Chapitre 5 - Xscape...

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Il souriait.
Dans une attitude tout à fait désinvolte, comme si la situation était amusante.
Gary s'était retourné vers lui. Je ne voyais plus son visage, mais je savais qu'il était imprégné d'une haine violente.
Michael, quant à lui, continuait à sourire.
- Tiens, tiens, tiens. Michael, on parlait justement de toi.
- Uuh, et de quoi parliez-vous  ?
Il avançait, d'un pas agile mais très lent comme s'il dansait, les mains dans les poches et toujours avec le sourire.

« Mais c'est de la provocation pure et dure qu'il fait ! Il est devenu fou, il ne tient plus à la vie,c'est pas possible ! »

Gary le fixait, il était encore au-dessus de moi, et je le sentais bouillonner.
Si Michael ne se bougeait pas très vite, il allait finir avec une balle entre les deux yeux.

Aussitôt dit aussi tôt fait, Gary saisit son arme et visa Michael, le coup partit en un fragment de secondes et un cri m'échappa.
J'ignorais si c'était un cri de stupeur ou tout simplement la peur que Michael ne soit blessé. Gary se retourna vers moi et mit ses puissantes mains autour de ma gorge, tentant de m'étrangler. Je suffoquais, et essayai en vain de le pousser loin de moi, je sentais mon sang lentement mais sûrement quitter mon visage.
J'étais terrorisée, et perturbée : je ne savais toujours pas comment il allait, et je l'avoue, je m'en préoccupais.
Soudain je vis ma table de chevet s'ecraser sur le crâne de Gary, il cria, tomba sur le côté me permettant de me libérer, et perdit connaissance sur mon lit.
Son sang, mêlé à sa sueur, coulait sur mes draps.

Cette vision me dégoûta.

- Moon ! Reste pas plantée là !

Michael était essoufflé et de la sueur commençait à perler sur son front, mais il ne semblait pas blessé.

Dieu merci, il allait bien.

Je sortis de ma chambre, saisis mon sac et m'enfuis de mon appartement, derrière Michael qui me tenait encore la main.
Il me fit monter dans la voiture et la démarra au quart de tour. Encore une fois, il avait agi vite, et la minute suivante nous étions déjà sortis du parking.
Dans la voiture, j'observais MIchael.
Il semblait anxieux, je crois qu'il ne s'attendait pas à voir arriver Gary aussi vite.
Ses doigts tambourinaient  le volant et il mordillait nerveusement sa lèvre inférieure.
J'avais envie de lui parler, lui demander de m'expliquer, parce que même après autant de temps je n'avais toujours pas compris ce qui s'était passé dans ma vie pour que j'en arrive là, mais je sentais que le moment était mal choisi. Je préférais attendre qu'il se calme.

Je posai ma tête sur la vitre. Le contact frais de celle-ci contre mon visage m'apaisa instantanément. Les derniers événements avaient été tellement éprouvants qu'ils avaient provoqués chez moi une terrible migraine, je sentais les pulsations de mon coeur résonner dans mon crâne. Ma gorge me brûlait : c'était à force de crier. Je passais doucement mes doigts sur la base de mon cou. Les marques des mains de Gary commençaient à enfler et je savais que le lendemain je les trouverais violettes.
- Moon ?
La voix de Michael m'arracha de ma rêverie. Je relevai brusquement la tête.
- Tu te sens bien ? 
Je me retournais lentement vers Michael, il me fixait d'un regard vraiment inquiet. Je baissai vivement la tête.
- Oui ça va.
- Pourquoi tu ne veux pas me regarder ?

« Parce que tu as vraiment crû que j'allais bien ? »

- Rien. Je viens de me faire étrangler, mes yeux ont dû enfler.
Un silence prit place après que j'ai prononcé cette phrase. Je pensais vraiment qu'il allait me laisser tranquille. Qu'il ne chercherait pas à en savoir plus.
- Comment peux-tu savoir de quelle manière ton visage a réagi à l'étranglement alors que, je le sais, tu n'as pas eu le temps de te regarder dans un miroir ?
Mon sang se glaça dans mes veines et mon mal de tête s'intensifia. 

« Mais qu'est-ce que je suis bête... Je ne peux pas lui dire. Pas encore...»

- Je sais pas, c'est juste que j'ai cette sensation. dis-je essayant de rattraper ma précédente maladresse.
Il resta silencieux quelques minutes avant de soupirer longuement et dire  :
- On ne va pas pouvoir s'arrêter dans un hôtel ce soir. Gary ne va pas tarder à se réveiller, si ce n'est pas déjà le cas, et va se remettre à notre poursuite.
Je fixais toujours la route. Je sentais des larmes recommencer à couler sur mes joues.

