Ce n'était pas ainsi qu'il l'avait imaginée, ni de cette manière qu'il aurait pensé la rejoindre. Pourtant, elle s'était présentée à lui, subitement, sa vivacité fugace le frappant avant même qu'il n'ait eu le temps de le réaliser. Elle s'était apparentée à une étoile filante, sa blancheur immaculée inondant sa vison aveugle, chassant le stéréotype du noir absolu, pour imposer un néant étonnement lumineux. Leur rencontre n'avait été ni douloureuse, ni synonyme d'un défilement soudain de l'ensemble de son existence sous ses yeux ébahis. Antinomique à ses croyances, elle s'était imposée à lui avec douceur, l'emprisonnant de son étreinte chaleureuse, sa lourde présence écrasant son corps dans l'enveloppe de ses bras pâles, frêles mais incroyablement denses à la fois. Il lui avait semblé perdre contact avec la réalité, frappé par sa chaleur singulière, son esprit chassé de son enveloppe charnelle, capturé par la langueur au gout acidulé de fatalité, diffusée par son parfum indéfinissable.Le blanc l'avait envahi, investissant sa vision en quête du moindre relief, la plus infime trace d'ombre pour lui permettre de situer son propre corps. Il était aveugle, ne percevant qu'une continuité lactescente, à l'immensité infinie, qui sonnait pourtant comme la fin de tout.
Sa propre fin, présentée à lui sous la forme d'une toile vierge, comme si tout n'était plus que rien, et rien plus que tout, indissociables. Un état intermédiaire entre la conscience de soi et l'absence d'existence, une perception du soi dans sa forme la plus sincère, inaccessible en temps voulu. Nulle sensation pour alerter son esprit, l'observation simpliste du "moi", perdu ici et nul part à la fois. C'était déroutant, et d'une logique imparable pourtant, indescriptible, mais explicable.
La Mort ne semblait pas avoir grand chose à raconter. Elle se contentait d'emporter ses victimes et de les laisser là, nul part, ici peut-être, ou bien en aucun lieu. Son absence de loquacité et de réelle apparence coupaient court à toute perception, plongeant l'esprit dans un état intermédiaire, en dehors de l'espace et du temps.
Ainsi, lorsque Baekhyun vit se dessiner une silhouette au loin, un point minuscule, à peine perceptible, mais tranchant brutalement avec le néant, il fut en capacité de se questionner sur la durée de son état léthargique. Subitement, il prit conscience de son corps, droit comme un i, ses yeux se posant avec confusion sur ses pieds ancrés au sol, alors que son reflet apparaissait progressivement sur le marbre. Surpris par les battements frénétiques de son coeur, tambourinements déroutant faisant vibrer sa poitrine, il se crispa à l'entente de plus en plus précise des claquements de talons sur le sol. Puis, il sentit ses yeux se plisser pour tenter d'apercevoir plus nettement la silhouette, prenant conscience du souffle qui s'échappait de ses lèvres gercées, et du bruissement dérangeant produit par ses vêtements, à chaque geste de sa part.
Il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait, n'était-il pas censé être mort ? Comment pouvait-il cesser d'exister et se défaire de l'inconscience, quelques indénombrables secondes plus tard ?
Ses questions furent balayées par l'apparition qui se présenta finalement sous son regard confus, ses orbes irrités scrutant avec incompréhension la robe excentrique du nouvel arrivant, presque sensibles face à la couleur jaune criarde du tissu tapissé d'abeilles. La longue barbe neigeuse dissimulait à peine son sourire complice, surplombé par un nez aquilin, décoré de lunettes en forme de demi-lunes encadrant deux pupilles pétillantes, indéniablement familière.
-Professeur Dumbledore, souffla-t-il, sursautant involontairement à l'entente de sa propre voix, que faites-vous ici ?
Le vieux mage croisa calmement ses mains dans son dos, son sourire fendant plus franchement sa barbe soigneusement démêlée. Baekhyun avait l'impression de paraître incroyablement sot face à l'assurance du directeur, sa sérénité apparente rendant son incompréhension presque discordante et inappropriée. Désappointé, le noiraud se mordit nerveusement la lèvre, la piqure soudaine faisant fourmiller son visage engourdi.
VOUS LISEZ
𝔗𝔢𝔫𝔢𝔟𝔯𝔞𝔢 𝐈 │ ᶜᴴᴬᴺᴮᴬᴱᴷ
FanfictionBaekhyun n'a rien d'extraordinaire du moins, c'est la pensée qui le traverse à chaque fois qu'il croise son reflet dans le miroir. Victime d'une chose appelée l'éternelle seconde place, le jeune homme se voit au fil des années engloutir par l'ombre...