PARTIE I : Chapitre 1 - Sarah Turner ou l'art de la poisse

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31 août 2003

Le Magicobus avait déposé Sarah Turner à une dizaine de mètres du grand portail en fer forgé de la célèbre école de sorcellerie, Poudlard. La jeune femme aux longs cheveux bruns attachés en un chignon lâche et aux yeux noirs en amande leva la tête pour admirer le château mais ce fut une erreur car au moment où elle toucha le sol, son pied s'enfonça dans une grande flaque de boue. Elle se retrouva plongée jusqu'à mi-mollet. Fort heureusement, elle n'avait pas avancé son second pied et resta debout sur une seule jambe, comme un flamand rose, pendant que le bus magique la laissait se débrouiller avec son petit problème.

Hé oui, forcément, c'est la seule flaque de boue sur 100 mètres, et ça doit tomber sur moi ! pensa Sarah en se maudissant.

Elle avait levé bien haut sa petite valise, posa doucement son second pied sur le sol ferme et tenta de se hisser hors de la boue. Elle entendit un gros bruit de succion qui entraînait sa bottine un peu plus vers le fond.

Non, pas ma chaussure, pas ma chaussure... et si, ma chaussure...

Elle se retrouva maintenant une jambe en l'air, sans soulier, et fulmina en silence afin de rester polie bien qu'elle fût seule devant la grande entrée.

- Mais quelle poisse ! s'écria-t-elle néanmoins, avec un accent très américain.

Elle déposa sa valise sur le sol et lança un accio chaussure mais le regretta presque aussitôt puisque la bottine se retrouva dans ses mains, pleine de boue, dégoulinante sur sa cape neuve.

Elle inspira trois grandes bouffées d'air pour se calmer comme lui avait appris sa grand-mère. Cela n'alla pas mieux mais elle savait que balancer sa chaussure dix mètres plus loin n'arrangerait pas ses soucis. Donc, elle se calma par dépit.

Elle nettoya sa chaussure, à l'extérieur, comme à l'intérieur, la sécha aussi car elle n'avait pas envie de se retrouver le pied mouillé. Et elle s'occupa ensuite de sa cape et de sa jambe. Quand elle fut satisfaite du résultat, elle remit son pied dans sa bottine. Au moins, le séchage avait réchauffé l'intérieur et elle n'avait plus froid.

Le froid... ce qu'elle maudissait le froid... Depuis qu'elle était arrivée en Grande-Bretagne trois jours plus tôt, elle ne pouvait déjà plus supporter ce temps pluvieux. Oh bien sûr, quand elle était partie, tout le monde l'avait avertie : "Il pleut toujours en Angleterre, tu vas voir", "C'est même pire en Ecosse !". Mais comme toujours, elle avait fait fi de ces paroles. Elle le regrettait aujourd'hui. Quand elle sentit un vent glacial traverser sa cape légère, elle frissonna.

Non, non, elle devait se reprendre. Le mauvais temps était loin d'être son plus gros problème. Sa grand-mère lui avait fortement conseillé de partir s'exiler quelques temps dans un pays lointain afin de faire oublier sa dernière grosse bavure.

Oui, mais si Judith n'avait pas dit à Mike de déplacer ce seau de peinture, et que Rob ne s'était pas avancé sur la scène et que Tara avait fait son job comme à son habitude, ou encore que Michelle n'avait pas donné son go, tout cela ne serait pas arrivé !

Elle avait essayé de se justifier avec cette excuse alambiquée mais bien sûr, personne ne l'avait comprise. Et l'erreur lui en était incombée... entièrement. Heureusement, cet "accident" n'avait pas traversé l'Atlantique et quelques jours après, sa grand-mère avait reçu un courrier salvateur de la part du professeur Slughorn, une très vieille connaissance.

Après sa dernière grosse boulette, elle avait dû démissionner d'Ilvermorny, la célèbre école américaine et allait commencer à chercher un nouveau travail lorsque sa grand-mère lui avait proposé de partir enseigner à Poudlard en tant que professeur de Potions.

Severus Rogue, un homme si charmantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant