𝔗𝔢𝔫𝔢𝔟𝔯𝔞𝔢 𝐈 │ ᶜᴴᴬᴺᴮᴬᴱᴷ

Chapitre 29

Baekhyun remua sur son siège, plus par inconfort que par réel malaise. Autour de lui, les onze Mangemorts les plus fidèles du Seigneur des Ténèbres l'observaient discrètement, ne se permettant aucun commentaire face à ses gesticulations répétées. Parmi eux, il reconnu au premier regard Narcissa Malfoy, accompagné de son mari Lucius, et de son fils, Draco. La sorcière se tenait droite, le menton relevé et les mains posées sur les accoudoirs de son siège, son dos frôlant à peine le dossier. Elle était bien trop figée pour paraître sereine, trop parfaite dans sa tenue pour prétendre être à l'aise. L'on sentait une envie évidente de quitter la pièce, ses pieds étaient encrés au sol, prêts à courir à la moindre occasion. Narcissa était terrifiée, sa robe couteuse lui enserrait désagréablement la poitrine qui, en proie à une respiration saccadée, étirait le vêtement devenu un étau d'acier. Lorsque Baekhyun croisa son regard, il eut l'impression de faire face à une biche égarée, peut-être même une jeune épouse ayant suivi son fiancé sur le chemin des ténèbres par pure obligation. Elle semblait trop douce pour ce milieu impitoyable, et contrastait terriblement avec sa soeur cadette, assise à sa droite.

Draco lui, était différent de son souvenir. Il avait eu l'occasion de côtoyer l'hériter Malfoy à Poudlard, avant que celui-ci ne quitte l'école, diplôme en main. L'adolescent aux joues rondes accompagnant un regard prétentieux et une posture hautaine, avait laissé place à un jeune adulte rongé par la soumission, tentant de camoufler sa crainte en imitant désespérément son père. Une ironie tordante, lorsque l'on savait que le Serpentard avait toujours aimé humilier ses camarades, qu'il s'était délecté chaque jour de sa supériorité, et s'était comporté tel le souverain de Poudlard dans un manque certain d'humilité. Aujourd'hui, même si les vêtements chics et l'apparence noble demeuraient, cette moue prétentieuse et supérieure avait laissé place à une attitude effacée, presque docile. Le jeune homme ne semblait pas avoir dormi depuis une éternité. Son visage cireux était creusé par les traces violacées de la fatigue, et sa chevelure toujours impeccablement peignée et plaquée par le gèle, s'apparentait désormais à une véritable tempête de neige.

Lucius était sans le moindre doute le plus confiant des trois. Ses yeux teintés d'acier défiaient ouvertement chaque Mangemort trônant autour de la table, comme désireux de leur prouver qu'il leur était supérieur. Après tout, si l'on omettait Baekhyun, il était celui se trouvant à la place la plus proche de leur Maître, celle réservée au plus fidèle partisan. La main posée contre sa cane qui renfermait sa baguette, un long morceau de bois ébène taillé finement, surmonté d'une tête de serpent en argent, Lucius Malfoy affichait un petit sourire en coin agaçant devenu sa marque de fabrique. Parfois, ses orbes mercures osaient se poser sur le faciès imperturbable du jeune Byun, appréciant silencieusement la beauté spectaculaire de ses traits, tel un connaisseur face à une oeuvre d'art. Le sorcier était connu pour son goût de l'esthétisme, aussi nulle intention lubrique ne lui traversait l'esprit, mais simplement une admiration quelque peu malsaine, bien qu'inoffensive.

Bellatrix elle, se comportait d'une manière étonnement disciplinée. Elle n'avait pas adressé un mot à Baekhyun depuis son arrivée, se contentant d'une légère salutation et d'un signe respectueux de la tête. Stupéfait, le petit brun avait alors cherché à sonder ses intentions en décortiquant sa gestuelle, acceptant un contact visuel qui lui avait laissé un goût étrange en bouche.

Bellatrix lui avait porté un regard brulant de folie, d'une intensité telle qu'il avait inconsciemment reculé au fond de son siège. Cependant, à la différence de leur récente confrontation, il n'y avait décelé aucune trace d'animosité, ou bien encore de démence meurtrière. Les prunelles charbonneuses de la sorcière lui avaient renvoyé un pur sentiment d'extase et d'admiration morbide, une sorte d'émerveillement malsain, qu'elle avait contracté au moment où le plus jeune l'avait soumise à son autorité. Il lui avait suffi d'un seul échange visuel pour comprendre que Bellatrix avait adoré être maltraitée par sa magie, que la souffrance qu'il lui avait infligé lui avait procuré un plaisir macabre, une félicité insalubre dont elle s'était délectée.