Chapitre 6 - « Je veux seulement l'oublier... »

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Il était environ 6 heures du matin quand Michael s'était garé dans le parking désert d'un restaurant. Mais pas vraiment n'importe quel restaurant, un restaurant rétro, comme dans les années 50.
- Désolé pour l'effet un peu rétro, mais c'est tout ce qu'on peut trouver d'ouvert à cette heure. dit Michael avec un expression peinée.

Comment pouvait-il être triste à l'idée de m'emmener ici ? C'était le genre de restaurant où j'ai toujours rêvé de manger !

- C'est pas grave dis-je alors que nous entrions dans le restaurant.
- Les dames d'abord, dit-il en tenant la porte et s'inclinant légèrement. Je pouffais, ça lui allait plutôt bien le rôle de gentleman.

Le restaurant était superbe.
Les murs étaient peints en bleu pastel, les chaises étaient rouges ou vertes, des autocollants de slogans ou de marques étaient collés un peu partout dans la pièce et il y avait même un juke-box au fond de la salle. Je mourrais d'envie de me jeter dessus pour voir les chansons proposées, ça avait toujours été un de mes rêves de petite fille que de mettre en route une chanson dans un juke-box.
Je me retournai pour le proposer à Michael mais il était déjà devant la machine en train de lire les titres, manifestement aussi enthousiaste que moi. Je le rejoins très vite.
Mon excitation décupla dès que je lus les noms des plus grands sur le petit écran du jukebox
- Marilyn Monroe, Frank Sinatra, Grace Kelly, Vic Damone, Doris Day... ! Mon Dieu ! Il y a même Edith Piaf !

J'étais médusée, je m'attendais vraiment pas à trouver Edith Piaf dans un jukebox dans un petit restaurant rétro entre Atlanta et la Californie. Michael me dévisageait comme si j'étais un extraterrestre.

- Quoi... ? lui demandai-je inquiète.
- Rien... C'est juste la première fois que je croise une fille de mon âge qui connaît Edith Piaf. dit-il toujours avec cet air surpris.

Je souris en regardant le jukebox, j'avais oublié que Michael ignorait totalement le fait que j'avais passé la plus grande partie de ma vie à Paris. C'est impossible pour une jeune française de ne pas connaître au moins l'air d'une chanson d'Edith Piaf.

- Et qu'est-ce qui te dis que j'ai ton âge ? dis-je en me relevant et me dirigeant vers une table.
- Je sais pas... Tu as quel âge ?

Il m'avait suivi jusqu'à la chaise et s'assit en face de moi.

J'étais sur le point de répondre quand une serveuse arriva pour prendre nos commandes.
Elle était plutôt petite mais avait de jolies formes, ses yeux bleux étaient surmontés d'un joli trait d'eye liner et ses cheveux blonds retombaient en boucles volumineuses autour de son visage rond et aux traits fins caractéristiques des jeunes filles d'une vingtaine d'années. Elle me faisait vraiment penser au look pin-up de l'époque, c'était en parfait accord avec la décoration du restaurant.

- Bonjour, dit elle d'une voix douce mais légèrement suave, elle devait être une fumeuse occasionnelle, que puis-je vous servir ?
Je me tournai vers Michael, ne sachant pas trop quoi faire: je n'avais plus de nouvelles de mon porte-monnaie depuis cette fameuse nuit où Vin et Gary m'étaient tombés dessus.
Il lui décocha son fameux sourire mielleux qui me donnait parfois cette impression de fondre sur place: 
- On vous prendra un petit déjeuner. Un grand petit déjeuner. Avec des pancakes, du sirop d'érable, des oeufs, du bacon...
- Et du café, le coupai-je, une énorme cafetière remplie à ras bord de café bien noir, je n'ai pas eu une nuit complète depuis maintenant 3 jours.
La serveuse sourit pendant qu'elle notait toutes nos recommandations sur son petit carnet:
- Et bien en voilà une grosse faim. Je vous rammènes ça dans quelques minutes, mettez-vous à l'aise.

Elle s'éloigna de nous, passa derrière le comptoir et disparu de mon champ de vision.
Mon ventre fit un bruit phénoménal à la seconde où elle partit.
La dernière chose que j'avais mangé c'était des pâtes aux fromages et ça allait bientôt faire 12  heures que je n'avais rien avalé depuis.
Michael me regardait d'un air amusé, il mordillait l'extrémité d'une paille qu'il avait sorti du distributeur posé sur la table.

