𝔗𝔢𝔫𝔢𝔟𝔯𝔞𝔢 𝐈 │ ᶜᴴᴬᴺᴮᴬᴱᴷ

Chapitre 23

Baekhyun effectua une arrivée fracassante sur le sol en marbre, ses pieds trébuchant maladroitement, glissant sur la cendre qui avait été expulsée de la cheminée à son apparition. Dans un équilibre précaire, les mains levées vers l'avant, le petit sorcier se sentit chuter inexorablement, ses yeux se fermant instinctivement face à l'impact imminent. Néanmoins, alors que son corps était sur le point de s'écraser à terre, une gerbe de flemmes vertes apparut soudainement dans son dos, et une main puissante s'enroula autour de sa taille, le ramenant fermement contre le torse du nouvel arrivant.

Soufflant bruyamment, le Serpentard sentit les tremblements qui parcouraient ses jambes se calmer progressivement, alors que son crâne reposait, lourd, sur l'épaule de son sauveur. Doucement, il trouva le courage de réouvrir ses paupières froissées par la peur, l'adrénaline se dissipant petit à petit pour laisser place à un soulagement salvateur.

Brusquement, la bouche de Chanyeol se colla contre son oreille, faisant hérisser les poils de sa nuque, alors qu'il lui soufflait d'une voix terriblement grave :

-Fais attention où tu mets les pieds.

Une simple phrase, à la banalité apparente, qui provoqua pourtant des rougeurs traitresses sur les joues laiteuses du plus jeune. Ainsi enfermé dans les bras protecteurs de son professeur, il avait l'impression d'être une petite chose vulnérable, menaçant de se briser sur le sol, maintenue en sureté par la simple présence de Chanyeol. Une partie de lui souhaitait se complaire dans ce sentiment d'appartenance, cette sensation qu'il avait trouvé sa place auprès de l'homme et qu'il n'avait plus à se soucier du reste de l'univers. Pourtant, une part plus rebelle de son esprit, elle indignée, clamait qu'il était inenvisageable qu'il se rabaisse à un tel rôle de poupée fragile et décorative. Plus ambitieuse, et indépendante, elle le poussait à se dégager de cette étreinte toxique pour prouver au plus grand qu'il n'était pas prêt de l'ajouter à sa liste de conquêtes, qu'il allait devoir oeuvrer, chaque jour, pour lui prouver qu'il était digne de son affection.

Résolu, Baekhyun s'extirpa avec douceur, avançant de quelques pas sous le regard interrogatif du mage noir.

Il savait qu'il était désormais inutile de jouer aux insensibles. Avouer ses sentiments à Chanyeol avait été une erreur, commise sous le coup de l'émotion. L'homme possédait désormais un avantage sur lui, à tout moment il pouvait évoquer l'amour du plus petit pour obtenir de lui qu'il se soumette. Le châtain craignait d'ailleurs qu'il en abuse.

Son regard se perdit, songeur, sur le vaste hall dans lequel il venait d'atterrir.

Il avait assez bien cerné Chanyeol pour comprendre que celui-ci n'hésiterait pas à le manipuler, ou le faire souffrir pour obtenir ce qu'il voulait. Même s'il n'en parlait guère avec le concerné, Baekhyun n'oubliait pas, en revanche, qu'il avait sciemment provoqué sa colère en évoquant sa situation familiale précaire. Il ressentait toujours une certaine amertume en se remémorant les paroles injustement cruelles de son enseignant, la manière dont il lui avait fait comprendre que personne ne se préoccupait de son sort, à part lui. D'un côté, il lui en voulait encore de l'avoir heurté intentionnellement mais d'un autre, il concédait que cette confrontation lui avait fait réaliser qu'il devait s'endurcir pour éviter tout débordement du genre. Malgré tout, les méthodes du mage noir demeuraient discutables, et il craignait qu'il n'en use à nouveau sur lui. Il lui arrivait souvent de regretter d'avoir livré ses sentiments à cette créature insensible, créature qui s'était d'ailleurs contentée de les dévorer, affamée, sans rien lui donner en retour.

Il n'en avait pas attendu plus, cependant. Baekhyun savais désormais qu'il devait redoubler de vigilance. Chanyeol devait sans doute penser, à juste titre, qu'il pouvait faire ce qu'il voulait de lui, maintenant qu'il était assuré de son amour désespéré à son égard. Il était en son devoir de lui prouver qu'aimer ne rimait pas avec se soumettre, obéir aveuglément, ou oublier qui l'on était. Ces vacances étaient l'occasion idéale de passer du temps avec lui, seuls, tout en lui démontrant qu'il n'avait pas perdu, au cours de sa déclarion, le caractère rancunier et parfois teigneux qu'était le sien.