Chapitre 14.1

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Crédit Média : Tsuki

Les deux étaient enfin rassasiés, enlacés dans les bras l'un de l'autre quand He tenta d'aller à la salle de bain.

« - Reste là, le pria une Mo d'une voix à peine audible tout en le serrant plus fort dans ses bras.

- Je vais juste chercher une serviette Shan, on va pourrir les draps si on dort comme çà, lui dit-il en caressant tendrement sa joue.

- M'en fous, je les laverai demain, lui répondit-il en s'enroulant dedans, essuyant par la même la couche de sueur et de sperme qui le recouvrait à certains endroits. »

He pouffa un instant avant de se réinstaller, Mo vint automatiquement se lover contre lui et tout les deux s'endormirent profondément. Pour le moment ils étaient simplement heureux, dans leur bulle, mais aucun des deux ne se doutait encore qu'une tempête se profilait à l'horizon.  

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La douce chaleur qui émanait du corps de son amant de la veille fut certainement ce qui réveilla Mo. Même s'il ne voulait pas d'une vrai relation avec qui que ce soit, il devait bien avouer que peu de choses étaient aussi agréables que de se réveiller ainsi, imbriqué l'un dans l'autre, s'assemblant parfaitement comme deux pièces d'un puzzle, sentant la chaleur de leurs corps se confondre et le souffle humide de son amant s'échouer doucement sur sa peau. Malgré tout ce qu'il pensait des relations sérieuses, le rouquin appréciait toujours quand ses amants restaient la nuit.

Lorsqu'il avait commencé à coucher avec des inconnus, il avait tout d'abord été un peu effrayé. Tout les hommes qu'il avait connu jusque là, à l'exception de He, s'étaient servis de lui comme un jouet, je jetant sans ménagement lorsqu'ils n'en avaient plus besoin. Mais cette fois avec son ancien ami lui revenait encore et encore en mémoire. Alors quand tout fut fini avec She Li et qu'il eut enfin une vie à peu près stable, il commença à vouloir retrouver cet instant de bien-être et de plaisir qu'il avait ressenti cette nuit.

Traînant un soir dans le quartier Gay sans trop savoir quoi faire ni où aller, il avait été comme happé par cette enseigne vintage rouge. Une fois à l'intérieur, il devint rapidement la cible d'un dragueur plutôt attrayant et trouva cela des plus agréable. Les jeux de séduction, regards langoureux, gestes calculés pour faire comprendre à l'autre ses intentions sans pour autant le forcer ou l'intimider, voila une autre chose qu'il n'avait jamais expérimenté. Après une délicieuse soirée à se chercher et à s'aguicher, il finit dans un love hôtel non loin du club et y passa une nuit torride. Là il retrouva une partie de ce qu'il avait apprécié avec He : la douceur, la chaleur, le plaisir.

Avec ses anciens clients ou même She Li, il avait toujours l'impression que ces hommes gardaient une part de lui lorsqu'ils le prenaient. Il finissait par se sentir sale, par se détester. Là c'était différent, il était bien, ressentait du plaisir et avait l'impression de combler doucement, avec une lenteur nécessaire, cette faille qui avait grandie en lui depuis bien trop longtemps. Mais il avait surtout aimé son réveil : si simple, si agréable dans les bras d'un homme dont il ne connaissait pourtant rien si ce n'est le prénom. Ce matin là il avait eu l'impression d'être un homme normal, et avec un peu d'espoir il avait fait le vœux de pouvoir un jour se sentir capable d'aimer et de se réveiller comme ça avec l'homme qu'il aurait choisi pour passer toute ou une partie de sa vie. Pas tout de suite, ni même prochainement, mais un jour, lointain où il aurait enfin comblé la faille qui l'obligeait à porter si souvent son armure pour se protéger.

Depuis ce jour, c'était presque devenu une thérapie pour lui. Accepter de se dévoiler entièrement à un inconnue, avec toutes ses cicatrices, ses doutes et ses craintes pour se prouver qu'il était vivant et qu'il arriverait un jour à aller de l'avant. Mais il prenait quand même garde à ne jamais laisser son cœur vagabonder et s'attacher à quiconque. Une fois la nuit passée il ne revoyait plus son amant. C'était sa règle, sa façon de protéger son intérieur meurtri contre les espoirs  et les fausses joies.

Don't close your heartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant