Chapitre 11.1

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Quelques heures seulement après s'être endormi, Mo se réveilla en sursaut, couvert se sueur. Les souvenirs de la vente lui étaient revenu pendant son sommeil avec beaucoup trop de force, trop de précision, trop de regrets. Persuadé de ne pouvoir se rendormir, et craignant son passé si il le faisait, le rouquin se leva pour rejoindre le balcon. Après avoir enfilé quelques vêtements pardessus le tee-shirt qui lui servait de pyjama, il s'accouda à la rambarde pour observer la ville endormie. Les lampadaires de la ville en contrebas projetaient un halo doré sur les buildings de la rue et seul le ronronnement de quelques voitures venaient troubler la tranquillité de la rue. L'air frais l'aidait à se calmer. Il tira une cigarette de son paquet et remarqua que ses mains tremblaient encore malgré tout. Jurant en voyant qu'il avait du mal à simplement sortir sa clope, il la porta à sa bouche d'une main peut assurée et parvint après moult tentatives à l'allumer. Inhalant enfin cette fumé salvatrice, il la soupira ensuite longuement, comme si le poids sur ses épaules s'envolait en même temps qu'elle.

Il tentait de reprendre le contrôle de son corps mais ses souvenirs recommençaient à affluer. Ce qui s'était passé ce jour là, toutes ces images lui revenaient, il n'avait rien oublié. Le sol froid quand il s'était réveillé, les coups du gardien, la façon qu'il avait eu de le droguer et ce goût immonde, mélange de sang et de tabac et froid lorsque ce porc avait joué avec son piercing. Tous les détails s'imposaient à lui comme si il y était encore. Mo sentait encore tous les coups qu'ils lui avaient porté ce soir là, les coups de poings, de pied, de badine et tant d'autres. Même ce foutu collier il avait l'impression de l'avoir toujours autour du cou. Il pouvait le sentir se resserrer petit à petit, finissant par l'étrangler complètement, l'étouffant. Sa respiration sifflait, il ne parvenait plus du tout à respirer alors il porta rapidement une main à sa nuque pour se libérer et se figea quand il remarqua qu'il ne portait rien.

Il était libre.

Libre.

Plus rien ne l'enserrait, plus rien ne le soumettait, c'était juste une crise de panique, rien d'autre. Ses tremblements furent plus violents et cette fois-ci il s'assit sur le transat, ses jambes renonçant à le porter. Il avait beau se savoir libre, une partie de lui était toujours enchaînée là-bas. La scène, la peur, l'humiliation et cette douleur qui si vive qu'il n'avait pu rester conscient ; il avait l'impression de tout revivre.

Mais cela n'était pas le pire. Une toute petite voix lui murmurait sans cesse qu'il ne méritait pas de s'en être sorti. Que tout aurait dû revenir au gamin. Ce gosse qui avait tout au plus 8 ans et qui aurait mérité d'avoir une chance comme la sienne. Lui qui tremblait comme une feuille dans ses bras juste après être passé sur scène, qui avait eu tant de détresse dans le regard quand leur tentative d'évasion avait avorté, ce gosse qui méritait d'avoir une vie normale et qui devait certainement vivre l'enfer. Le simple fait d'imaginer tout ce que lui avait fait le salop qui l'avait acheté lui donnait envie de vomir.

Il lui arrivait de se demander comment Tian avait pu laisser ce gamin dans une telle situation. Parfois il en venait même à le détester pour ça. Dans ces moments là, il se sentait coupable de la liberté dont il jouissait, coupable de pouvoir continuer sa vie comme si rien ne s'était passé. L'inquiétude et le remord montait en lui à tel point qu'il se sentait près à tout pour libérer cet enfant.

Pensé bien hypocrite, il s'en rendait compte peut de temps après. Il ferait beaucoup pour sortir ce gosse de là mais serait-il capable de risquer sa vie avec He ? Les hauts, les bas, les chamailleries, les disputes mais aussi les moments de réconforts et ses amis ; et plus que tout, vivre avec quelqu'un qui tenait simplement à lui. En seulement quelques jours ces petites choses avaient donné du relief à sa vie. Serait-il capable d'abandonner tout ça pour le sauver ? Non, bien-sur que non. Il était trop lâche, trop hypocrite, trop faible pour ça.

Don't close your heartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant