¤ ~ La Lune Resplendit ~ ∞

Chapitre 7 - Do you know where your children are ?

Tessie semblait être au comble du bonheur.

Après le petit déjeuner elle refusa que Michael la paye et nous a même donné deux parts de cheesecake avec un peu de café.
- C'est pour que vous n'ayez pas trop faim sur la route, dit-elle avant de nous faire un clin d'oeil.
Nous la remerciâmes chaleureusement, cette fille était vraiment adorable, elle nous laissa son numéro de téléphone:
- Au cas où vous reveniez dans le coin : je veux absolument savoir quand vous êtes dans les alentours !

Je souris. Je savais que c'était plutôt à Michael qu'elle disait ça, je ne suis pas sûr qu'elle aurait agi de la même manière si j'avais été la seule au restaurant ce matin-là.

Michael se leva, remercia encore une fois Tessie et me dit qu'il allait démarrer la voiture.
Je me levai à mon tour pour le rejoindre mais je sentis Tessie me tirer en arrière elle avait besoin de me parler.
- En voilà un très bel homme... dit-elle avec un petit sourire narquois tandis qu'il sortait du restaurant.
Je ne put retenir un léger rire. 
« Ah. J''aurais pu parier qu'elle allait me parler de lui. »
- Je suppose oui, dis-je en observant le sol.

Je relevai la tête vers elle. Elle souriait comme jamais. Comme si elle voyait dans la situation quelque chose de particulièrement hilarant. Quelque chose bien entendu que je n'arrivais pas à percevoir.
- Tu t'es enfui avec lui, pas vrai ?
Mes yeux s'écarquillèrent. 
- C'est pas un gars vraiment recommandable et il doit s'enfuir donc du coup tu as décidé de sauver votre amour et tu le suis.
- Tessie, on n'est pas en couple. Michael c'est mon... mon...

Je ne savais pas qui il était pour moi en réalité. Comment appelons-nous l'homme qui vous a sauvé de vos agresseurs pour prendre leur place parce qu'il veut vous protéger ?

- C'est dommage, dit-elle avec une mine boudeuse, vous feriez un superbe couple.
- C'est loin d'être dans nos projets. bredouillai-je

Je triturais nerveusement mes cheveux, un tic que j'ai depuis toute petite. Je fais surtout ça quand je me sens mal-à-l'aise et à ce stade de la conversation que j'avais avec Tessie, j'étais presque inquiète.

- Alors laisse-le-moi, dit-elle en riant.
Je me joins à son rire. Un rire nerveux certes. Mais un rire quand même. Puis je regardai encore vers la vitrine. Michael attendait devant le restaurant.
Il était temps d'écourter la conversation.
J'enlaçais amicalement ma nouvelle amie.
- Fais attention à toi Moon, et le laisse pas s'en aller, il a l'air de vraiment t'apprécier.

« Elle ne le connaît pas. Moi et Michael, en couple, c'est impossible. Mais autant la laisser croire ce qu'elle veut. »

Je lui souris et courus rejoindre Michael dans la voiture. Lorsque je montais, il me regarda le sourire aux lèvres :
- Vous en avez mis du temps ! De quoi vous parliez ?
- Des trucs de filles Michael, ça ne te regarde pas.
Il rit quelques secondes puis il se remit à mordiller ses lèvres et fixer pensivement la route.
Je n'étais pas la seule à avoir des tics.
Il pensait à quelque chose de vraiment amusant, vu l'air rieur qu'avait pris son visage.
- À quoi tu penses ? demandai-je en me mettant de profil pour mieux le voir.
- À la manière dont tu as rougi lorsque je t'ai fait remarquer que tu avais un visage d'ange.

Je me retournais lentement pour faire face à la route.
La scène se reproduit dans ma tête.
Et là j'avais tous les détails, la façon dont il me regardait, la chaleur de sa respiration contre mon visage, et la façon dont il me l'avait dit.
Une fois de plus je sentis mes joues s'enflammer.

- Oui exactement celle-là ! dit Michael en recommençant à rire, comme plus tôt au restaurant.
Je cachais mon visage dans mes mains et me mis à rire aussi, trouvant la situation tellement cocasse.

Mais même si l'ambiance et l'atmosphère entre nous c'était incroyablement détendue depuis la dernière fois que l'on s'était disputé, j'avais quelque chose en tête. Je me posais énormément de question et vu la situation, seul lui pouvait y répondre.
Alors lorsque nous nous arrêtâmes de rire, je décidais de lancer le sujet qui fâche :
- Michael ?
- Oui Moon ?

Il me regardait, toujours souriant.
Il était tellement beau comme ça, lorsque son visage était lumineux et joyeux. Je n'avais vraiment pas envie de le voir s'énerver.
Mais je n'avais pas le choix.

