Chapitre 8 - État de choc

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Pour moi, c'était comme si le temps s'était arrêté.

Il n'y avait plus rien autour de moi.

Je n'entendais plus Michael, tout était sombre et effrayant.

Une obscurité épaisse m'oppressait.

Je n'entendais plus que les battements frénétiques de mon pauvre coeur et ma respiration saccadée. Je ne contrôlais plus rien.
J'étais submergée par une peur immense. Je n'avais qu'une envie c'était de crier de me jeter contre la portière de la voiture, griffer la vitre avec mes ongles et m'enfuir, m'enfuir le plus loin possible, même si cela ne servait sûrement à rien, je n'étais plus en sécurité nulle part. 
Mais cela était impossible : mon corps ne me répondait plus.

Ce sentiment était horrible. Tellement horrible que j'aurais préféré mourir.

Doucement, je sentais que je revenais à moi. Michael m'appellait et plus les secondes passaient plus j'arrivais à percevoir le son de sa voix :
- Bon Dieu, Moon ! Répond-moi ! Je savais que je n'aurais jamais du te le dire ! Je le savais ! Moon !

J'ouvris les yeux. J'étais de nouveau dans la voiture, à côté de Michael, et j'étais accroupie sur le siège, la tête enfouie dans les genoux.
Je tremblais, enfin trembler n'était pas vraiment le mot, on aurait dit que j'étais en train de convulser.
Mon rythme cardiaque ne s'était pas encore calmé. J'avais besoin de m'apaiser.
- Michael, gare toi. lui soufflai-je difficilement.

Chaque mot me privait d'oxygène. Je n'arrivais plus à respirer convenablement et parler me demandait un effort incroyable.

- Moon ? Est-ce que ça va ?
Je sentais l'inquiétude dans sa voix. Il ne pouvait pas savoir l'inquiétude qui m'habitait actuellement, moi-même.
- S'il te plaît... murmurai-je.
Il finit par accepter et gara la voiture dans une petite station-service.
Je sortis immédiatement de la voiture, Michael cria mon nom, mais il n'avait pas besoin de s'inquiéter, je ne comptais pas m'enfuir, pas maintenant.

L'air frais contre mon visage et dans mes poumons me rassura immédiatement. Mais il ne suffit pas à complètement calmer mon pauvre coeur, qui continuait encore à battre à un rythme effréné.
Je m'assis sur le sol et levai la tête pour regarder le ciel. Il était d'un bleu roi splendide. La lune était encore visible, elle était d'un blanc éclatant, les étoiles brillaient autour d'elle. Le tableau qui se dressait devant moi était magnifique, mais plus j'arrivais à reprendre mes esprits, plus je sentais qu'un flot de pensées négatives se déferlaient en moi et me déstabilisais encore plus que je ne l'étais déjà.

« Non.
Non, ce n'est pas possible.
Ce genre de choses ne peut pas m'arriver à moi, c'est inconcevable, non.
Mais pourquoi ?
Pourquoi est-ce que ça doit arriver à moi, dites-moi pourquoi. Seigneur, qu'ai-je fait pour mériter pareil traitement ? Je suis loin de chez moi, de ma famille et je suis poursuivi par un gang de proxénètes qui veulent me vendre à des gens qui vont m'utiliser comme un vulgaire objet.
Dites-moi que c'est un cauchemar.
Dites-moi que je rêve et que je vais bientôt me réveiller... »

Et soudain, un sentiment étrange se propagea en moi : un sentiment de détresse et d'abandon total. Je n'arrivais plus à garder mon sang-froid.
Des larmes chaudes, presque brûlantes, coulèrent sur mes joues, mais au lieu de les essuyer, je me mis à sangloter.

Cela faisait très longtemps que je n'avais pas pleuré, et me voilà, dans un parking désert, assise à même le sol, pleurant d'une telle puissance que mes propres larmes me faisaient suffoquer. 

Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, à répandre mes larmes sur le goudron. Plusieurs minutes m'ont été nécessaires pour que je m'arrête, et que je remette à respirer correctement.
Je relevai la tête, et vis Michael assit devant moi.

