O P T I M I S É S

1er juillet

Elyna.

-Papa je t'emprunte la voiture.

Mon père observe l'heure avec sa montre puis fronce les sourcils.

-Où vas-tu ?

Je lève un sourcil, insistant sur son manque de réflexion puis sa bouche forme un léger «o» et il finit par hocher la tête.

-Tu ne veux pas venir ?

-J'y irais dans la semaine, répondit-il simplement.

J'hoche la tête, puis saisit ses clés et sort de la villa. J'actionne mon GPS puisque je ne connais pas ce côté-là de la région, afin de pouvoir arriver correctement à destination. Je laisse les musiques défiler au hasard, sans que mes oreilles ne s'accrochent particulièrement à l'une d'elles et une fois arrivée, après être passée chez le fleuriste, je sors finalement de la voiture. Je la referme et observe le soleil encore haut dans le ciel.

Je ressens immédiatement une peine m'envahir et je rentre à pas lent dans le cimetière. Je pourrais reconnaître ces innombrables allées entre milles et je sais exactement à laquelle je dois tourner. Une fois devant la tombe de ma mère, je dépose les fleurs et m'accroupis. J'observe les inscriptions avec un regard éteint et la mâchoire serrée : « Jane Joly – 1980 – 2015 ». Je ne cesse de me rendre compte jour après jour à quel point le temps passe vite. Je ne peux retenir une larme de rouler sur ma joue et je l'essuie rapidement avant de cligner plusieurs fois des paupières et de regarder vers le ciel. Je prends plusieurs respirations profondes puis en baissant la tête je remarque des filaments électriques bleus voyager entre mes doigts. Je fronce les sourcils et sens ma respiration s'accélérer. Je replie mes doigts et les serre contre ma paume, remarquant mes phalanges blanchir. Je ferme un moment les yeux, ne sachant que faire puis finit par me relever. Je rouvre lentement les yeux, laisse mon regard se poser sur les inscriptions gravées sur la tombe puis je pousse un soupir. J'entends un crissement de graviers à ma droite et me tourne légèrement. Un homme marche entre les allées, les mains dans les poches, une capuche sur la tête, puis nos regards viennent se croiser et je sens un frisson me parcourir le long du dos. Je vois de nouveau des filaments apparaître autour de mes poings et mes yeux s'ouvrent comme des billes.

Comme si l'homme l'avait aperçu, il s'arrêta et se tourna complètement vers moi. Je fronce les sourcils, me demandant un instant ce qu'il va faire, puis rapidement, l'homme se met à courir vers moi. C'est pas une réaction normale ça, si ?

Mes jambes, comme prise d'un élan d'origine inconnu, s'activent et se mettent à me faire courir dans la direction opposée. Les battements de mon coeur augmentent sensiblement et je tourne à droite dans une allée plus éloignée de l'entrée. Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe, de pourquoi la situation a pu dégénérer si vite et surtout de pourquoi cet homme me court après.

Je me suis visiblement trop perdue dans mes pensées puisque je sens une forte poigne m'agripper le dos et m'envoyer au sol. Je lâche un cri de stupeur qui surpasse celui de douleur une fois au sol et je me tourne. L'homme me regarde avec hargne et se rapproche à pas lourd de moi. Je remarque l'un de ses deux yeux fermés, comme aveugle. Je commence à reculer, toujours au sol, dans un bruit de crissement de graviers insupportables. Quand il se penche vers moi je tends ma main en avant en criant, faible comme défense. Seulement, un éclair semble jaillir de ma paume avant de venir le percuter de plein fouet. Je pense être aussi étonnée que lui puisqu'il recule de quelques pas et m'observe avec de grands yeux. Je pousse un second cri de stupeur en constatant qu'un second éclair s'échappe mais il l'évite rapidement.

Lorsqu'il fond sur moi, j'essaie de m'agripper quelque part mais je ne sens aucune prise. Je me sens tirée en arrière avec une facilité étonnante et la seconde d'après, je suis violemment projetée contre une tombe en pierre. Je crie de douleur et en relevant la tête, je constate que je suis seule.