« J'arrive toujours pas à croire ce qui m'arrive... J'arrive toujours pas à comprendre pourquoi ça m'est arrivé à moi. »

Il me regardait du coin de l'oeil, attendant que je réponde.
- D'accord finis-je par dire d'une voix brisée par mes sanglots qui étaient restés jusqu'à maintenant silencieux.
Je n'osais toujours pas le regarder. Je ne voulais pas qu'il voie à quel point je me sentais faible. Il ne comprendrait pas, peut-être même que ça pourrait l'énerver.
- Moon, arrête de pleurer s'il te plaît dit-il dans un murmure.

Rien que de l'entendre LUI me dire ça, me fit pleurer de plus belle.

Je le fixais, plongeant mon regard dans le sien pendant quelques secondes :
- Michael, comment veux-tu que je ne pleure pas ? En l'espace de trois jours, on a essayé de me tuer et de me violer à maintes reprises, et là je suis dans une voiture, avec un criminel, qui m'emmène Dieu sait où. Je ne suis pas allée au travail depuis 3 jours, ni à la fac, à l'heure qu'il est tout le monde dois s'inquiéter pour moi et je me dis qu'il y a de fortes chances que je ne les revoient jamais, et tu sais le pire dans tout ça Michael ? C'est que je n'ai rien fait pour mériter pour ça ! RIEN !  je pleurais tellement fort que ma voix se brisait à chaque mot que je prononçais, j'étais hors de moi, je ne contrôlais plus rien et surtout je sentais bien que mes nerfs lâchaient, il valait mieux que toute la frustration accumulée sorte avant que je ne devienne folle. 
Je cachais mon visage sur le siège et continuais à pleurer, mais cette fois ce n'étaient que de misérables sanglots. Michael ne disait toujours rien. De toute manière je ne cherchais pas à le faire réagir.

Soudain je sentis la voiture freiner violemment. Mon corps fut propulsé vers l'avant et je dus je plaquer mes mains sur le tableau de bord pour éviter que ma tête passe par le pare-brise.
Michael venait de garer la voiture, au beau milieu de nulle part.
Il sortit de la voiture, claquant la portière tellement fort que je crus que la vitre allait éclater. La seconde suivante, je le vis ouvrir ma portière, me sortir de la voiture et me plaquer contre la voiture.
Son visage était tellement près du mien que je pouvais sentir son souffle chaud et haletant sur mes lèvres. Ses yeux fixèrent les miens pendant plusieurs secondes, je restais là, devant lui, bouche bée.

Il prit une grande inspiration et se pencha encore plus vers moi, son nez n'était qu'à quelques millimètres du mien, puis il laissa parler sa colère, à son tour :
- Tu sais quoi Moon ? J'ai jamais voulu t'enlever. C'était pas mon but en arrivant ici. Mais le problème c'est que j'ai pas pu m'en empêcher, tu l'as dit toi-même, tu ne mérites pas ça. Ce que tu ne comprends pas encore, c'est que maintenant que Vin et sa petite bande t'ont dans le collimateur, tu ne seras plus jamais en sécurité. Ils vont te poursuivre, ils vont te trouver, te violer et après te tuer. Je n'ai pas encore compris pourquoi je t'ai sauvé, je me pose la question depuis que je t'ai sorti de cette petite cellule crasseuse, mais encore une fois quand Gary à essayer de te tuer, lquand j'ai vu ses mains autour de ton cou, je n'ai pas pu m'empêcher de recommencer.

Il reprit doucement sa respiration, plaça un doigt sous mon menton, m'obligeant à croiser une fois de plus son regard, ses yeux noisettes luisaient dans la lumière dorée du lampadaire au-dessus de nous :
- Mais je crois vraiment que ce qui m'a le plus perturbé, c'est que tu aies crié lorsque Gary m'a tiré dessus. Ne fais pas l'innocente Moon,je sais quel genre de cri c'était, et je sais que ce n'était pas un cri de surprise. Comment oses-tu te préoccuper de ma vie alors que je suis déjà en train de la risquer pour la tienne ? Je suis en danger de mort à cause de toi. Alors s'il te plaît, essaye au moins de te battre pour survivre. Que je n'ai pas l'impression de risquer ma vie pour rien.

Il se tut. Nous restâmes comme ça plusieurs minutes, lui collé à moi en train de reprendre sa respiration calmement et moi, toujours sous le choc.

Enfin il s'éloigna de moi.

- Monte dans la voiture, je t'emmène manger quelque chose.


¤ ~ La Lune Resplendit ~ ∞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant