O P T I M I S É S

29 août

Noah. 

-Je ne comprends pas pourquoi je dois aller au bal de fin d'année alors que je n'étais présent à aucun cours cette année maman.

Elle me regarde dans les yeux puis sourit de manière espiègle et replace correctement ma chemise.

-Ça reste un rite de passage Noah. Le proviseur t'a autorisé à y aller et ensuite tu quittes le lycée, il faut saisir l'occasion.

Je roule des yeux en constatant qu'elle me répond ce qu'elle me répète depuis des jours.

-Je ne connais personne, continuais-je, désespéré.

-Alors c'est le moment pour rencontrer des gens.

-Le bal est masqué, répliquais-je, sourcil levé.

Ma mère poussa un long soupir avant de me donner une tape sur l'épaule.

-Tu y vas et puis c'est tout.

Je grogne de mécontentement et elle y répond par un doux soupir.

-Allez fonce jeune homme. Il faudrait pas être en retard en plus de ça.

Je grimace puis m'installe dans ma voiture et démarre sans grande conviction. J'envisage un instant d'aller ailleurs qu'à ce malheureux bal, mais j'imagine déjà ma mère me demandant pleins de détails croustillants lors de mon retour alors je me résigne.

À mon arrivée, je sors de la voiture et constate sans grand enthousiasme la présence de multiples voitures. Je rentre dans le bâtiment d'où s'échappe quelques lumières colorées après avoir enfilé le masque que ma mère m'a dégoté et je pars m'installer dans un coin, observant les personnes présentes dans la salle. Je repère un garçon à qui j'avais vaguement parlé en septembre avant de rater mes cours mais ne me décide pas à aller le voir et part au contraire me chercher à boire. Je bois ma boisson d'une traite avant de m'en resservir une autre et je pars tranquillement m'installer sur une chaise libre. En passant à côté de la piste de danse mon regard est attiré par un éclat doré au centre alors je détourne les yeux. Je m'immobilise dans ma marche et plisse les yeux.

Figé dans ma contemplation je ne me rends pas compte que je gêne le passage. Mais peu m'importe. Mes yeux et mon cerveau sont hypnotisés par cette fille. Sa robe est longue, fluide, et brille d'un éclat doré qui sublime sa peau mate. Ma tête se penche légèrement sur le côté et je viens à penser pendant une seconde que je peux passer pour un psychopathe. Son visage est indistinguable, je ne peux apercevoir que ses lèvres. Je remarque un tatouage en bas à gauche de son omoplate qui représente une délicate nuée d'étoiles et quand elle avance sa jambe pour son pas de danse, sa robe s'entrecoupe, laissant voir une partie de sa jambe nue et une cicatrice sur sa cuisse, au-dessus du genou. Ce magnétisme impressionnant et intriguant qu'elle dégage et que je ressens, sans même avoir besoin de voir son visage, me déroute de la plus incroyable des manières.

Je sors de ma contemplation quand quelqu'un vient brusquement me frapper l'épaule. Je me retourne, légèrement en colère, et plisse les yeux, reconnaissant facilement les dreadlocks du camarade de classe que j'ai repéré tout à l'heure.

-C'est bien toi Noah je rêve pas ? J'aurais reconnu ta stature imposante entre mille.

Michaël, si je me souviens bien, retire son masque et j'observe un instant le sourire amical qui trône sur ses lèvres. Je me contente d'hocher la tête avant de reposer mon regard sur la piste de danse, la cherchant du regard.

-Tu as disparu toute l'année, rien de plus étrange !

Crispé, je souris sans grande conviction, bien décidé à le laisser continuer à parler seul. Quand un slow intervient et que j'aperçois de nouveau la fille qui s'éloigne de la piste, je ne préoccupe aucunement de ce qu'il me raconte et me faufile du mieux possible entre les couples pour m'approcher. Je coupe son passage et saisit ses mains. Elle a léger mouvement de recul et sursaute, mais je remarque ses yeux se plisser et elle ne proteste pas. Je la ramène au centre de la piste et la laisse suivre mes pas. Je suis d'avantage hypnotisé par notre proximité, d'autant plus que les détails de ses yeux sont impressionnants. Tirant d'avantage sur le gris ils laissent cependant entrevoir des zones bleus foncés et je ne cesse de la fixer durant tout le long.

À la fin de la danse, elle se recule légèrement puis un léger sourire courbe ses lèvres. Sans un mot, elle s'éloigne et disparaît dans la foule.

Vous y croyez, vous, aux coups de foudre ?