- Dis-moi, pourquoi est-ce que Vin et Gary m'ont enlevé ?

J'avais vu juste. Dès que je prononçai cette phrase, le visage de Michael devint plus dur et ses mains se resserrèrent sur le volant tellement brusquement que ses phalanges devinrent blanches.
Il prit une longue inspiration.

- Je ne sais pas. grommela-t-il entre ses dents, en vérité ça m'intéresserait pas de le savoir, et sérieusement je pense que tu devrais penser pareil.

« D'accord donc il essaye de me protéger de la vérité. Mais j'ai vraiment envie de savoir alors tant pis, je vais être obligée de le pousser à bout. J'espère que ça ne le rendra pas violent. »

- Michael... Ne me prend pas pour une idiote je sais qu'il y a une raison et je sais que tu la connais. J'étais pas la première qu'ils enlevaient pas vrai ?
- Moon. Je vais pas me répéter je t'ai dit que je ne savais pas et que je ne voulais pas savoir.
Je le sentais vraiment enervé cette fois. Depuis qu'on avait commencé cette conversation, je l'entendais grogner. Oui, vraiment : grogner.
- Michael arrête ton cinéma ! C'est bon je suis une grande fille ! Tu peux me dire la vérité. J'estime que je suis en droit de savoir.

Soudain il posa son attention sur moi.
Ses yeux étaient durs comme de l'acier, et son regard incroyablement sec.
Rien à voir avec le Michael qui me comparait à un ange quelques minutes plus tôt. Ma respiration devint saccadée, j'étais assalli par la frayeur.  

- Et moi, j'estime que je ne suis pas en droit de te ruiner psychologiquement. Moon , crois-moi tu ne veux PAS savoir ce qu'ils voulaient tu ne veux pas savoir ce qu'ils ont fait et tu veux encore moins savoir ce qu'ils ont l'intention de faire. Alors maintenant laisse-moi te sortir de ce pétrin une bonne fois pour toutes. Tu vas arrêter de te poser des questions et tu vas me laisser faire ou sinon...
- Ou sinon quoi Michael ? Tu vas me violer ? M'étrangler comme Gary ou Vin ont tenté de le faire ?

Il se tut et je voyais sa mâchoire se contracter violemment. J'étais en train de le mettre hors de lui et ça me plaisait vraiment pas de l'énerver comme je le faisais. Je devais intensifier ma pression sur ses points faibles et ça me faisait vraiment mal de devoir en arriver là. Mais Michael ne me laissait pas le choix.

- Violer ou tuer une femme à mains nues se serait m'abaisser à un niveau aussi minable que le leur. J'ai déjà tué des personnes, mais je l'ai toujours fait quand aucune autre situation n'était envisageable. Pas comme eux. Eux ils le font pour s'amuser.
Un long silence suivit sa phrase.
- Michael... Est-ce que tu penses à la possibilité de tuer Vin et sa bande ?
Il hocha gravement la tête tout en se mordillant les lèvres :
- S'ils ne s'arrêtent pas, je serais obligé d'en arriver à les tuer. Ils ne me laissent pas le choix.
- Pourquoi tu ne les laisses pas me tuer ? Après tout tu risques plus en les tuant qu'en me laissant mourir.
Il ricana :
- T'es vraiment trop naïve. Sérieusement si leur seul but était de te tuer, on en serait pas là. Mais le problème c'est que leurs projets vont beaucoup plus loin. Et ça c'est quelque chose que tu ignores et je compte bien te laisser dans l'ignorance sur ce point-là.

« Bon ça y est j'e n'en peux plus. S'il a un truc à me dire qu'il me le dise tout de suite parce que je suis à bout de forces, je vais craquer. »

- Bon sang Michael ! Dis-moi c'est quoi leur fichu projet avec moi à la fin : j'en ai marre ! Tu me surprotège comme si j'étais ton enfant. Dis-moi ! Je mérite de le savoir ! Alors dis-moi !

Il craqua.

Je l'avais poussé à bout.

- ILS FONT DU TRAFIC D'ESCLAVES . cria-t-il.

Je sentis mon coeur s'arrêter de battre.

- Ils tiennent un fichu réseau de trafic d'êtres humains. Depuis le début Moon, ils veulent t'enlever pour te ramener en Europe de l'Est et t'obliger à te prostituer pour gagner du fric, parce qu'ils te surveillent depuis 2 mois et ils savent que t'as pas de famille ici ! Voilà ce qu'ils veulent bordel ! T'es contente ?

«  Non...

... je suis loin d'être contente à vrai dire...

... Je crois que...

... Je suis terrorisée...

   Oui.

Là, maintenant, tout de suite,

je suis morte de peur.... »