- Tu es sûr que tu pourras payer tout ça ? lui demandai-je assez inquiète à l'idée du prix du repas qu'il était sur le point de m'offrir.
Il haussa un sourcil :
- Moon, n'y pense même pas: c'est moi qui invite, c'est moi qui paye.
- De toute manière je ne risque pas de payer quoique se soit, Vin a gardé mon sac, et tout était dedans. Y compris mon porte-monnaie. soupirai-je.
Il pouffa et sortit de sa poche arrière un objet qu'il agita devant mon nez
- C'est de ça dont tu parles ? dit-il en agitant mon porte-monnaie devant mon visage.
Je le saisis vivement de ses mains, l'ouvrit et vérifiais que tout était encore à l'intérieur.
Quelle fut ma surprise quand je remarquai que c'était le cas !
- Où l'as tu trouvé ? lui demandai-je, complètement choquée.
Il me regardait en souriant  :
- J'ai pris ton sac avant que l'on quitte de manière aussi impolie Vin. Il est dans la voiture, tu iras le chercher après.

Il me fit un clin d'oeil. Je n'avais jamais vu un homme paraître aussi sexy rien qu'en faisant un clin d'oeil. Je lui rendis son sourire et fus immédiatement, une fois encore, plongée dans son regard. Ses pupilles étaient d'un brun foncé qui me rappelait la couleur du chocolat...
Mon Dieu qu'est-ce qu'il m'était aisé de me perdre dans ses yeux !
- Tu as vraiment un visage d'ange, murmura-t-il alors qu'il continuait de m'observer, un léger sourire sur les lèvres.

Je baissai vivement les yeux et souris alors que je sentais rapidement mon visage s'empourprer et que je le cachais entre mes mains. Voilà comment je réagis quand on me fait des compliments !

Il rit tandis qu'il percevait ma gêne :
- T'es encore plus mignonne quand tu rougis !
- Oh arrête ! dis-je alors que je sentais un fou rire m'envahir peu à peu. C'est incroyable de voir à quel point je me sentais bien à ses côtés maintenant. C'est sûrement parce que je n'avais plus l'impression qu'il me voulait du mal mais plutôt qu'il essayait de me protéger.

La serveuse revint vers nous les bras chargés de nourriture, des pancakes, du bacon, des oeufs brouillés, une énorme cafetière, du thé, quelques tranches de pain perdu, il y avait même deux grands verres de milkshakes au chocolat.

- Ouah, dis-je en admirant la table, on n'arrivera jamais à terminer tout ça seuls.
Michael acquiesça de la tête et passa pensivement sa langue sur ses lèvres.
- Vous avez déjà déjeuné ? demandais-je à la serveuse, un sourire sur les lèvres.
Elle me regarda légèrement décontenancée et secoua négativement sa tête. Je tirai une chaise vers elle et la poussais à s'asseoir.
- Venez manger avec nous, il y aura moins de choses à jeter après ça. dis-je toujours en lui souriant.

Elle me répondit avec un sourire chaleureux et se convia à notre table.
J'appris alors qu'elle s'appelait Tessie, qu'elle avait 23 ans et qu'elle était passionnée par les années 50, une passion qui lui vient de son père, mort il y a déjà quelques années et qui tenait avant ce restaurant. Depuis, elle en avait prit l'entière responsabilité.

- J'adore aussi la culture française, dit-elle , c'est pour ça qu'on peut écouter Edith Piaf sur le jukebox. Elle fixait Michael, décidément, il ne laissait aucune femme indifférente.
- J'adore cette chanteuse aussi, dis-je en faisant mine de ne pas voir le regard insistant qu'elle lançait à Michael. Je me retournai encore vers le jukebox, je voulais mettre Edith Piaf, juste par nostalgie.

Il devina mes intentions, il prit ma main et m'emmena jusqu'a devant la machine. Il plaça une pièce dans le jukebox et mit la fameuse chanson " Je ne veux pas travailler".

L'une de mes préférées.

Je souriais tandis que je prêtais attention aux paroles.
- Je ne sais pas trop ce que disent les paroles, mais cette chanson a l'air de te plaire. dit-il adossé à la machine.
- Une chanson sur une rupture à la française je crois bien. dis-je en rejoignant la table et en sirotant mon milkshake.

Je fermai les yeux et me laissais transporter par la voix d'Edith Piaf, et par mes souvenirs.

¤ ~ La Lune Resplendit ~ ∞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant