Chapitre 11 : Expecto Patronum

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- Serre un peu plus ta baguette quand tu fais le mouvement Neville. Voilà, c'est bien comme ça. N'oubliez pas, plus votre souvenir vous a procuré un bonheur intense, plus votre patronus sera puissant.

Harry marchait entre les 8es années qui tentaient de produire un patronus. Ils avaient encore beaucoup de mal, même si cela faisait déjà presque un mois que les cours avaient repris et que Harry, responsable de la défense contre les forces du mal, s'était donné corps et âme pour apprendre ce sortilège complexe à ses amis. Il avait été tellement occupé ces derniers temps par le travail que, comme il l'avait espéré, il ne pensait presque plus à autre chose durant ses journées, et le soir, épuisé comme il l'était, il arrivait mieux à dormir, même si les cauchemars n'avaient pas arrêté de le réveiller en pleine nuit. Il voyait peu Ron en dehors des cours, car son ami passait ses week-ends au Pré-au-Lard à travailler, et que le reste du temps ils étaient souvent tous les 11 à travailler ensemble dans la salle commune. Harry était sûr que la plupart se réfugiaient dans le travail pour oublier, et que c'était la principale raison de leur présence à tous les 11 à l'école cette année. Dans d'aussi exceptionnelles circonstances, personne ne leur aurait exigé de posséder ses ASPICs pour pouvoir travailler, et Hermione avait reçu un hibou des jumelles Patil qui lui expliquaient qu'elles avaient pu trouver une place facilement à Sainte Mangouste, où elles étaient actuellement en formation pour devenir toutes les deux guérisseuses. Toujours est-il que l'ambiance dans la maison Dumbledore était, depuis un mois, au travail et toujours sérieux. Le silence de la salle commune était celui que tous attendaient le soir pour travailler, mais il était aussi rassurant. Harry appréciait vraiment la présence de ses amis, même s'ils ne se parlaient pas forcément. Ils avaient vécu des choses si profondes ensemble qu'ils avaient passé le stade de devoir parler pour se comprendre et se réconforter, et Harry comptait sur leur présence, mais aussi sur leur silence, et c'est ce qui lui permettait de lentement se relever. En plus de tout ça, il y avait Ginny, bien qu'ils se voyaient bien moins qu'Harry l'aurait voulu. Il était souvent en train de travailler, et elle, qui était la capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor, avait très souvent des entraînements avec son équipe. Ils ne se voyaient ni à table ni dans la salle commune vu qu'Harry n'était plus à Gryffondor et était tenu de respecter la neutralité de sa maison, et il voyait avec douleur la rousse s'éloigner petit à petit de lui. Il ne savait pas quoi faire mais il la sentait devenir presque une étrangère pour lui, indépendante et forte, mais Harry ne l'était pas. Il avait besoin d'elle pour avancer. Il avait besoin de l'avoir à ses côtés, avec son énergie, son enthousiasme, ses sourires, pour réapprendre à vivre. Elle possédait une force qu'il avait perdu, elle avait gardé cette étincelle de vie qu'Harry avait vu s'éteindre sous le souffle de la guerre. Il devait la voir ce soir-là au bord du lac, et il n'arrivait pas à en être heureux. Il sentait que ça ne se passait plus si bien entre eux, il sentait Ginny se détacher, et il avait peur. Peur de perdre ce qui le rattachait à la vie. Peur de perdre celle qui lui donnait envie de se lever le matin, et d'avancer.

Il secoua la tête pour sortir de ses pensées et revenir au cours sur les patronus. Il s'approcha de Drago, à l'écart du groupe, pour observer son patronus. Mais le serpentard ne lança rien avec sa baguette. Il regardait dans le vide, ses yeux rouges et humides fixés sur un point qu'Harry ne pouvait voir. Drago, autrefois si fier, n'était plus qu'un pâle fantôme de lui-même. Il avait passé tout le mois à l'écart de tous, Harry essayant de faire des efforts pour l'intégrer, mais les autres 8es années étaient trop rancuniers, alors le blond avait arrêté d'essayer de leur parler, et s'était mis de lui même encore plus à l'écart. Il n'avait bien évidemment pas arrêté de faire des remarques désagréables, mais c'était dans sa nature, pensa Harry, même s'il manquait vraiment de conviction quand il les disait. Drago ne bougeait toujours pas, ses doigts serrant si fort sa baguette que ses veines ressortaient.

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