Son visage semblait imprégné d'angoisse. Je me rappelai le moment où il m'avait vue convulser sur le siège dans la voiture et je frissonnai rien qu'à imaginer la scène.
Je pris deux longues inspirations. J'allais mieux, mais pas vraiment bien.
- Moon, est-ce que ça va aller ?
Je hochai de la tête. Il se leva et me tendit la main.
- Bon viens, je pense que tu as besoin de marcher un peu.
Je le regardais, méfiante. Il devina mes pensées :
- Ne t'inquiètes pas je ne te ferais rien.

De toute manière, mon sort m'importait peu à cet instant. Je saisis sa paume et me relevai. Bizarrement je tenais assez bien sur mes jambes. Michael gardait ma main dans la sienne et nous marchâmes quelques minutes.
Le fait de bouger me mit un peu plus à l'aise.

- Tu m'as vraiment poussé à bout Moon. Sérieusement, c'est vraiment fourbe d'énerver les gens pour les manipuler et soutirer les informations dont tu as besoin. En plus ça ne t'apporte aucun avantage. T'as vu dans quel état ça t'as mis ? J'ai vraiment cru que tu étais en train d'avoir une crise cardiaque !

Je baissais les yeux et observais mes bottes. Je n'avais pas envie de me confronter à son regard.

Il s'arrêta, se mit devant moi, souleva légèrement mon menton, me poussant à le regarder dans les yeux.
- Moon. Si je t'ai kidnappé, c'est premièrement parce que le gang de Vin s'immisce dans mes affaires et qu'ils ont besoin d'une bonne leçon, mais surtout parce que je pense que tu seras plus en sécurité avec moi, qu'avec qui que se soit d'autres. Je ne cherche pas à me vanter en te disant ça. Alors, comprends bien que tant que tu seras sous ma responsabilité, ils ne te feront rien.

J'ignore pourquoi j'ai ressenti le besoin immense de l'enlacer à cet instant. Peut-être un simple besoin de réconfort.
Mais dès qu'il eût fini sa phrase, je me jettai sur lui et le serrai contre moi.

Je sentis bien vite ses bras m'entourer à leurs tours.

- Merci. lui dis-je
- Ce n'est rien. Bon, on devrait peut-être se remettre en route.

J'acquiesçai.
Je crois que ce qui me dérangeait le plus maintenant, c'est que je ne devais plus m'enfuir pour me libérer de l'emprise d'une seule personne, mais m'enfuir pour me libérer de l'emprise d'une personne, tout son gang, et en plus d'un réseau de trafiquants d'êtres humains. Alors autant rester avec Michael.

Il me laissa m'asseoir sur mon siège, puis s'adossa sur la portière.
De nouveau, son petit sourire espiègle apparut sur son visage tandis qu'il m'examinait du regard.
- Et là, à quoi est-ce que tu penses Michael ? lui demandai-je avec un regard questionneur.
- Je me disais qu'il y avait aussi une autre raison pour laquelle je t'avais kidnappé.
- Laquelle ?

Il se pencha vers moi, arrêtant son visage à quelques centimètres du mien.
Il se mordit la lèvre inférieure et son regard me parcourut de haut en bas:
- Disons que tu es vraiment pas mal, physiquement parlant.

Je levai les yeux au ciel avec une mine desesperée alors qu'il s'esclaffait.

- C'est pas vraiment le bon moment pour me draguer, Michael. Attends au moins que je ne sois plus ta prisonnière.
- Bah quoi, je peux tout de même essayer !

Il pouffa et ferma ma portière, pour faire le tour de la voiture et s'asseoir sur le siège du conducteur.
Je souriais.
Je ne pensais pas pouvoir sourire dans un moment semblable, mais cet idiot avait un don pour me faire rire.
La voiture démarra et bientôt j'étais complètement détendue.

La présence de Michael me rassurait, ça peut paraître étrange vu les circonstances, mais j'étais vraiment heureuse de le savoir dans les parages. Je laissais mes yeux parcourir le paysage.
Mes paupières s'alourdissaient de seconde en seconde, et très vite je me sentis sombrer dans un long et profond sommeil.

¤ ~ La Lune Resplendit ~ ∞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant