qu'il n'y avait pas de caméra, micro ou autre technologie susceptible de nous épier. Ce n'était pas le cas, aussi nous pûmes nous entraîner tranquillement dans ma chambre, profitant que les dortoirs soient vides, leurs propriétaires étant en cours.

***

Tout en soulevant par télékinésie ma pauvre valise reconvertie en haltère, je demandai à Nikolas:

-Je suis Aérokinésiste, mais serai-je un jour Pyrokinésiste, ou bien Cryokinésiste, ou comme toi, Electrokinésiste ?

Il s'était rassis sur mon lit, les yeux fixés sur mes mains tendues.

-Personne ne connait les capacités potentielles que tu pourrais posséder. (il leva les yeux vers moi) Et moi non plus.

La valise, en équilibre précaire à un mètre du sol, tomba.

Il mentait. J'en étais certaine.

Une lueur farouche passa dans son œil, qu'il tenta de dissimuler en passant une main dans ses boucles ébènes.

Je serrai les lèvres, et affirmai :

-Tu me mens. Tu sais ce dont je suis capable, et ce que je suis. Tu le sais, mais pour une raison que j'ignore, tu me le caches.

Nikolas, dont l'œil - et ce à travers la lentille - s'était obscurcit pour virer au noir, me dit d'un ton grave :

-Fais-moi confiance.

C'était la seconde fois qu'il me disait cela : « fais-moi confiance ». La première, c'était quand oncle Kern était vivant. Mais aujourd'hui, il était mort.

-Non.

Ma réponse ne parut pas le surprendre. Il rit.

-C'est moi qui te fais le plus confiance, et toi tu ne veux pas me croire ?

Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Il faisait clairement référence à des choses dont je n'avais pas connaissance.

Me faire confiance. Nikolas me fait le plus confiance. Quelle absurdité.

J'ai eu confiance en lui, une confiance aveugle, mais pour la seule raison qu'oncle Kern aussi, même s'ils leurs sangs ennemis le leur interdisaient.

Pourtant, pour un raison que j'ignore, je lui fis confiance une fois de plus. Je crus ses paroles, et ce ton grave. Je crus son rire et ses propos sans sens.

Et je ne sais pas pourquoi.